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Que cache la « stabilité financière » tant invoquée ?

A mesure des flambées boursières, l’on sent monter une préoccupation des banques centrales qui semblent progressivement privilégier la « stabilité financière » qu’ils appellent de leurs vœux. Au détriment de la lutte contre le chômage et contre les poussées inflationnistes qui devraient être et rester leurs seules priorités. De fait, les analystes et autres macro économistes semblent abonder dans le sens des banques centrales, arguant du fait que notre bonheur et notre prospérité découlent de cette stabilité conjoncturelle, alors que le mandat d’un établissement comme la Réserve fédérale US stipule sans équivoque ses tâches et ses devoirs consistant à promouvoir l’emploi tout en ayant l’inflation sous contrôle. Pourtant, une banque centrale ne devrait en aucun cas négliger son combat contre le chômage au profit de la quête fantasmagorique de stabilité financière et, ce, tant que les pressions inflationnistes ne posent pas de problème. Tout comme une banque centrale ne devrait pas, dans un contexte d’inflation basse et de quasi-plein emploi, délibérément créer une récession dans le but de stabiliser les paramètres financiers. Car seuls des taux d’intérêt élevés sont susceptibles de nuire à la croissance et de coûter des emplois.


Michel Santi
Michel Santi
Ne serait-il pas autrement plus judicieux de combattre la formation des bulles spéculatives ainsi que les excès de la finance grâce au levier de la régulation ? A cet égard, l’analogie avec les problématiques (justifiées) liées au réchauffement climatique est éclairante. En effet, c’est exactement comme si l’on s’employait à engendrer sciemment une récession…sous le prétexte fallacieux que seule une décrue de l’activité économique permettrait de limiter les émissions de carbone ! Pourquoi miser sur la destruction de valeur pour sauver la planète, et pourquoi sacrifier l’emploi sur l’autel de la stabilité financière ? Quand il est si simple de mettre en place une batterie de taxation pour décourager la consommation excessive d’énergie, et que le contexte macro économique est susceptible d’être rasséréné grâce au levier du contrôle et de la régulation. Pour autant, et à mesure de la création monétaire américaine et (plus récemment) japonaise, les mauvaises augures tombent d’accord avec les ayatollahs de l’orthodoxie pour stigmatiser (voire pour se déchaîner) contre une politique monétaire qu’ils qualifient d’abusives et qui, à les entendre, dégénèrera très prochainement en une instabilité des paramètres financiers.

Comme l’hyper inflation maintes fois annoncée par eux ne s’est pas concrétisée, cette nouvelle terminologie invoquant une instabilité – inévitable du fait de l’activation des planches à billet US et nippone – n’est en réalité qu’une parade de leur part destinée à condamner les agissements de certaines banques centrales qui s’avèrent plus soucieuses de leur croissance intérieure que de la défense de leurs rentiers. Comment leur expliquer une fois pour toutes que seules des variables volatiles génératrices d’incertitude combinées au manque de confiance en nos banques centrales et en nos dirigeants économiques sécrètent l’instabilité financière ? Et comment, dans un souci de prouver qu’elles sont bien aux commandes, peut-on blâmer des banques centrales qui font preuve de détermination, voire d’inventivité, dans le cadre de leur mission ? Alors que nombre d’observateurs et d’économistes chevronnés n’ont de cesse de discréditer le Président de la Réserve fédérale Ben Bernanke. Comment ne pas lui accorder d’avoir efficacement stabilisé son économie et encouragé sa croissance en rassurant les intervenants et les marchés sur des baisses de taux quantitatives qui ne cesseront que dès lors que le taux de chômage n’aura pas atteint 6.5% dans un contexte d’inflation inférieur à 2.5% ?

Si une banque centrale – fût-elle celle du plus puissant pays du monde – est incapable de prévoir l’avenir, elle est toutefois en mesure de poser des jalons, de mettre en place des garde-fous, d’offrir des perspectives concrètes et chiffrées, qui redonneront confiance aux acteurs de l’économie. Ce faisant, la Fed indique clairement qu’elle ne remontera certainement pas ses taux si, par exemple, son taux de chômage atteint 6.7% avec une inflation à 2%. Si la préoccupation du « mainstream » est bien la stabilité financière, qu’il se rassure car seule la démonstration sans équivoque qu’un capitaine est bel et bien à la barre est à même de préserver l’activité. Tout comme, à l’inverse, une politique confuse et sans cap est sûre de saper confiance et croissance.

Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Vendredi 31 Mai 2013




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