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Prospect Magazine et George W Bush

De retour d’un merveilleux séjour alpin chez des amis, je réalise concrètement, en lisant les nouvelles, que George Walker Bush n’est plus président. Il est entré à la Maison Blanche lorsque je ne connaissais pas encore ma femme, qui m’est tout désormais.


David Laufer
David Laufer
En janvier 2001, j’avais quelques illusions en plus, quelques kilos en moins et conservais le vif souvenir de ma récente visite au sommet du World Trade Center de New York. J’avais surtout été impressionné par le magnifique lobby et ses fenêtres à hautes ogives de métal, superbe œuvre d’architecture contemporaine dont les restes calcinés pourrissent aujourd’hui sur un terrain vague protégé du New Jersey, non loin de l’aéroport de Newark.

Ces huit années de l’ère Bush sont maintenant mises dans des boîtes, étiquetées, consignées, et, pour le moment, complètement éclipsées par l’irruption providentielle de leur contraire presque absolu : un président jeune, beau, noir, démocrate, articulé et bien entouré. De sexe masculin, intelligent, charismatique, Bush l’est également, à des degrés divers, mais il serait surprenant de lui nier ces attributs. Pour l’instant, ce n’est pas de lui qu’il est question mais de l’autre, auquel revient la tâche prométhéenne de renverser la tendance et de réparer des dégâts innombrables que la précédente administration laisse dans son sillage. Pourtant, Bush et ses acolytes ne peuvent plus rien faire, de bien ou de mal, et on peut maintenant commencer à regarder, sans espoir de retournement soudain, l’œuvre par eux accomplie.

C’est l’exercice auquel se plie Edward Luttwak, éditorialiste américain, dans Prospect Magazine. Mais dès le titre, le ton est donné et ne laisse plus aucun doute sur l’issue du papier. « A Truman for Our Times », ou « Un Truman pour notre temps », est une longue analyse, qui date de quelques mois déjà et qui érige Bush en rien de moins qu’en héros incompris, en stratège suprêmement intelligent. Outre qu’il est beaucoup, beaucoup trop tôt pour se laisser aller à de telles comparaisons et que Truman n’est de loin pas universellement considéré comme un génie, Luttwak demeurera celui qui affirmait, en août dernier, qu’Obama serait vu comme apostat par le monde musulman parce que musulman de père. C’est là que l’analyse tourne à l’hagiographie, et que Luttwak perd toute crédibilité sur un sujet qui offre à ma plume une friche fertile aussi vaste que le Texas.

Il y a le 11-Septembre. Tout commence et tout s’arrête là en ce qui concerne George W Bush. L’économie est une catastrophe bien sûr, mais il en porte la responsabilité autant que Clinton, Bush senior et surtout Reagan. Pour l’effondrement des institutions intérieures, pareil. Pour la perte de confiance en la fonction présidentielle et en la politique d’une manière générale, pareil. Seul le 11-Septembre aura vraiment façonné l’ère Bush en lui offrant deux guerres, la redéfinition des libertés civiles, une thématique universelle et increvable, et une nouvelle politique étrangère. Mais avant tout, le 11-Septembre aura créé deux camps irrédentistes et passionnés : les conspirationnistes, ceux pour lesquels ce qu’on a vu n’est pas ce qu’on a vu et qui pensent que la réalité n’est pas celle que l’on voit et que l'on touche, et les autres. Je fais résolument partie des autres, et même si je ne vais évidemment pas en parler ce soir, je voudrais proposer un constat.

George W Bush se retire sur un bilan globalement catastrophique, et je ne crois pas que tous les Luttwak du monde y changeront quoi que ce soit. Ce bilan est lourd de statistiques humaines et financières, chiffrées, documentées et froides comme une crosse de 9mm. Le bilan le plus sombre d’entre tous, je crois, concerne précisément le 11-Septembre et ses conséquences. Aujourd’hui, plus de la moitié des Américains pensent que ce qui s’est passé ce jour-là est une conspiration, que la version officielle est un vaste mensonge. Comme d’ailleurs presque autant d’Américains pensent que l’homme n’est jamais allé sur la lune. En Europe, je ne crois pas que les chiffres soient beaucoup plus réjouissants. Ainsi, non seulement Bush et ses sbires ne seront pas parvenus à empêcher la mort atroce de milliers d’innocents par la main de fous furieux, encore auront-ils permis, par leurs mensonges répétés, leur arrogance, leur infini cynisme, que ces morts soient presque vaines.

Il est formidable de constater, plus de cent ans après les faits, qu’il existe encore aujourd’hui des gens convaincus de la culpabilité d’Alfred Dreyfus. Qu’en dépit des évidences, des historiens patentés et, grâce à eux, des gens par milliers discutent de la réalité des camps d’extermination nazis, ou du massacre de Srebrenica. George W Bush porte une responsabilité historique dans la poussée – ce virus ne meurt jamais – de cette fièvre collective qui précède trop souvent les déchaînements de violence. Une fièvre qui aveugle les foules et leur fait voir du noir là où il y a du blanc, quelque chose là où il n’y a rien, et rien où il y a quelque chose. A force de mentir, de dissimuler, de tordre le cou à la réalité, George W Bush sera non seulement parvenu à perdre toute crédibilité, encore aura-t-il fait perdre son crédit à la vérité elle-même. Et ce qui surgit à la place de la vérité lorsqu’on l’étouffe, c'est cette vague conception, tiède et douce comme un beignet, mais plus virulente et mortelle que la peste bubonique, qu’on appelle le bon sens.

David Laufer
Partenaire expert CFO-news

www.cfo-news.com/index.php?action=annuaire&subaction=enter&id_annuaire=17005

Mardi 27 Janvier 2009




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