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Pourquoi nous avons choisi Madoff (2).

Les associés de Genevalor racontent leur relation d’affaires avec Bernard Madoff. Aujourd’hui la mission et les rémunérations.


Pourquoi nous avons choisi Madoff (2).
«J’ai rencontré Bernard Madoff entre 30 et 35 fois». Des premiers contacts au début des années 1990 à la révélation de la fraude le 11 décembre 2008, les associés de Genevalor Alberto et Stéphane Benbassat racontent leur relation d’affaires avec Bernard Madoff. Comment ils ont sélectionné Madoff pour l’exécution de sa stratégie. Comment se sont déroulées toutes ces années de relations d’affaires. Comment ils poursuivent actuellement leurs actions pour récupérer des actifs dans le cadre de la liquidation de la faillite de Bernard Madoff Investment Securities (BMIS).

«Madoff ne versait pas de rétrocessions »
En 1992, un fonds de fonds à compartiment, Hermès International Fund, est créé par quatre sociétés de gestion, dont Genevalor, pour servir leur clientèle sous mandat. Hermès procède à une sélection de hedge funds ou de groupes financiers appelés à entrer dans la composition initiale.

Pour Hermès Neutral, un compartiment dont l’objectif était d’avoir des performances aussi peu corrélées que possible à l’évolution des marchés, il est décidé d’allouer une portion du portefeuille à la stratégie exécutée par Bernard Madoff. D’environ quarante millions de francs à l’origine, les actifs sous gestion ont progressé de manière substantielle durant les années 1990, pour atteindre près d’un milliard à la fin de la décennie.

Hermès n’étant pas enregistré en Suisse, il n’était accessible aux investisseurs suisses qu’à travers des mandats discrétionnaires. Suite aux résultats satisfaisants de la stratégie «Madoff», le fondateur de Genevalor, Mario Benbassat (le père des associés Alberto et Stéphane), décide de créer une structure permettant de la distribuer en Suisse. Après avoir hésité entre le Luxembourg et l’Irlande, les dirigeants de Genevalor créent un fonds en Irlande en 1996 : Thema International Fund, plc. Là aussi, le succès ne tarde pas, avec des actifs sous gestion qui culminent à près d’un milliard de francs dès 2004.
Le 11 décembre 2008, les actifs sous gestion s’élevaient à plus de 1,1 milliard de dollars.

La mission confiée à Madoff
«Madoff était chargé de l’exécution de la stratégie qu’il avait mise au point; les avoirs étaient déposés auprès de HSBC Irlande, qui utilisait Madoff comme sous-dépositaire. La direction du fonds, dont nous faisons partie, recevait des rapports des différents fournisseurs de service : la banque dépositaire (tous les quinze jours pour la valeur nette d’inventaire, puis des rapports trimestriels complets), l’auditeur (l’un des Big Four) et le gérant», expliquent Alberto et Stéphane Benbassat.

La stratégie d’investissement de Thema était définie par des conditions cadres proposées par Madoff. Officiellement, l’univers d’investissement devait être constitué de 40 à 50 titres du S&P 100, l’indice des cent plus grandes sociétés cotées aux Etats-Unis. Le panier de titres sélectionnés devait être très fortement corrélé à l’indice et protégé à la baisse par l’achat simultané d’options put sur l’indice, pour une valeur sousjacente équivalente à celle du portefeuille. Le prix d’exercice ne devait pas être inférieur de plus de 5% au cours de l’indice au moment de l’achat des puts.

Théoriquement, le portefeuille pouvait donc baisser de 5% au maximum si le prix des options n’avait pas augmenté entre-temps. En réalité, si une baisse intervenait, la valeur des puts augmentait et la baisse restait inférieure à 5%. La stratégie impliquait également la vente de calls, pour diminuer le coût d’achat des puts. Une stratégie ni très nouvelle – elle était utilisée par Fairfield notamment, un autre fonds «Madoff» – ni très opaque, contrairement à la perception générale, précisent les dirigeants de Genevalor.

Les rémunérations
«Madoff ne versait pas de rétrocession, car il n’était pas gérant de fonds. Il se rémunérait exclusivement sur les frais de courtage et prétendait gagner l’équivalent de 1 et 4% des actifs par an, selon le volume de courtage », poursuivent-ils. Il affirmait ne pas vouloir s’occuper de la relation client, pour se concentrer exclusivement sur la stratégie. Raison pour laquelle il n’avait jamais créé ses propres fonds de placement.

N’ayant pas de fonds, Madoff n’a jamais pratiqué de rétrocessions, insistent les frères Benbassat, balayant une idée largement présente, au moins au début de l’affaire. Les frais de gestion facturés par le fonds Thema s’élevaient à 1,5% par an, en plus des frais liés à la banque dépositaire, aux audits, etc. (au total, environ 0,5% de plus).

«La rentabilité brut réelle était bien moindre, car les commissions étaient partagées avec les investisseurs institutionnels et autres apporteurs d’affaire, ce qui divisait au moins par deux les commissions touchées par le fonds». Autre fausse vérité : Thema n’était pas un feeder fund, puisque Madoff n’était pas un fond. Des «feeder funds» existaient: ceux qui investissaient dans les fonds «Madoff».

Sébastien Ruche

Prochain épisode : Le suivi de la stratégie et les worst case scenario

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Lundi 13 Décembre 2010




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