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Pourquoi nous avons choisi Madoff (1)

«J’ai rencontré Bernard Madoff entre 30 et 35 fois». Des premiers contacts dans les années 1990 à la révélation de la fraude le 11 décembre 2008, les associés de Genevalor racontent leur relation d’affaires avec Bernard Madoff.


Pourquoi nous avons choisi Madoff (1)
Comment ils ont sélectionné Madoff pour l’exécution de sa stratégie. Comment se sont déroulées toutes ces années de relations d’affaires. Comment ils poursuivent actuellement leurs actions pour récupérer des actifs dans le cadre de la liquidation de la faillite de Bernard Madoff Investment Securities (BMIS). «J’ai rencontré Bernard Madoff entre 30 et 35 fois; mon frère Stéphane 10 fois et notre père à plus de 30 occasions», explique Alberto Benbassat, associé de la société de gestion genevoise.

Les raisons du choix
«Cela peut paraître surprenant vu les événements, mais notre premier critère a toujours été l’intégrité. Et Madoff a passé le test facilement. D’autres hedge funds se montraient arrogants ou refusaient d’expliquer leur stratégie ou même de nous recevoir. Certains demandaient de déposer au moins 20 millions de dollars, alors que nous voulions commencer avec 5 millions, par exemple.

Dans le contexte général des hedge funds du début des années 1990, des fonds étaient simplement fermés ou peu enclins à accueillir de nouveaux investisseurs; les gérants étaient arrogants à cause du succès. Ce genre d’attitude était très courant aux Etats-Unis particulièrement, au Royaume-Uni ou en Asie dans une moindre mesure».

Célèbre pour son culte du secret, «Madoff était plus transparent que d’autres grands acteurs de l’alternatif que nous avions rencontrés à l’époque». La performance a bien sûr joué un rôle dans la sélection de BMIS : «Parmi la multitude de gérants que nous avons évalués et/ou rencontrés à l’époque, Madoff était celui dont les résultats étaient les plus satisfaisants ».

Ses pires résultats supposés s’étaient produits durant le krach de 1987, avec une performance de - 5 ou -6%, qui avait été suivie par +5% ou +6% le mois suivant, se souviennent les associés.

Une communication très poussée
«Nous échangions des coups de téléphones tous les deux - trois mois. Madoff montrait toujours une disponibilité exemplaire, en prenant nos appels où qu’il se trouve ou alors il rappelait dans les cinq minutes». Il se montrait toujours très professionnel, mais il ne fallait pas l’interrompre. Il acceptait toutes les questions, mais il ne fallait pas le contredire.

Les Benbassat se souviennent des tics du personnage, qui «clignait beaucoup des yeux et évitait souvent de regarder ses interlocuteurs dans les yeux». «Il donnait l’impression d’être en contrôle de ses activités, d’être assidu au travail – peut-être était-ce le signe d’une anxiété ? – et très professionnel. Il répondait toujours précisément à nos questions».

«Nous recevions un rapport de la banque dépositaire toutes les deux semaines. Ils se sont révélés des faux, mais il faut avoir à l’esprit que les autres groupes américains n’envoyaient pas de rapports, ne laissaient pas voir le portefeuille, ou alors sous une forme tellement complexe qu’il était difficile de s’en faire une idée.» Madoff envoyait des relevés de comptes, mais qui contenaient des erreurs, comme le révèle l’action civile déposée lundi par le liquidateur Irving Picard. «Nous pouvions voir les positions, les transactions. Tout était facile à comprendre: 40 à 50 titres de blue chips, avec des puts et des calls. Sauf que tout était faux…» Jusqu’où allait exactement cette transparence de Madoff ?

«Il a toujours refusé par exemple de nous expliquer comment il déterminait le timing d’entrée et sortie de la stratégie - «mes outils analytiques sont mon fonds de commerce, disait-il» - il n’empêche qu’en matière de transparence, il allait beaucoup plus loin que beaucoup d’autres».

Sébastien Ruche

Episode suivant : La mission confiée à Madoff et les fausses vérités sur les rémunérations.

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Jeudi 9 Décembre 2010




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