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Plein emploi ou stabilité financière ?

Mais où est l’hyperinflation ? Je veux dire celle prévue depuis des années par les détracteurs acharnés de la Réserve fédérale américaine n’ayant eu cesse de stigmatiser sa création monétaire depuis 2008. Car, reconnaissons-le – et qu’ils l’admettent enfin ! – le taux d’inflation aux Etats-Unis (mais également au sein de nos nations occidentales) reste solidement ancré en-dessous du palier de 2%. Tandis que toutes les statistiques et que les rendements des Bons du Trésor sur toutes les périodes ne démontrent pas le commencement d’une crainte inflationniste à long terme de la part des marchés comme des analystes financiers. En dépit d’un quadruplement du bilan de la Fed entre 2007 et aujourd’hui, puisque celui-ci est en effet passé de 870 milliards à 3.35 trillions de dollars sur cette période ! Comment expliquer aux angoissés de l’inflation que leurs craintes ne sauraient se matérialiser tant que la consommation reste à des niveaux dignes d’une récession ?


Michel Santi
Michel Santi
Toute l’agressivité de la politique monétaire US et toute la détermination des baisses de taux quantitatives de la Fed ne suffisent ainsi pas à relancer la consommation, ni à promouvoir des anticipations inflationnistes qui se seraient pourtant révélées précieuses pour la reprise de l’activité. Il n’a donc jamais été si compliqué pour la Fed de relancer une inflation qui semblait pourtant être la conséquence logique d’un tel volontarisme et d’une telle augmentation de la surface de son bilan. Une création monétaire d’une telle ampleur conjuguée à un effondrement des taux d’intérêts sur le long terme devraient néanmoins – en tout cas en théorie – avoir un impact favorable et indiscutable sur toute la palette des marchés et des intervenants. C’est d’abord tous les secteurs d’activité vivant et se développant grâce au crédit qui devraient prospérer et exercer une pression ascendante sur les prix. L’un des objectifs fondamentaux de la Fed dans le cadre de sa création intensive de monnaie n’est-il pas d’encourager les banques à multiplier les opérations de financements destinées aux acteurs (privés et entreprises) de l’économie avec, à la clé, le rétablissement d’une consommation de croisière ?

Pourtant, les prix des biens de consommation comme de ceux à la production restent statiques, par la faute de banques qui préfèrent nettement amasser et gonfler leurs réserves que d’en faire bénéficier citoyens et entreprises. Comment s’étonner en effet d’une demande agrégée qui se maintient à des niveaux dignes d’une récession quand les réserves bancaires américaines (pour ne citer qu’elles) bondissent de pratiquement zéro en 2007 à 1.75 trillions de dollars aujourd’hui ? Annulant et neutralisant ainsi l’ensemble des efforts de la Réserve fédérale dont le but premier est précisément d’injecter des liquidités dans le système bancaire dont les financements sont supposés procurer une bouffée d’oxygène à un secteur privé sinistré par près de six ans de crise. C’est donc du fait d’une demande en berne et d’une inflation à des niveaux qui n’autorisent aucune stimulation de l’économie que le taux de chômage est élevé – voire franchement désastreux – dans nombre de pays occidentaux.

Pourquoi les responsables américains et européens ne démontrent-ils pas la même détermination à résorber le chômage qu’à sauver les banques ? Quand ces dernières étaient menacées de faillite, ou qu’elles étaient simplement en grande difficulté, nos autorités avaient pourtant volé à leur secours et n’avaient pas lésiné devant les moyens en faisant souvent appel à des procédés inédits. La lutte contre le chômage et la régression de la précarité ne méritent-elles pas autant de respect, de détermination et d’inventivité que le renflouement des institutions financières ? Pourquoi en effet ne pas taxer les établissements financiers qui préfèrent accumuler des réserves excessives au lieu d’en faire bénéficier l’économie réelle ? Pourquoi nos responsables politiques et économiques ne font-ils pas preuve d’une ténacité à lutter contre le chômage équivalente à leurs énergies déployées à sauver les banques ?

Pourquoi s’obstinent-ils à privilégier la sacro-saint « stabilité financière » au détriment d’un chômage dont on n’arrête pas de nous expliquer qu’il est « structurel » par ci, inévitable du fait de la mondialisation par là, ou encore qu’il doit être sacrifié au nom du dogme de la compétitivité ? Pourquoi ne pas prendre au sérieux les conséquences (humaines mais aussi économiques) du chômage et, ce, tout autant que les risques associés au retour de l’inflation ou des crises financières ? Pourquoi les politiques, les économistes, bref : toute la panoplie des « gens sérieux » ne sont-ils nullement concernés par les taux dramatiques du chômage de nos nations développées alors qu’ils dissertent continuellement sur les risques des baisses de taux quantitatives des banques centrales ?

Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Vendredi 21 Juin 2013




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