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Peut on imaginer une Finance durable ?

La Finance durable. La crise du système financier international, ou plutôt son explosion exige bien plus que l’extinction de l’incendie – à supposer qu’elle soit possible- comme l’a rappelé ce week-end Dominique Strauss Kahn. Si nous avions besoin d'expliquer ce qui signifie un développement non soutenable non durable, l'analyse de la faillite d'un système à laquelle nous assistons en serait un exemple parfait. Court- termisme, cupidité liée à l'absence de toute responsabilité, perte de toute référence à une finalité autre que le profit instantané, déconnexion à l'égard de l'économie réelle et des effets immédiats et futurs de ses propres actes….


Peut on imaginer une Finance durable ?
Le » Allo, l'État bobo » qui apparaît comme étant aujourd'hui la seule réponse que le système financier américain, mais plus largement sans doute, ait trouvé à ses turpitudes, appelle évidemment une remise à plat .Certains représentants du monde de la finance tentent d'ores et déjà de le limiter à des codes de bonne conduite internes et à des modifications à la marge des règles prudentielles, lorsqu'il ne s'agit pas d'imaginer les plus-values qui pourront être constituées en rachetant à très bas prix les entreprises grâce aux liquidités injectées par les Etats ou les banques centrales.

Les contribuables ne pourront évidemment se contenter de ce genre de solutions et ce d'autant moins que la crise financière provoquant une crise économique, les salariés -- consommateurs -- contribuables vont triplement payer les folies d'un monde qui s'est cru sans limites et au-dessus des lois. Du .reste, le monde politique y compris les plus grands thuriféraires du libéralisme ne s'y est pas trompé en fustigeant « les responsables » comme si les défenseurs du système, n y'avaient pas leur propre part de responsabilité. Espérons que effectivement une partie au moins des milliards prélevés par le monde de la finance, à son propre bénéfice en particulier individuel pourra être renversé au pot commun, lorsque des infractions pourront être constatées , et ce, dans un but dissuasif. La justice américaine a, du reste déjà commencé.

Mais au-delà, la question se pose de savoir si dans le cadre de la crise systémique globale que nous subissons, il est possible de définir ce que serait une finance durable. Quatre noms paraissent constituer des pistes prometteuses :

- la confiance : elle est au coeur de la finance. C'est précisément la perte de confiance qui est à l'origine de l'explosion du système. Or, non seulement les banquiers ont perdu confiance entre eux, mais la société dans son ensemble a perdu confiance dans le système financier. La durabilité commence par la pérennité, donc la confiance dans la durée. C’est le rapport au temps qui doit changer, à commencer par la modification de l’actualisation et de l’appréciation du risque. C’est le contrôle exercé sur le système qui doit changer, par une réelle transparence notamment sur les profits dégagés, un contrôle des risques et de leur couverture, voire davantage.

- l'utilité : l'utilité de la finance ne se trouve pas dans la spéculation dans le financement de l'économie réelle. À l’heure où l'économie mondiale se trouve confrontée à une crise écologique et alimentaire sans précédent, où elle doit financer la construction d'un nouveau système qui est celui de l'après-pétrole, où les inégalités entre pays riches et pauvres et à l'intérieur de chacun des pays n'ont cessé de s'accroître, l'utilité du système financier doit être définie comme l'organisation du financement une transformation du monde dans lequel se joue sa survie. Au cours de ces dernières années, le système financier a joué au moins autant contre l'économie réelle que pour elle, et très certainement contre le progrès social défini comme un meilleur accès du plus grand nombre à des conditions de vie décentes. La finance casino permet à quelques uns de gagner mais au plus grands nombre de perdre. Un nouveau contrat doit être dressé par les sociétés avec le système financier pour que celui-ci tourne pour l'économie réelle et non pour générer du profit sur son dos. La finance ne s'intégrera dans la durabilité que pour autant elle se donnera cet objectif. À défaut,il lui sera imposé par ses créanciers c'est-à-dire les états , c’est-à-dire les citoyens.

- la responsabilité : aucune catégorie de la société ne peut prétendre à l'irresponsabilité. Au contraire, plus les profits sont grands, plus les responsabilités doivent l’être. On peut parfaitement admettre que les contribuables mettent la main au porte-monnaie pour sauver le système compte tenu des répercussions économiques et sociales qu'aurait son explosion totale. On ne peut en revanche admettre, ni pour le passé et encore moins pour l'avenir que le système dans son ensemble et les individus qui l'animent ne porte pas la part de leurs responsabilités. Cela implique une refonte totale du mode de rémunération de la finance, à commencer par le commissionnement totalement déconnecté des risques et les conséquences engendrées par l'opération financée. La conséquence de l’irresponsabilité folle du système doit être la suppression de tous les mécanismes qui l’ont permises

- l’éthique. Sans doute , nos auditeurs considéreront ils qu’éthique et finance sont inconciliables. Paradis fiscaux, commissions en tous genres, corruption et trafics, mafias de tout poil ne sont possibles que grâce à l’opacité financière. Les Etats auront comme première charge de s’assurer et justifier que les liquidités colossales –dont on ne trouve pas le dixième lorsqu’il faut remplir les objectifs du millenium - ne se retrouvent pas dans des profits réalisés sur de bonnes affaires ou ne sont pas détournées. Ce travail permettra peut être d'atteindre un certain nombre des objectifs défendus par transparency internationale pour réduire un des cancers des sociétés contemporaines : la corruption. Plus largement, certaines opérations dont les conséquences sociales sont inacceptables devront être régulé voire interdites : LBO ou spéculation sur le marché des matières premières alimentaires par exemple .

La cure, confiance, utilité, responsabilité, éthique permettrait d'imaginer une finance soutenable. Mais, imaginer n’est rien et la finance n’est qu’un outil au service du développement humain. C’est donc avant tout celui-ci qu’il convient de redéfinir

Par Corinne Lepage
Tribune France-Culture du 29 septembre

Lundi 13 Octobre 2008




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