Perception par les citoyens du rôle des entreprises

Indice de maturité de la performance responsable emploi : le rôle des entreprises est perçu très favorablement par les citoyens en France, au Royaume-Uni et en Italie.


Laurent Leloup
Performance économique et Responsabilité sont désormais totalement indissociables et convergentes pour l’opinion publique, si l’on se réfère aux résultats de l’Observatoire International de la Performance Responsable réalisé en France, au Royaume-Uni et en Italie. C’est au Royaume-Uni que l’Indice de Maturité de Performance Responsable (IMPR) est le plus élevé (2,9 sur une échelle de -10 à +10), suivi de l’Italie (2,8) et de la France (2,1).

Porté par des institutions de tout premier plan (présentées ci-dessous) et piloté par Capitalcom, cet indice inédit traduit la perception - par la société civile - de la capacité de l’entreprise à créer de la valeur durable à la fois pour elle-même et pour son écosystème (emploi, mutations technologiques, développement des territoires, équilibre vie professionnelle/vie personnelle, protection de l’environnement, lutte contre la discrimination, lutte contre l’exclusion et lutte contre la corruption).

C’est sur l’emploi que la contribution des entreprises est à la fois la plus reconnue et la plus attendue (« IMPR Emploi » supérieur à 5 dans les trois pays, cf. graphe p.3). C’est aussi le seul thème sur lequel la création de valeur est perçue – d’ores et déjà – de façon équilibrée entre les entreprises et la société civile, dans les trois pays.

Trois tendances majeures :
1. Performance économique et Responsabilité sont désormais indissociables et convergentes
2. L’emploi : un enjeu de tout premier plan
3. La santé et les biens de consommation : deux secteurs qui se démarquent


1. Performance économique et Responsabilité sont désormais indissociables et convergentes

Constat inattendu dans un environnement en profonde mutation, marqué notamment par des ruptures technologiques et la persistance d’incertitudes politiques et économiques, la contribution des engagements sociaux, sociétaux et environnementaux à la performance économique des entreprises et à leur écosystème apparaît comme une évidence pour l’opinion publique. Résultat d’autant plus surprenant que cette perception est clairement affichée dans chacun des trois pays : c’est ce qui ressort des indices de maturité en France, au Royaume-Uni et en Italie, compris entre 2 et 3, sur une échelle allant de -10 à 10.

Les citoyens des 3 pays expriment tous des attentes très fortes à l’égard des entreprises : l’indice de maturité attendu (cf graphe ci-dessous) est ainsi supérieur à 6 dans les trois pays, atteignant 7,9 en Italie.


Cela étant, pour l’opinion publique, les engagements sociaux, sociétaux et environnementaux profitent aujourd’hui davantage à la performance économique des entreprises qu’à leur écosystème. Mais cette perception pourrait évoluer si les entreprises se tiennent à l’écoute du grand public qui souhaite que ces engagements bénéficient de façon plus équilibrée – et à plus grande échelle – à la fois à l’entreprise et à l’ensemble de ses parties prenantes. Cette forte aspiration des citoyens à une création de valeur plus partagée souligne, selon eux, le nécessaire renforcement de l’ancrage des entreprises dans l’écosystème pour accroitre leur performance.

2. L’emploi : un enjeu de tout premier plan

L’emploi, puis les mutations technologiques et le développement des territoires constituent les 3 thèmes prioritaires des sondés en matière de performance responsable, mettant ainsi en exergue le rôle social, sociétal et territorial des entreprises.


L’ « IMPR emploi » le plus attendu se situe en Italie (8,6), suivi de la France (7,9) et enfin, au Royaume-Uni (7,3). Pour autant, il n’est pas à son maximum, ce qui sous-tend que les citoyens de ces 3 pays considèrent que la responsabilité de cet enjeu majeur doit être partagée avec d’autres acteurs.

La lutte contre la corruption cristallise le plus d’interrogations, voire de suspicions. C’est en France que la performance des entreprises sur cette thématique est jugée le plus sévèrement, affichant un IMPR légèrement négatif (-0,3). Ce résultat s’inscrit ainsi en totale cohérence avec le classement 2013 de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International, qui – plaçant la France en 22ème position – souligne les progrès qu’il lui reste à faire. Sur ce thème, et dans une moindre mesure sur la protection de l’environnement, on enregistre le décalage le plus important avec les attentes du grand public, dénotant ainsi une forte marge de progression.

Enfin, la lutte contre l’exclusion recueille des attentes plus faibles dans les trois pays étudiés, surtout en France, confirmant ainsi les résultats de la 1ère édition de l’Observatoire : les entreprises sont attendues en priorité sur des enjeux en prise directe avec leur activité.

3. La santé et les biens de consommation : deux secteurs qui se démarquent

L’Observatoire fait également apparaître des points de convergence entre les trois pays dans la perception des secteurs d’activité : la santé constitue le secteur le mieux référencé, suivie par les technologies de l’information/télécommunications et l’énergie – les deux premiers étant également les secteurs les plus en phase avec les attentes du grand public.

A l’inverse, la finance est un secteur moins bien perçu et moins attendu en matière de performance responsable. Ceci renforce la nécessité d’accélérer les actions dans ce domaine.

Si le secteur des biens de consommation est le plus attendu dans les trois pays, c’est aussi celui où les pratiques sont jugées les plus éloignées des attentes.


Notons, à titre d’information, que le secteur des biens de consommation – le plus attendu par le grand public – est celui qui a connu la meilleure performance boursière en France et la 2ème plus forte évolution en Italie, sur les 5 dernières années. A contrario, dans ces deux pays, la finance affiche la performance boursière la plus faible sur la même durée.

Méthodologie
Enquête quantitative réalisée en France, en Italie et au Royaume-Uni, auprès d’échantillons représentatifs de la population française (1002 répondants), italienne (1017) et britannique (1004) âgée de 18 ans et plus. Les échantillons ont été constitués selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, de régions et d’âges dans les 3 pays, ainsi que de catégorie socioprofessionnelle en France. Les échantillons ont été interrogés par voie électronique, du 13 au 22 novembre 2013.
L’Indice de Maturité de la Performance Responsable (IMPR) agrège l’empreinte RSE des entreprises à leur performance économique et aux grands enjeux de société, selon une approche sectorielle, aujourd’hui et dans un monde « idéal ».


Laurent Leloup

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Jeudi 19 Décembre 2013


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