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Passer la seconde : Emissions obligataires des PME/ETI

Le Centre des Professions Financière (1) organisait une conférence sur le financement de l'économie et les émissions obligataires des PME / ETI. Bonne nouvelle : il semblerait qu'un frémissement soit perceptible et que l'Etat, les banques et les grands corporates ne soient plus les seuls à pouvoir placer de la dette sur le marché. Dans ces temps de frilosité bancaire sur ce qui est leur métier traditionnel, que ce soit sous contrainte réglementaire ou pour des causes moins avouables, cette substitution semble logique. Voici les quelques idées qui m'ont inspiré de vous infliger mes quelques réflexions et interrogations.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
La logique des banques :
L'octroi d'un crédit à une PME pour une voiture de fonction ne pose pas de problème, mais pour recruter un vendeur, ce n'est pas possible. Pourtant, la probabilité de création de valeur directe par le vendeur est supérieure à celle de la voiture de fonction. La logique de la valeur de l'actif sous-jacent qui garantirait le financier perdure et prévaut, quand bien même le seul paramètre important devrait rester la capacité de générer un cash-flow positif. L’inertie …

Les grands corporates financés par les petits :
Un grand corporate imbu de sa taille va payer son fournisseur PME/ETI à 45 jours mais exiger de lui un paiement comptant pour ne pas s'exposer à un risque de ducroire du fait de sa taille insuffisante. La doxa du « too big to fail » continue de polluer les esprits et les comportements, avec son pseudo-corollaire implicite et tout aussi idiot « too small to survive ». Asymétrie habituelle dans ce pays où « big is beautiful ».

Le risque :
Bien sûr que le sinistre maximum possible d'un produit obligataire est élevé par rapport à sa rémunération et au rang du créancier obligataire en cas de sinistre. Bien évidement la probabilité de défaut n'est jamais nulle. C'est pour cela que la conversion peut être une prime attractive pour l'investisseur et une façon de parvenir ex ante à une situation gagnant-gagnant. Mais c’est la vraie vie qui décide s’il y a des gagnants ou des perdants, et l’ADN de l’épargne ne comporte pas moins de risque (= opportunité + menace) que celui de l’entreprise …

La liquidité, les coûts et le réglementaire :
Les institutionnels ont de la visibilité sur les horizons de sortie de leurs ayants-droit, sont des professionnels informés de ce que les produits obligataires sont plutôt du type « buy and hold » mais sont réticents à investir sur des petites émissions à cause de la liquidité que seules les émissions de grande taille offrent à leurs yeux. Est-ce une question incongrue de supposer que l'exigence de liquidité pour ce type d'investissement ne doit pas être absolue et comparable, du fait de la très faible proportion que chaque ligne prendra dans leurs portefeuilles ? L'atomisation des positions me semble palier à la faible liquidité.
Au taux d'intérêt s'ajoute les autres coûts (notation, listing, émission, etc …) amortissables sur des montants limités qui en font un endettement plus cher que celui de la banque. Donc la banque reste plus efficiente pour transformer de l'épargne en prêt. Sachant que ce marché est d'une grande sélectivité et que les émetteurs d'aujourd'hui sont sans doute bancables, il doit s'agir d'une volonté d'émancipation volontariste de leur part. Merci à ces précurseurs qui ouvrent le marché.
La contrainte réglementaire est-elle adaptée à ces petites émissions ? Franchement, je n'en ai pas la moindre idée, mais je conçois que cela puisse être considéré comme un frein. Une seule certitude : il y aura des partisans de chaque côté du curseur pour le pousser soit dans le sens de la protection de l'épargne, soit dans le sens de l'allègement des contraintes.

Les investisseurs et la distribution :
Les banques ne se bousculent pas pour placer la dette auprès de leurs clients. Je ne les ai pas interrogées, mais je peux imaginer deux raisons : d'abord, ne pas se tirer dans le pied (une émission obligataire de plus, c'est un prêt bancaire de moins) ; et ensuite c'est la solution de facilité (je ne peux pas être blâmé d'avoir vendu de l'EDF à mon client, mêmes si ça paye moins que la PME que seuls des initiés connaissent). Si les investisseurs sont des particuliers, du fait de l’inappétence des institutionnels, et que leur canal de distribution « naturel » est réticent à promouvoir ce type de produit, quel est son avenir, sinon de rester marginal ? J’espère que je me trompe, mais un bon produit qui n’est pas distribué est un échec …

Petite conclusion : ce n'est pas demain la veille que nous aurons un marché obligataire des PME / ETI aussi développé qu'aux Etats-Unis. Pourtant cette substitution du marché aux banques me semble aller dans le sens de l'histoire. Au travail et soyons ouverts, patients et déterminés. Et merci au Centre des Professions Financières pour son invitation.

(1) www.professionsfinancieres.com/


Vendredi 8 Février 2013




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