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Olivier Bonnet Analyste ISR chez Vigeo

Vigéo : «Nous évaluons les entreprises sur leurs données extra-financières»


Pourriez-vous présenter votre activité au sein de Vigeo ?

Olivier Bonnet
Olivier Bonnet
Je suis analyste au sein du département de Recherche en Investissement Socialement Responsable (ISR). L’équipe à laquelle j’appartiens évalue les performances des entreprises en matière environnementale, sociale et de gouvernance, c’est-à-dire sur ses données extra-financières.

Notre grille d’analyse est adossée à des objectifs de responsabilité sociale de portée universelle définis par l’Organisation des Nations Unies (ONU), l'Organisation Internationale du Travail (OIT) ou l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Dans le cadre du processus d’analyse, nous subdivisons notre évaluation en 6 domaines : les Ressources Humaines, les Droits Humains, l’Environnement, le Comportement sur les marchés, la Gouvernance d’entreprise et l'Engagement Sociétal.

L’évaluation des entreprises se fait pour le compte d'investisseurs et gestionnaires d’actifs -nos clients- qui considèrent que les indicateurs financiers traditionnels ne reflètent pas de manière exhaustive les différents risques auxquels une entreprise est sujette. Il s’agit d’actifs qui ne relèvent pas de la performance économique mais davantage de l’image, de sa capacité d’innovation, de sa capacité à attirer les talents.

C'est ce que l'on appelle communément le capital immatériel.

Avez-vous construit une cartographie des actifs immatériels ?

Plutôt qu'une cartographie des actifs immatériels, nous avons développé une cartographie des risques associés (ou corollaires) du degré d’engagement en responsabilité sociale de chaque entreprise. Le postulat étant qu’une performance extra-financière positive réduit le degré d’exposition aux risques de responsabilité sociale. Nous avons identifié 6 types de risques dont le risque de transparence, de réputation et de cohésion ou de capital humain.

Pour Vigeo, la responsabilité sociale est l'engagement à prendre en compte les intérêts, les attentes et les droits fondamentaux des parties prenantes et à rendre compte des performances, des avancées et des difficultés. Si l’on regarde le risque de transparence, il s’agira par exemple de la faculté de diffuser de l’information ne résultant pas uniquement d’obligations légales. L'absence d'information sera considérée par Vigeo comme un élément d’information traduisant un manque de transparence. Dans ce cas de figure, si l'organisme ne communique pas, il est en zone de risque.

Quant au risque de cohésion ou de capital humain, il concerne la cohérence des relations de travail, l’attraction, le maintien et l’amélioration des compétences, ainsi que le renforcement de la culture et des valeurs d’entreprise. Il est transversal à tous les domaines, mais il est associé plus particulièrement aux ressources humaines et aux droits humains.

En ressources humaines, nous évaluons la faculté à améliorer de façon continue la qualité des relations sociales, des conditions d’emploi, et des conditions de travail. En droits humains, nous mesurons l’engagement à promouvoir et prévenir les violations des droits humains fondamentaux, dans la société, mais aussi au sein de l’entreprise. Les enjeux couverts seront alors le respect de la liberté d’association et du droit à la négociation collective, la prévention des discriminations, et l’élimination des formes de travail forcé.

Enfin, le risque de réputation est transversal à tous les domaines d'analyses de Vigeo. Le risque de réputation décrit tout ce qui peut affecter l'image de l’entreprise, son acceptabilité sociale.

Préconisez-vous des «bonnes pratiques» pour prévenir ces risques ?

Non, Vigeo n’est pas un organisme de conseil. Notre rôle est de faire un état des lieux de la performance des entreprises d’un même secteur. Par contre, nous listons les bonnes pratiques au sein de nos études sectorielles et nous faisons le lien avec les risques de responsabilité sociale associés.

Par exemple, une entreprise ayant mis en place des systèmes managériaux visant à anticiper ses besoins en compétences, maîtrise mieux les risques résultant d’une éventuelle restructuration.

Comment chez Vigeo, sont valorisés les partenariats entre les entreprises et les associations ?
Le dialogue de l’entreprise avec ses parties prenantes, parmi lesquelles les associations, est valorisé dans tous les domaines que nous analysons. En revanche, la collaboration avec des associations dans le cadre de projets visant à promouvoir des causes d’intérêt général est analysée de façon plus spécifique dans le domaine de l’Engagement sociétal.

Dans ce domaine, nous analysons également l’engagement de l’entreprise à promouvoir le développement économique et local, et à maîtriser l’impact sociétal de ses produits et services.

Quels sont vos méthodes de quantification ?

Pour chaque critère de responsabilité sociale, Vigeo évalue la performance de l’entreprise selon 3 dimensions : la pertinence des politiques, la cohérence du déploiement, et enfin l'efficacité des résultats, cette dernière étant évaluée notamment au travers de critères quantitatifs.

En matière de pertinence des politiques, nous accordons beaucoup d'importance à leur «visibilité» et leur «contenu». La formalisation d’un code de conduite est un exemple. S’il est accessible par les salariés et que ses objectifs sont clairs et quantifiables, alors ces éléments sont valorisés par Vigeo. Le «portage» des politiques quant à lui est primordial. En effet, l'efficacité d'une politique sera très différente selon que sa responsabilité en incombe à la direction générale ou bien au management local.

En matière de déploiement et de matérialité des mesures, la couverture doit être exhaustive en termes d'enjeux mais aussi en termes de diffusion géographique. Par exemple, la gestion des carrières est incomplète si, malgré un excellent système d'évaluation, aucun programme de formation n'est disponible ou bien si ces programmes ne concernent que quelques pays alors que l'organisme jouit d'une implantation mondiale.

L’appréciation par Vigeo des différentes dimensions de l’engagement en responsabilité sociale de l’entreprise est issue de l’analyse des documents publics de l’entreprise mais aussi d’une étroite collaboration avec les managers de l’entreprise, ainsi qu’avec ses parties prenantes au titre desquels les syndicats, les associations et les ONG.

Chaque critère se verra attribuer une note, en valeur absolue de 0 à 100. Ces notes seront ensuite consolidées au niveau du domaine, par exemple, les Ressources Humaines. Enfin, la performance de l’entreprise sera positionnée au regard des autres entreprises de son secteur, pour obtenir un rating, allant de - - à ++ (inférieur à la moyenne du secteur, dans la moyenne et supérieur à la moyenne du secteur).

Propos recueillis par les étudiants du projet collectif «Tribune Sciences-Po de l’économie de l’immatériel».
Avec l'aimable autorisation de Easy Bourse

Mardi 2 Décembre 2008




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