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ONG, Multinationales, et les États

Les relations entre les ONG et les Multinationales ne sont pas simples. Elles peuvent être difficiles, tendues, conflictuelles ; en tout état de cause, elles ne sont pas toujours exemptes d’ambigüités, de malentendus, voire d’arrière-pensées. Force est de constater que, de part et d’autre, on ne parle pas le même langage, loin s’en faut.


Constant Calvo
Constant Calvo
On a l’impression que leurs relations fonctionnent un peu comme celles qu’entretiennent dans les pays démocratiques le mouvement politique au pouvoir avec le parti d’opposition. On se défie et se méfie, on s’observe et se marque, on guette la faute ; on s’affronte ou fait mine de s’affronter, on provoque ou simule la provocation, on attaque ou feint d’attaquer, afin de mesurer les forces réelles de l’adversaire et sa capacité à gérer la pression et le stress ; on cherche du mieux qu’on peut à anticiper les événements, et on élabore des scénarios de crise dans le but de s’y préparer.

Il arrive en politique intérieure, dans les heures graves ou supposées telles, lorsque la nation est en danger, que l’union l’emporte, fût-elle pour une courte durée. Même dans ces conditions extrêmes, pourtant, chacun veille à pas perdre sa lucidité, c’est-à-dire ses objectifs ; chacun retrouvant vite son credo, son identité, ses valeurs et ses intérêts propres.

Au niveau international, on aimerait afin de promouvoir le développement durable et d’influencer les comportements sociaux et environnementaux des multinationales, que cette belle unanimité puisse se réaliser.

Plutôt que l’opposition frontale et systématique aux Multinationales, certaines ONG ont décidé qu’il était préférable de développer des stratégies à géométrie variable, selon les circonstances et les entreprises concernées, pouvant aller de la signature d’une pétition orchestrée et relayée par le web et les médias sociaux, à l’établissement d’un dialogue constructif, en passant par la mise en demeure et le boycott des produits ou services.

Il existe également des « partenariats » entre certaines ONG et Multinationales. Bien que ces dernières soient quelquefois soupçonnées d’utiliser ces partenariats pour véhiculer une meilleure image auprès de leurs parties prenantes privilégiée, parmi lesquelles leurs actionnaires et consommateurs, et les ONG accusées de pécher par naïveté.

Les entreprises ont compris que les ONG avaient acquis une forte expertise notamment en termes politiques, juridiques et financières, ainsi qu’une notoriété et une audience considérables et que, par conséquent, leur capacité à nuire était loin d’être négligeable.

Les ONG se donnent globalement pour mission de lutter contre « les crimes économiques », entendons par là d’une part les atteintes aux droits humains et les dommages environnementaux perpétrés par les acteurs économiques et, d’autre part, les flux financiers illicites en provenance des pays en développement.

L’Association française Sherpa par exemple, très proactive, qui souhaite voir réguler les activités des Multinationales ou Entreprises Transnationales (ETN), a édité en décembre 2010 un catalogue de 46 propositions regroupées en 5 grands chapitres de la gouvernance mondiale: écologie et gestion de la planète ; économie et globalisation ; gouvernance politique, systèmes étatiques et institutions ; Paix, sécurité et conflits armé ; connaissance, science, éducation, société de l’information et la communication.

Dans le texte de présentation de ce catalogue, l’Association Sherpa exprime ses intentions et les raisons qui sous-tendent son initiative en écrivant notamment ceci : « Dans l’incertitude qui caractérise le devenir de nos sociétés, la redéfinition du rôle des entreprises transnationales au sein de la communauté internationale est devenue l’une des questions centrales. (…). Nous prenons le parti didactique de présenter le sujet de l’entreprise transnationale (ETN) et de la régulation de son action en considérant cet acteur majeur de la mondialisation comme un être vivant qui naît, évolue et meurt dans un milieu constitué d’autres acteurs (États, citoyens, organisations de la société civile, etc.). La capacité d’évolution d’une ETN, ses impacts positifs et négatifs à l’égard de son milieu, légitiment, selon nous, de questionner les sources (…) ».

Des études prospectives des plus documentées n’ont-elles pas montré, que si leurs activités n’étaient pas d’une manière ou d’une autre régulées, les Multinationales pourraient devenir à l’horizon 2020 plus riches et plus puissantes que les États ? Elles règneraient alors sans partage.

Lorsqu’on constate le taux actuel d’endettement de nombreuses nations parmi les plus riches, à commencer par les États-Unis, le pays le plus riche – et le plus endetté – au monde, on se dit qu’on aurait tort de ne pas prendre cette prévision, pour ne pas dire cette menace, très au sérieux.

C’est peut-être à l’aune de cette menace qu’il faudrait aujourd’hui repenser les relations entre les ONG et les Multinationales. Au vu des enjeux tant pour la planète terre que pour la survie de l’espèce humaine, les États ont sans nul doute un rôle prépondérant et inédit à jouer.

Il serait temps, plutôt que de laisser les ONG et les Multinationales régler seules leurs différends que les États notamment occidentaux sifflent la fin de la partie, reprennent la main et, surtout, prennent le leadership, au risque de disparaître purement et simplement.

Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com

Lundi 5 Septembre 2011




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