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Nouvelle crise italienne : Arrivederci Roma...

Quelle tristesse ! Alors que, lors de sa nomination à la tête du gouvernement italien, Matteo Renzi semblait être l'homme de la situation, jeune, dynamique, capable de moderniser l'économie italienne et de la relancer sur le chemin de la croissance forte et durable, tout s'est malheureusement écroulé. Sa démarche partait pourtant d'une bonne intention : réformer en profondeur le système politique italien, de manière à le rendre plus réactif et plus performant. Mais, non ! Plus de 60 % des électeurs italiens ont dit « No ! » Face à une telle déroute, le premier ministre n'avait évidemment pas d'autre choix que de démissionner, plongeant l'Italie dans une nouvelle crise politique qui pourrait bien mal se terminer.


Marc Touati
Marc Touati
Car, une fois encore, l'Italie est redevenue ingouvernable. En l'absence d'une majorité claire à la Chambre des députés et au Sénat, c'est donc un nouveau « trou noir » qui s'impose chez nos voisins transalpins. Mais, surtout, le dernier référendum a constitué une véritable claque pour le pouvoir en place et semble indiquer que l'Italie refuse de moderniser ses structures économiques et politiques. Elle préfère rester tiraillée entre le parti de Silvio Berlusconi, qui reste finalement incontournable, et le parti populiste de l'humoriste, qui ne fait décidément rire personne, Beppe Grillo.

Dès lors, nos amis italiens risquent de passer quelques mois très difficiles et surtout d'entraîner l'ensemble de la zone euro dans la crise. En effet, au-delà du capharnaüm politique, la situation économique italienne reste très difficile. Après être tombée à 99,7 % du PIB en 2007, la dette publique italienne a effectivement repris le chemin de la hausse depuis et sera d'environ 133 % du PIB en 2016. Malgré son charisme à toute épreuve et la bonne image qu'il a pu véhiculer, Matteo Renzi n'a donc pas réussi à stopper l'hémorragie.

Certes, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain. En effet, en dépit des apparences, l'Italie a fait énormément d'efforts depuis une quinzaine d'années, en tout cas bien plus que la France. Ainsi, de 11 % du PIB en 1991, son déficit public a été considérablement réduit, atteignant même 1,3 % en 2000 et « seulement » 5,3 % en 2009, au plus fort de la crise. En 2015, le déficit italien a été ramené à 2,6 % et devrait même atteindre 2,3 % en 2016.

Dans le même temps, le solde structurel des comptes de l'État italien (c'est-à-dire hors effets liés à la conjoncture) est passé de - 12,4 % du PIB en 1990 à - 0,8 % en 2015. Enfin, le solde primaire italien (c'est-à-dire hors charge d'intérêts de la dette) est en excédent quasi-ininterrompu depuis 1992. En 2015, celui-ci a atteint 1,5 % du PIB et devrait baisser à 1,2 % en 2016. Autrement dit, l'Italie ne doit ses déficits publics et l'essentiel de ses difficultés qu'au paiement des intérêts de sa dette. De quoi rappeler qu'en matière d'endettement excessif, les erreurs du passé se paient pendant très longtemps.

D'ailleurs, pour parvenir à ces résultats, l'Italie a dû réaliser des efforts considérables, notamment en augmentant ses recettes fiscales, mais surtout en réduisant ses dépenses publiques, dont le poids dans le PIB est passé d'un sommet de 57,4 % en 1993 à un plancher d'environ 46 % de 2000 à 2007, avant de se stabiliser autour des 50 % depuis, pour finalement revenir à 49 % en 2016, soit toujours 8 points de moins qu'en France.

Malheureusement, ces efforts ont également pesé négativement sur l'activité économique. Ainsi, de 2002 à 2012, la croissance annuelle moyenne du PIB italien a été de 0,1 % (contre une moyenne de la zone euro de 1,1 %). Sur la période 2008-2012, elle devient négative à - 1,4 % (contre - 0,3 % pour l'ensemble de l'UEM). Conséquence logique de cette décroissance, le taux de chômage a repris le chemin de la hausse, passant d'un plancher de 6 % en 2007 à plus de 12 % de 2013 à 2015. Depuis l'été 2015, la situation s'améliore, mais le niveau actuel du PIB italien est encore 7,7 % en-deçà de son niveau d'avant-crise (c'est-à-dire du premier trimestre 2008). En dépit d'une légère baisse, le taux de chômage reste ainsi trop élevé et était encore de 11,6 % en octobre 2016 (36,4 % pour les moins de 25 ans). C'est d'ailleurs à cause de ce chômage structurellement élevé que de plus en plus d'Italiens se tournent vers des partis extrémistes et deviennent par là même suicidaires.

Car, ne l'oublions pas, les créances douteuses dans les banques italiennes sont supérieures à 300 milliards d'euros. Que vont devenir ces dernières en cas de nouvelle crise politique ? Parallèlement, en dépit de tous ses sacrifices, l'Italie est toujours reléguée au rang des pays dangereux. La note de sa dette publique n'est que de Baa2 (selon la classification de Moody's) et les taux de ses obligations d'État à dix ans sont repartis à la hausse, en particulier à l'approche du référendum. Ils sont même passés de 1,1 % en août dernier à environ 2 % depuis la mi-novembre. C'est certes toujours beaucoup moins que les 7 % du début 2012, mais toujours beaucoup trop pour permettre à l'Italie d'inverser la spirale haussière de la dette. D'autant que son PIB reste fragile et risque de reculer au cours des prochains trimestres. Or, tant que la croissance en valeur est insuffisante pour compenser la charge annuelle d'intérêts de la dette (environ 4 % du PIB italien chaque année) et même si la BCE distribue de la morphine sans compter, la sortie définitive de la crise de la dette publique est impossible.

Voilà pourquoi l'Italie reste en danger. Le référendum a d'ailleurs confirmé qu'après autant d'années d'efforts pour des résultats économiques aussi médiocres (notamment sur le front de la croissance et de l'emploi), les Italiens ne veulent plus de la rigueur. Et pour cause : comme nous le rappelons régulièrement, il ne sert à rien de mourir guéri. Il faut toujours de la confiture pour faire passer la pilule.

Il reste simplement à espérer que les Italiens ne vont pas se lancer dans une spirale dévastatrice qui finirait par relancer la crise de la dette publique à l'échelle de la zone euro et mettrait de nouveau cette dernière en péril, entraînant la France dans une nouvelle crise sans précédent. Car, ne nous leurrons pas, si, dans un premier temps, la France pourrait bénéficier d'un « flight to quality », en apparaissant plus stable que sa voisine transalpine, la roue ne tardera pas à tourner.

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 12 Décembre 2016




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