N°1 français et européen de l’intelligence économique, l’ADIT accélère son développement international

Le fonds d’investissement Sagard devrait devenir le premier actionnaire de l’ADIT, dont l’État conserve un tiers du capital et une « golden share ». Une nouvelle étape pour le spécialiste français de l’intelligence économique, devenu leader européen, et désormais bien placé pour prétendre à de nouvelles ambitions.


Le quotidien Les Echos l’a révélé le 15 janvier : la société d’investissement Sagard est entrée en négociations exclusives avec Parquest pour devenir le premier actionnaire de l’ADIT, leader européen de l’intelligence économique et stratégique. A l’issue de cette opération, Sagard détiendrait un peu moins de 50 % du capital du groupe, les actionnaires actuels – l’État, Bpifrance, Parquest et Amundi – gardant ensemble la majorité. L’État et Bpifrance conservent les garanties exceptionnelles dont ils bénéficient, notamment pour la localisation en France du siège social, l’agrément formel des actionnaires via une action de préférence, ou la nomination des dirigeants du groupe. L’État continuera d’exercer son contrôle, cette transaction ne modifiant en rien la raison d’être ou le management de l’ADIT, ni la préservation des enjeux de souveraineté.

Sagard est un fonds créé en France en 2002 à l’initiative de la famille québécoise Desmarais et regroupant des investisseurs industriels et institutionnels. Basé à Paris, le fonds, dont les capitaux sont aux deux tiers européens, est géré par ses associés français depuis 20 ans et investit de longue date au capital de grands groupes stratégiques français. Sagard a notamment accompagné Souriau et Sabena, ainsi que de nombreuses PME françaises dans leurs stratégies de développement, en France et à l’international, investissant souvent aux côtés de Bpifrance.

Cette opération s’inscrit dans une logique de consortium de fonds : l’augmentation du nombre d’actionnaires financiers aux côtés de l’État et de Bpifrance est une garantie d’autonomie stratégique. L’arrivée de Sagard va permettre de poursuivre le développement international de l’ADIT, avec de nouvelles ouvertures sur le marché nord-américain. Le projet est de renforcer le leadership français, européen et francophone de l’ADIT sur l’ensemble de ses métiers : intelligence stratégique, éthique des affaires, affaires publiques et stratégies d’influence, déploiement des PME et ETI, sécurité des affaires et assistance technique, MCO Aéronautique.

A l’issue de cette transaction, l’ADIT aura plus que doublé de valeur en deux ans et demi, à environ 325 millions d’euros (contre 130 millions d’euros en 2019, lors de la vente des actions de Weinberg à Parquest). Il faut dire que le groupe dirigé par Philippe Caduc a connu une croissance fulgurante depuis 2019, multipliant par plus de deux son Ebitda, autour de 22 millions d’euros. L’ADIT est ainsi montée rapidement en puissance sous l’impulsion des fonds. Créée en 1992, l’ex-Agence pour la diffusion de l’information technologique était détenue entièrement par l’État jusqu’en 2010, avant d’être privatisée et cédée à Butler Capital, puis à Weinberg Capital fin 2015, et ensuite à Parquest en 2019.

Après avoir racheté en 2018 la société de sécurité internationale Geos, qui a décroché l’été dernier un contrat de sécurité pour l’Union européenne, l’ADIT a poursuivi ses acquisitions, notamment dans le domaine de la diplomatie d’affaires. En 2020, le groupe a pris le contrôle de l’agence de conseil export Eurotradia auprès de Airbus, Total, Thalès, Safran, MBDA et Dassault – et aussi par la même occasion sur 11 % de DCI, l’opérateur du ministère des Armées français qui assure des formations à l’étranger. L’ADIT a ensuite acquis le cabinet d’intelligence économique et d’affaires publiques ESL & Network, qui accompagne à l’étranger de grands groupes français comme Aéroports de Paris, Naval Group ou Orange, avec des partenaires en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord… Plus récemment, en juillet 2021, le groupe a mis la main sur le spécialiste de l’influence et des affaires réservées Stratinfo. Filiale de l’ADIT spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leur développement international, Salveo a également racheté Marex, expert en externalisation du service export des PME, ainsi que le cabinet de conseil en stratégie All Winds, spécialisé dans la formation des dirigeants à l’international. Autant d’opérations qui ont musclé le chiffre d’affaires du groupe, passé de 73 millions d’euros en 2018 à 150 millions d’euros aujourd’hui... Avec plus de 650 salariés et plus de 500 clients, dont presque tous les groupes du CAC 40 et les deux tiers des entreprises du SBF 120.

Cette stratégie ambitieuse de croissance externe a permis à l’ADIT de consolider sa position de leader européen. L’arrivée d’un nouvel actionnaire doit permettre de poursuivre cette consolidation en Europe (Italie, Allemagne, Espagne) et de renforcer les bureaux de Bruxelles, Rabat et Dubaï, tout en ouvrant au groupe de nouvelles perspectives à l’international. Car l’objectif est bien d’atteindre une taille critique qui permettra à l’ADIT de rivaliser à l’international avec les puissants cabinets anglo-saxons, comme Control Risks ou Kroll.

Poursuivant son développement autonome et indépendant, l’ADIT sera à moyen terme un groupe multinational : toujours français, avec un siège à Paris et des garanties statutaires sur sa dimension souveraine, fondamentalement européen et tourné principalement vers ses voisins les plus proches. Mais L’ADIT affirme également son ambition de porter une approche française du renseignement d’affaires et de la conformité, et de contribuer au « soft power français », sur tous les continents. Ce renforcement d’actionnariat s’inscrit donc dans la continuité des étapes précédentes et dans une stratégie de consolidation au regard des enjeux d’internationalisation des acteurs du renseignement d’affaires.

Mercredi 19 Janvier 2022


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