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Moraliser le capitalisme

Anne SALMON - CNRS Editions - 246 pages - 25 €


Moraliser le capitalisme
Philosophe et sociologue, professeur d’Université (1), Anne SALMON s’affirme par sa nouvelle parution, comme l’une des références intellectuelles contemporaines des problématiques de l’Ethique et de la morale, sujets d’une brûlante actualité ; Aux côtés des plus grands, certes, mais en occupant un espace très personnel, voisin de celui de Peter SLOTERDIJK (2) mais à distance des pascaliens qui avec André COMPTE SPONVILLE, considèrent que le capitalisme est amoral (et efficace pour cela….) et des proches d’Auguste COMTE, qui avec Pierre DOCKES (2) estiment que le capitalisme reste en relation avec une forme de morale, certes éloignée du puritarisme de ses origines mais qui lui est propre, c’est-à-dire utilitaire et progressiste.

L’interrogation qui accompagne le titre de cette parution dévoile une large part de la thèse centrale : le phénomène contemporain de production « de valeurs », et d’ « offre éthique » par le monde des affaires est-il constitutif d’une « tentation de moralisation du capitalisme » (3) ou bien d’une « économisation de l’éthique ».

Dans son analyse particulièrement détaillée et en perspective historique, l’auteur apporte des éléments de réponse : «….’l’offre éthique’ des entrepreneurs (charte, code, accord de responsabilité sociale) apparaissent comme des instruments d’une adhésion à l’ordre économique, destinés à se libérer des ordres tutélaires (spiritualité, morale) tout en assurant un contrôle sur les conduites individuelles pour les conformer aux exigences du système …. ». Comprenez : ….toujours plus de travail et de gains….

La formulation « économique de l’éthique » devenue simple outil de gestion, d’orientation managériale serait-elle en passe de s’émanciper de toute autorité extérieure à elle-même ? Cette « économisation » (que P. Sloterdijk formule par « ….le virus de l’économisme…. ») tend à répondre à une quête des individus recentrés sur l’entreprise devenue « communauté », et visant à restaurer la confiance et la motivation des salariés dans un contexte de crise et de scandale moral.
Mais cette métamorphose des valeurs éthiques (4) en biens de consommation appropriables par l’individu pour son bien-être n’est-elle pas la source d’une future démoralisation de la société par le capitalisme ?

Réhabiliter l’idée de progrès à l’aune de la mondialisation, c’est sans doute remettre l’individu au centre de l’économie et préférer « le B.I.N (bonheur individuel net) au PIB (produit intérieur brut) » comme le suggère le Prix Nobel d’Economie, Joseph STIGLITZ.
Une parution qui fera date.

1 – Université Paul Verlaine – Metz (2l2s.erase)
2 – Philosophe Allemand, mondialement connu co-auteur de « Jours de Colère, l’esprit du Capitalisme » P. Dockes, Francis Fukuyama, Marc Guillaume – chez Descartes 2009.
3 – Anne Salmon : la tentation éthique du capitalisme – La Découverte 2007
4 – « …. instrumentalisée, publicitaire et érodant les valeurs… »


Dimanche 18 Octobre 2009




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