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Match nul ?

Vous souvenez-vous de cette blague qui associait communiste, honnête et intelligent ? Elle énonçait que l'on ne pouvait pas être les 3 en même temps, puisque si une personne associe deux de ces qualifiants, ils impliquent la négation du troisième. Je m'interroge : est il opportun de remplacer communiste par syndicaliste ? Je sais, ce n'est pas politiquement correct ...


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Le télescopage de l'actualité des prétoires de la semaine passée m'incite tout de même à me poser la question : d'une part une grande enseigne se voit interdite d'ouvrir sur les Champs-Elysées après 21 heures dans une procédure intentée par une inter-syndicale et contre l'avis de nombre de salariés de l'enseigne qui tentent leur chance en justice (1), et d'autre part des syndicats de la SNCF se font condamner à Lyon pour des malversations à leur profit au détriment de l'instance qui leur sert de CE (2). Une victoire, une défaite pourrait crier le clan syndical ou la horde des patrons. Il n'en est rien.

Sur la question de l'ouverture nocturne de ce magasin de cosmétique, 101 salariés contestent la légitimité de cette intersyndicale : ils n'étaient pas parties au procès, juste des tiers ballottés, instrumentalisés par des syndicats peut-être un brin scotchés à une position idéologique et qui ont foulé du pied leur prétention à travailler de nuit, avec les contreparties qu'emportent les règles du droit du travail dans ce cas. Je ne sais pas si dans ce magasin, l'intersyndicale est, en équité, représentative des salariés et de leurs intérêts. En droit, elle l'est, du fait de cette présomption de représentativité accordée au niveau national. Que des voix discordantes s'élèvent, rien de plus normal. Que la parole soit, de fait, monopolisée ou confisquée par ceux qui portent une étiquette et du seul fait de cette étiquette, ça me choque. Est-ce honnête ? Est-ce digne d'une démocratie ? Pas dans le sens que je donne à ces mots.

Un bémol cependant : je pense que si une interdiction d'ouvrir un magasin doit exister, elle devrait plus être motivée par une distorsion de la concurrence que par le droit du travail : L'Allemagne, par exemple, régule bien plus sévèrement que nous ses ouvertures et ce n'est pas une zone de non-droit pour des salariés « systématiquement exploités ». Ce n'est, bien sûr, que mon opinion.

Le deuxième cas semble plus crapuleux : des syndicalistes, au lieu de se dévouer aux intérêts des salariés, favoriseraient ceux de leur syndicat. Je ne suis pas vraiment surpris, même si je suis persuadé que nombre de syndicalistes sont sincères et dévoués dans leurs engagements, et honnêtes dans la gestion de leurs cellules. Mais comme le dit l'article en lien (2), il y a ceux qui servent et ceux qui se servent, et la probité des uns ne saurait en aucun cas justifier des agissements des autres.

Alors que faire ?

Il faudra bien sûr un jour avoir le courage de supprimer toute présomption de représentativité passée et ne plus imaginer qu'une telle chose puisse exister : c'est la porte ouverte à toutes les dérives, et surtout celles qui voient des syndicats devenir des institutions ne travaillant plus qu'à voir perdurer leurs petits bouts de pouvoir et les avantages qui y sont attachés. Cette « table rase du passé » me semble indispensable pour repartir sur des bases saines, au vu du taux de syndicalisation inférieur à 10 % depuis des lustres.

Sur le plan judiciaire, la deuxième affaire laisse apparaître une asymétrie : les lésés (les salariés) ne pouvaient pas être partie civile et les dirigeants des personnes morales sont indemnes. Pourquoi ne pas traiter les dirigeants syndicaux comme dans l'abus de bien social et les mettre personnellement en face de leurs responsabilités ?

Un ami me suggérait lors d'un de nos déjeuner de politique fiction qu'il faudrait rendre l'adhésion à un syndicat obligatoire pour tout salarié, afin de casser cet oligopole de fait en suscitant des vocations à créer localement dans chaque entreprise une saine concurrence de petits syndicats « maison », qui se focaliserait plus sur des problèmes spécifiques à leur entreprise que sur l'idéologie véhiculée par des centrales syndicales. Nombreux sont ceux qui ont travaillé dans des PME et des ETI et qui savent que le dialogue social sait (Dieu merci) s'affranchir de canaux institutionnels, dans l'intérêt mutuel bien compris des salariés, des dirigeants, des actionnaires et de l'entreprise : que les salariés s'organisent eux-mêmes ne peut pas être nuisible et apportera de la clarté.

Avant de conclure et pour être équitable, rappelons que l'actualité judiciaire a elle aussi égratigné des organisations patronales en son temps, et que les tractations d'officines lors de chaque élection patronale ne fleurent bon la démocratie que pour ceux dont l'odorat est défaillant …

Alors le score de 1 partout est-il le bilan sincère et fidèle ? Non, nous ne sommes pas dans un jeu à somme nulle, ou encore un jeu où l'on « gagne ». Comme il y a des situations win-win, il en y en a des loose-loose.


(1) www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/20130923trib000786568/pourquoi-sephora-doit-baisser-le-rideau-a-21-heures-et-d-autres-non-.html
(2) www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/27/six-syndicats-de-la-sncf-condamnes-pour-pillage-d-un-comite-d-entreprise_3485907_3234.html


Vendredi 4 Octobre 2013




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