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Les produits financiers évoluent. Quel sera le métier du trésorier de demain ?

Les directions financières doivent redéfinir le métier de trésorier afin d’optimiser la gestion de leurs produits financiers et rester compétitives. Arrêt sur image.


La complexification des produits financiers impacte de façon récurrente les périmètres fonctionnels du trésorier, que ce soit au niveau de la gestion des instruments proprement dite, au niveau des reporting inhérents à cette gestion, au niveau de l’évaluation des risques affectés aux portefeuilles ou encore au niveau de la prise de décision, définitivement essentielle quant aux conséquences financières induites.

Si l’entreprise veut continuer à être performante, elle doit relayer en interne la compétence spécifique du trésorier
La gestion des produits financiers aujourd’hui, de plus en plus complexes, implique une formation continue et spécifique pour tout trésorier contraint de suivre les évolutions imposées par la croissance des marchés financiers. Néanmoins ce savoir acquis au fil de l’eau n’est pas nécessairement relayé en interne .Bien que constituant une spécificité inhérente au trésorier, qui reste seul et unique garant de son expertise, cette situation peut fragiliser l’entité et sa gestion financière.

Pour maîtriser les risques liés à la gestion des produits financiers complexes, la trésorerie doit construire une expertise en gestion du risque et contrôles
Depuis la crise, les inquiétudes autour du risque de défaut des émetteurs sont très fortes. Le risque prend nécessairement sa source au sein même de l’entreprise. La lecture des contrats requiert un travail assidu mais c’est la lecture d’un portefeuille et des encours, des livraisons à dates qui peuvent être excédentaires, qui doit, outre les aspects liés au risque opérationnel, faire l’objet d’une surveillance constante. Le trésorier doit s’entourer d’un professionnel du risque et s’assurer des engagements maximum dans tous les scénarii de marché.

La réglementation internationale impacte également l’évolution du métier de trésorier.
La norme IAS 39 en particulier impose de comptabiliser les variations de valeur dans le compte de résultat avec comme conséquence un accroissement significatif de la volatilité. Par exemple, la mise en œuvre des tests d’efficacité permettant de vérifier si les variations de flux de trésorerie des swaps sont compensées par les variations de flux de trésorerie de l’emprunt est complexe et spécifique. Elle suppose une lecture précise des contrats d’emprunt et de swap, une connaissance approfondie de la courbe des taux et une certaine maîtrise des techniques d’évaluation et des impacts comptables en résultant.

Informer la direction, définir et tenir une politique de gestion, mesurer en permanence les engagements maximum dans un plan de trésorerie, séparer les produits de couverture et les produits spéculatifs, telles sont donc les bonnes pratiques du trésorier dans sa gestion des produits financiers au quotidien. Piloter et minimiser le risque passe nécessairement par une transparence à la fois dans les reporting établis mais également dans les éléments de communication liés aux prises de décisions induites. Pour assurer ses fonctions de plus en plus étendues du fait de la complexité des produits concernés, il doit s’entourer d’un professionnel du risque et des contrôles.

Définir ses risques et sa stratégie de couverture afin d’atteindre les objectifs définis par la direction de l’entreprise sur le moyen et le long terme
En ce qui concerne la gestion des instruments financiers, la stratégie de couverture est à redéfinir constamment, tandis que du point de vue de la Direction de l’entreprise, la stratégie ou la politique doit être définie, calée et contrôlée et seules les techniques de gestion doivent s’adapter.
Face au quatre risques identifiés (le risque de marché, le risque opérationnel, le risque de défaut de contrepartie et le risque juridique), le processus de pilotage des risques doit être défini au regard de questions simples mais forçant l’étude et la réflexion :
- Les objectifs (investir, couvrir le risque de change, de matière première, de taux…) et le périmètre d’instruments et de stratégies financières autorisés sont ils formalisés ?
- Les organes de direction et de contrôle ont-ils bien compris les risques encourus ?
- Les autorisations sont-elles formalisées ?
- Dans un souci de réponse rapide aux évènements et possibles incidents, quels sont les droits et les devoirs du trésorier ?
- Les organes de contrôles sont il indépendants ?
- La méthodologie de mesure des risques, les instruments de mesures (VaR, Stress testing, horizon analysis, engagements, maximum de perte…) et les limites acceptables sont elles écrites et appliquées ?
- Quels sont les impacts de la liquidité ? y a-t-il un marché secondaire ? quel est le bid/ask spread ?
- Y a-t’il une liste des contreparties acceptées ? Quels sont les limites de risques de crédit ?
- Quelle est la politique comptable de prise en compte des produits financiers (prise en compte des valeurs temps et valeurs intrinsèques dans le capital et le résultat) ?
- Comment les produits financiers sont ils intégrés dans le reporting ?
- Quelle périodicité pour quel reporting et vers quel destinataire ?

Accompagner les trésoriers, optimiser la gestion et l’utilisation des produits financiers afin de se recentrer sur son cœur de métier et pérenniser ainsi son activité dans la durée

Ces questions concernent plus largement la Direction générale de l’entreprise et son activité principale concentrée sur la gestion optimisée des fonctions transverses, des filiales lorsqu’elles sont impliquées, de l’application et des conséquences induites de la stratégie globale décidée et mise en place. Dans ce contexte, la lenteur de la circulation de l’information révèle aussi la lourdeur de l’organisation interne que peut représenter une gestion efficace de ces instruments. La taille de la société et son industrie ont une importance capitale quant à la définition des objectifs du trésorier. Une petite ou moyenne entreprise ayant recours aux instruments de couverture, doit-elle aller vers ces produits complexes ?

Dans la mesure où une stratégie de couverture complexe requiert la définition d’une politique de gestion, la rédaction de procédures, des éléments de formation, de la gestion quotidienne, des contrôles, le temps du trésorier peut très vite être consacré à la seule gestion du portefeuille d’instruments financiers.
Selon la taille de la structure, est-il profitable d’assigner une personne expérimentée, une personne spécifique qui connait la société, son métier et son fonctionnement, qui connait les administrateurs et leur aptitude à prendre des décisions parfois binaires et décisives dans une impression de flou ? Est-ce seulement le métier de l’entreprise ?

Les montants concernés, tant dans les livraisons, qu’à la négociation, sont souvent extrêmement importants et requièrent l’implication des administrateurs de la société. N’est-il pas trop coûteux et difficile de focaliser le temps précieux des organes décisionnels, sur des problématiques touchant à des instruments censés financer ou assurer les besoins du métier ? Si l’utilisation des produits s’avère opportune et particulièrement intéressante du point de vue financier, l’entreprise doit donc accompagner le changement du métier du trésorier en lui donnant les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission, dans un esprit serein et de maîtrise des évènements.

En conclusion, Olivier Bornecque, Président de l’Association Française des Trésoriers d’entreprise, interrogé par nous sur le fait de savoir si la crise financière avait fait évoluer le mode de relation et de communication du Trésorier avec la Direction général de l’entreprise, nous fait part de son analyse :
« Oui certainement pace que la crise a remis les Trésoriers au coeur des opérations et que les sociétés qui ont des opérations financières complexes se sont posées des questions sur la répartition de leurs banques, la capacité de celles-ci à pouvoir (vouloir ?) leur apporter les financements nécessaires à des conditions raisonnables, sur la gestion des risques associés et sur les garanties qui leur sont demandées (covenants). »

Par Olivier Joulie Directeur Hégoa

www.hegoa-solutions.com

Dimanche 13 Décembre 2009




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