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Les entreprises européennes peinent à retrouver leurs comportements de paiement d’avant crise

Sur 2010, les retards de règlement se stabilisent à 14 jours, seuil franchi brusquement en 2008.


Les entreprises européennes peinent à retrouver leurs comportements de paiement d’avant crise
En moyenne annuelle, les retards de paiement reculent d’une journée en 2010 par rapport à 2009 et reviennent à leur niveau de 2008 ; ils demeurent toutefois supérieurs d’1,5 jour à leurs valeurs de 2007.

La péninsule ibérique pèse sur la tendance globale tandis que l’Allemagne et les Pays-Bas, au contraire, tirent la performance européenne. La France, la Belgique et le Royaume-Uni sont stables, l’Italie est bien orientée.

En moyenne trimestrielle, les signes de détente entrevus durant l’été 2010 sont encore chancelants en fin d’année.

Altares, membre du réseau mondial Dun & Bradstreet, constate qu’en fin d’année 2010, les entreprises européennes payent leurs fournisseurs avec un retard moyen de 14 jours contre 13,8 sur le 3ème trimestre 2010. En moyenne annuelle, les retards de paiement s’établissent à 14 jours en 2010 contre 14,8 en 2009, 13,8 en 2008 et 12,6 en 2007 et 2006.

En 2010, quatre entreprises européennes sur dix (40,4 %) règlent leurs factures à la date convenue contractuellement avec le fournisseur. Ce taux est bas mais s’améliore de 1 % sur un an. Dans le même temps, 9,1 % des entreprises européennes reportent encore leurs paiements d’au moins 30 jours ; c’est à peine mieux qu’en 2009 (9,8 %). Or, ce ratio est un marqueur fort de la santé fi nancière des entreprises ; en effet, Altares constate que les entreprises reportant leurs règlements fournisseurs de plus de 30 jours présentent une probabilité de défaillance multipliée par six.

Autour de ce pivot européen à 14 jours, l’Europe présente de fortes disparités nationales. L’analyse détaillée des balances âgées des entreprises, par le programme international DunTrade1, fait en effet apparaître des retards de paiements variant de plus de 20 jours en Ibérie à moins de 9 jours en Allemagne et aux Pays-Bas. 1 Depuis 45 ans aux Etats-Unis et 25 ans en Europe, le programme DunTrade, unique au monde, analyse les informations provenant directement de la comptabilité client de milliers de sociétés participantes. (Voir méthodologie).

Sur le podium, l’Allemagne et les Pays-Bas font cavalier seul, la France peine à résister

En Allemagne, les retards de règlement baissent très sensiblement et se situent à 8,4 jours en moyenne en 2010 contre 10 jours en 2009. Près de 6 entreprises allemandes sur dix (59,4 %) payent leurs fournisseurs dès l’échéance, voire avant le terme. Les Pays-Bas tirent également la performance de l’Europe avec des retards de paiement moyens de 8,6 jours. De plus, 51,2 % des entreprises néerlandaises payent leurs fournisseurs sans retard contre 40,9 % en 2009. En fi n d’année, ce taux atteint 54,6 %. La France a plutôt bien résisté durant la crise et stabilisé ses retards de paiements. En moyenne annuelle 2010, les entreprises françaises ont maintenu ce point pivot de 12 jours. Pourtant, pendant que les allemandes et néerlandaises parviennent à ramener progressivement les reports de règlements en-dessous de 9 jours, les françaises peinent à ne pas alourdir les leurs. Depuis l’été 2010, ceux-ci ont repassé la barre des 12 jours (12,2 jours fi n 2010). Dans ces conditions, la proportion de bons payeurs reste faible. Seulement une entreprise française sur trois (33,5 %) respecte les dates d’échéance en 2010 (32,6 % en 2009). Malgré cela, la France peut se fl atter de présenter un taux de retards de plus de 30 jours très faible. 5,8 % des entreprises reportent le règlement de leurs factures de plus de 30 jours ; c’est une performance proche de celles de l’Allemagne (4,9 %) et des Pays-Bas (3,9 %) dans une moyenne européenne à 9,1 %.

Derrière ce trio de tête, les pays hors péninsule ibérique présentent des tendances encourageantes mais hésitantes

Ainsi, la Belgique tente de s’accrocher à la moyenne européenne. Sur l’année 2010, les retards de paiement se situent à 14,3 jours contre 14,2 jours en 2009. Comme en France, environ une entreprise belge sur trois seulement (34,4 % en 2010 et 35,5 % en 2009), respecte les échéances de paiement. Mais contrairement à son voisin, le pays ne parvient pas à réduire son taux de retards de plus de 30 jours. Ce dernier s’établit à 8,8 % sur 2010 et 8,9 % en fi n d’année.

L’Italie avait enregistré une dégradation forte et rapide de ses comportements de paiement en 2008 avant de se redresser en 2010. En moyenne annuelle, ils s’établissent à 16,2 jours contre encore 19,1 jours en 2009. 43,4 % des entreprises italiennes respectent les dates d’échéance en 2010. Pour autant, ce bon ratio tient à des délais contractuels plus longs en Italie et au sud de l’Europe qu’ailleurs. Le délai contractuel italien est généralement proche de 90 jours, voire plus, pendant qu’il est inférieur à 60 jours en France, ou à 50 jours aux Pays-Bas ou en Allemagne. En termes de longs retards, les tendances sont bien orientées mais des efforts restent à faire. Ainsi, 15,3 % des entreprises italiennes réglaient leurs fournisseurs avec des retards supérieurs à 30 jours en 2009 ; elles sont 11,8 % en 2010, c’est quasiment deux fois plus qu’en France. Au Royaume-Uni, les comportements de paiement des entreprises s’étaient dégradés plus tôt qu’ailleurs en Europe avec la crise des subprimes. Sur l’année 2010, ils se stabilisent autour de 18,2 jours et retombent même à 17,7 jours en fi n d’année. Moins d’une entreprise britannique sur quatre (24,6 %) paye ses fournisseurs sans retard ; avant la crise, début 2007, ce taux était de 36 %. La part des retards supérieurs à 30 jours est élevée avec une moyenne annuelle de 12,7 % en 2010. Signe d’un redressement, ce taux tend à baisser.

L’Irlande présente le même retard moyen que le Royaume-Uni, 18,2 jours. Si, pour ce dernier, c’est la valeur la plus haute sur 5 ans, pour l’Irlande, c’est au contraire la valeur la plus basse sur 5 ans. Dans ce pays aussi, la proportion de règlements effectués à la date d’échéance prévue est faible, seulement une entreprise sur cinq (20,2 %). Marqueur beaucoup plus encourageant, 10,6 % des entreprises irlandaises reportent leurs paiements de plus de 30 jours, elles étaient 13,8 % en 2009 dont un taux au plus haut à 16,7 % au printemps 2009.

Derrière ces pays bien orientés ou en passe de l’être, la péninsule ibérique dérape encore

En Espagne, les retards de paiement ont surtout bondi à partir de l’été 2009. Inférieurs à 15 jours en 2007 et 2008, ils ont atteint 22 jours en moyenne 2010. Le pic a été constaté au printemps 2010 (23,4 jours). Paradoxalement, encore 45 % des entreprises espagnoles respectent les dates d’échéances convenues mais cela tient à la longueur des délais contractuels pratiqués en Espagne. Ces derniers sont souvent longs, supérieurs à 90 jours. Malgré ces délais contractuels importants, les entreprises espagnoles sont nombreuses à attendre encore 30 jours supplémentaires, voire davantage, avant de régler leurs factures. En 2010, près de 17 % des entreprises espagnoles règlent leurs fournisseurs avec des retards supérieurs à 30 jours. Les retards les plus longs ont même tendance à fortement augmenter ; plus d’une entreprise sur dix (10,4 %) reporte le paiement de ses factures de plus de 90 jours. C’est le pire ratio en Europe. C’est pourquoi la question des délais de règlement fait l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics espagnols. Durant l’été 2010, est entrée en vigueur la loi luttant contre les retards de paiement dans les transactions commerciales ; cette loi fi xe des délais de règlement de 30 jours dans l’administration et 60 jours pour le secteur privé à partir du 1er janvier 2013.

Le voisin portugais est logé à la même enseigne. Au Portugal, les retards de paiement étaient déjà supérieurs à 23 jours en 2008 et franchissent la barre des 27 jours en moyenne annuelle 2010 (27,1 jours). La situation se dégrade encore en fi n d’année où ils atteignent 28,7 jours sur les deux derniers trimestres 2010. Comme en Espagne, les délais contractuels sont longs, pourtant seulement 21,9 % des entreprises portugaises respectent les échéances de paiement en 2010. Elles sont autant à reporter leurs règlements de plus de 30 jours (20,6 %).

Les comportements de paiement s’assouplissent dans la plupart des secteurs

Dans l’industrie, les retards de paiement se sont stabilisés au-dessus de 14 jours en 2009 avant de baisser légèrement en 2010 et fi nalement reculer à 14 jours en fi n d’année 2010. 36,7 % des industriels règlent leurs factures sans retard. Pour le bâtiment, les comportements de paiement s’améliorent depuis un an et retombent à 13,8 jours fi n 2010. 42,6 % des entreprises respectent les échéances de paiement à fi n 2010.

En 2010, le redressement de l’immobilier est sensible permettant au secteur de retomber à 17 jours de retards de paiement à partir de l’été. L’amélioration des comportements de paiement se traduit par un ratio de règlements effectués dans les délais convenus en hausse à 37,3 % en fi n d’année 2010. Pour autant, des efforts restent à faire ; 9 % des professionnels de l’immobilier reportent leurs paiements de 23 à 30 jours, c’est le taux le plus haut depuis 2003.

Dans la vente au détail, les retards de paiement sont restés voisins de 16 jours jusqu’à fi n 2009 avant de revenir à 15 jours à partir du printemps 2010. Confi rmation de la bonne tendance des 9 derniers mois 2010, sur cette période, plus de 41 % des règlements sont effectués sans retard.

Dans le commerce interentreprises, sur les 9 derniers mois 2010, les retards de paiements sont retombés sous les 14 jours (13,8 jours). Plus de 38 % des factures sont réglées dans les délais. En 2010, les retards de paiement baissent assez peu dans les services et se situent à 13,5 jours en fi n d’année. Sur les 9 derniers mois, plus de 40 % des règlements sont effectués dans les conditions contractuelles prévues.

Les transports demeurent le secteur où les retards de paiements sont les plus longs après l’immobilier. Les reports de règlement avaient été ramenés à 15 jours sur les 2ème et 3ème trimestre 2010 avant de légèrement remonter à 15,4 jours en fi n d’année. 34,5 % des transporteurs respectent leurs échéances de paiement en Europe.

Le secteur administratif tire la performance européenne. À fi n 2010, l’administration affi che 12 jours de retards de paiement, lesquels avaient approché 15 jours au plus fort de la crise. Cette moyenne masque toutefois de fortes disparités en Europe. 30 jours de retard séparent l’Allemagne de l’Espagne. 40,7 % des administrations respectent les délais de paiement fi n 2010.

« Deux années de crise ont contraint de nombreuses PME européennes à la défaillance. Mais ce malstrom fi nancier aura aussi permis de remettre un focus sur des fondamentaux de gestion, au premier chef desquels la maîtrise de la trésorerie », observe Thierry Millon, responsable des analyses Altares.

« La trésorerie est trop souvent considérée de façon basique, l’exercice se limitant, au mieux, à faire rentrer l’argent qui est dehors. Pourtant, plus qu’une technique, c’est une véritable stratégie qui doit être mise en place dans les entreprises. Notamment, mieux connaitre son besoin en fonds de roulement pour mieux piloter sa trésorerie. Avant d’être réglée par son client, l’entreprise doit produire et donc payer du stock, des fournisseurs et des salaires. Dans une phase de reprise, même molle, l’augmentation des ventes provoque une augmentation proportionnelle du BFR susceptible paradoxalement de fragiliser l’entreprise. Or, l’analyse Altares des balances âgées des entreprises européennes montre combien la pression reste encore forte sur les paiements interentreprises, alourdissant de fait les BFR. C’est pourquoi la question des retards de paiements et au coeur des préoccupations des instances politiques.

La France, dans le cadre de la loi de modernisation de l’économie d’août 2008, a mis en oeuvre des mesures de plafonnement des délais de paiement. L’Espagne lui emboîte le pas par la loi de juillet 2010 visant à lutter contre les retards de paiement dans les transactions commerciales. Plus récemment, fi n janvier 2011, le Conseil de l’Union européenne a adopté la révision de la directive de 2000.

Toutes ces actions servent la même cause, raccourcir les délais de règlement dans le privé comme dans le public. Comme le rappelle l’Europe, les retards de paiement pèsent sur les liquidités des entreprises, handicapent leur compétitivité et nuisent à leur rentabilité, notamment lorsque l’accès au fi nancement est plus compliqué. Maîtriser sa trésorerie c’est donc se donner la possibilité de pouvoir effectuer rapidement les ajustements nécessaires en cas de diffi culté et faire grandir son entreprise de façon pérenne. Félicitons-nous donc que les puissances publiques entreprennent activement de faire converger les économies nationales vers un même objectif de lutte contre les retards de règlement ; les PME y gagneront, pour peu qu’elles aient su intégrer dans leur processus de croissance les données de connaissance de leurs clients. Gérer sa trésorerie, c’est pouvoir anticiper son risque et saisir les opportunités ! »

ALTARES

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Mercredi 16 Février 2011




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