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Les difficultés de RECRUTEMENT, véritable frein à la croissance

A l'heure où les médias et les politiques reprennent à qui veut les entendre la complainte du chômage, la difficulté pour les chômeurs de trouver un emploi, et où toute la campagne présidentielle s'est jouée sur ce thème. Suivi par les législatives nous avons l'impression en tant que patron de PME de vivre dans une autre planète tant beaucoup de mes confrères ont d'abord et avant tout du mal à recruter !


« Je dirige une PME de 250 personnes, que j'ai créée il y a 27 ans dans l'informatique. Elle figure depuis 10 ans dans le TOP 100 des PME françaises les plus performantes suivant le baromètre Ernst&Young - l'ENTREPRISE publié chaque année et elle appartient toujours à ses fondateurs ou managers actuels », explique Vighen Papazian, PDG de Groupe Infodis.

« Le premier frein à son développement, et de loin le plus important, reste la difficulté de recruter et l'inflation salariale qui s'en suit ! Or ce problème est partagé par des centaines de confrères de tout secteur. Le MEDEF conscient de ces difficultés et auprès de qui j'ai remonté depuis longtemps le problème se dit démuni et ne peut que remonter lui-même l'information auprès du Directeur du Travail sans aucun espoir (sic) », continue Mr Papazian.

Chaque année c'est au minimum 10 à 15% de croissance que nous sommes obligés de sacrifier car dans une entreprise de Services le chiffre d'affaires ne peut augmenter, d'une part que si les commandes arrivent mais surtout s'il y a la main d'oeuvre qualifiée pour les servir. 99% de nos contrats de travail sont en CDI car nous avons à coeur de garantir à nos clients la qualité du service mais aussi à nos collaborateurs la pérennité de leur emploi. Comment expliquer cette difficulté de trouver des collaborateurs qui aient une véritable envie de travailler ?

Lorsque l'on m'explique qu'il y a un manque d'ingénieurs voire de techniciens dans l'informatique, je veux bien le comprendre et déplorer le manque d'anticipation au niveau national des besoins de formation dans ces filières. Mais alors pourquoi nous n'arrivons pas à recruter de simples emplois administratifs. Depuis 5 mois nous recherchons une ADV (Administration des Ventes). Poste situé à Villepinte dans le 93 près de Roissy, c'est un poste intéressant, payé entre 22 et 26 k€ par an et pour lesquels les qualités requises sont simplement d'avoir de bonnes bases en facturation, gestion des commandes clients et fournisseurs. J'ai reçu plus de trois cents candidatures, dont 90% inadaptées à la demande. Les candidats lisent-ils les annonces ou y répondent-ils seulement pour y répondre ? Embauchée en février en CDI, une personne est partie au bout de quelques jours. Ses motivations étaient doubles : pas de solution de garde pour ses enfants pendant les vacances scolaires de février et le fait qu'elle vous affirme clairement «je touche presqu'autant en restant chez moi si j'additionne les frais de garde d'enfant, les primes que je ne percevrai plus (prime pour l'emploi) ou autres allocations familiales et primes transports ». Une deuxième personne a suivi le même raisonnement en Avril pour le même motif, cette fois c'était les vacances de Pâques et des problèmes avec la crèche !

Il est temps de se poser les bonnes questions et arrêter de prendre des mesures totalement inutiles pour uniquement aider les demandeurs d'emploi à trouver du travail sans essayer d'analyser pourquoi ils préfèrent bien souvent rester au chômage. Un responsable de Pôle Emploi me disait récemment quand je lui ai signalé les deux cas ci-dessus qu'il était démuni et ne pouvait même pas les radier sans encourir le risque d'un procès administratif, qu'il perdrait !

Je ne nie pas que le chômage soit un drame social dans certaines régions ou pour des personnes totalement inadaptées au marché de l'emploi et il est nécessaire de trouver pour ces personnes des réponses solidaires. Je ne parle pas bien entendu non plus de ceux que les malheurs de la vie ont frappés dans leur santé et avec lesquels nous devons trouver les moyens de travailler pour les réinsérer. Je parle d'un nombre beaucoup trop important de personnes qui exploite le système au détriment des autres, qui ne sont pas encouragés suffisamment à chercher un emploi et à le garder. Si des centaines d'entreprise perdent des points de croissance à cause de ce phénomène s'est toute la société française et le budget de la nation qui en pâtit.

Notre croissance souffre de cette difficulté de recrutement, nos dépenses augmentent par le nombre de chômeurs à indemniser. C'est un jeu PERDANT PERDANT, le double effet pervers sur le budget de l'état.

Et pourquoi aussi ne pas repenser l'indemnisation du chômage en fonction de la région et du niveau d'études ou de qualification de la personne, ou de son âge et de son handicap éventuel. On ne peut pas payer les mêmes indemnités à un chômeur en bonne santé, à Paris, doté d'un niveau BAC +2 ou plus par rapport à un ouvrier de la sidérurgie en Lorraine qui a plus de 50 ans et qui doit faire des efforts considérables pour se réadapter ! C'est du bon sens mais pourquoi on en manque autant !

Ce n'est certes pas à moi de trouver les solutions. Mais nos organisations patronales baissent les bras devant la rigidité du système français, et les entrepreneurs se découragent. Les syndicats qui croient défendre les salariés en maintenant ce type de dispositif ne s'aperçoivent pas qu'ils sont en train de scier la branche sur laquelle toute la croissance française est assise. C'est très bien de penser qu'il faut réindustrialiser la France mais quel voeu pieux dans un contexte aussi rigide! L'activité de Service est et sera la plus importante pour tirer l'emploi dans les années à venir. Si on peut faire revenir un peu d'industries en France tant mieux mais évitons de perdre les activités de services fortement consommatrice de main d'oeuvre qualifiée pour éviter que la France ne soit un pays exsangue dans quelques années.

Messieurs les politiques venez prendre conscience du quotidien des PME au lieu de juger à distance à l'aune de rapports élaborés par des experts sûrement très compétents mais sans réelle expérience quotidienne du terrain. Et ce n'est pas dans les grandes entreprises qu'on peut vraiment comprendre tout ce qui fait le quotidien de nos PME de 10 à 300 salariés qui souffrent le plus.

Cela fait 27 ans que j'embauche des salariés, 27 ans que je rencontre le même type de problèmes. A 58 ans ma vie professionnelle n'est pas terminée, mais est derrière moi pour l'essentiel. Je pense surtout aux jeunes générations d'entrepreneurs afin qu'ils ne sentent pas contraints de créer leurs entreprises en Chine, comme mes deux premiers enfants, car la France leurs apparait figé dans un conservatisme terrifiant.

Mais le plus grave n'est-il pas pour ces jeunes générations de perdre l'espoir et le goût d'entreprendre ?

Vighen Papazian, Président de Groupe Infodis

A propos de Groupe Infodis
Fondé en 1985, Groupe Infodis est une S.A. au capital de 10 462 855 €, représentant 27 M€ de CA prévisionnel en 2012 et réunissant 265 collaborateurs. Groupe Infodis regroupe deux pôles d'activité : Infodis IT et Visualdis qui combinent un savoir faire pointu et renommé dans leur domaine respectif :
- Management des Projets et des Services IT,
- Ingénierie et expertise en infrastructure,
- Solutions de Vidéo sur IP.

www.infodis.com

Mercredi 30 Mai 2012




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