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Les banquiers centraux dans leur nouveau rôle

Avant la crise, les banques centrales avaient un objectif (la stabilité des prix) et un instrument (le taux d’intérêt à court terme). Les marchés financiers, supposés efficients, allouaient le crédit et évaluaient les risques.


Les banquiers centraux dans leur nouveau rôle
Au cours de la crise, les banques centrales ont dû s’impliquer étroitement dans le crédit pour le garantir et même pour remplacer les banques en rachetant du papier commercial et du crédit titrisé, donc en prenant du risque de crédit.

Se pose dès à présent la question de la politique monétaire d’après crise. Le retour pur et simple à la situation antérieure n’est pas souhaitable. Les banques centrales doivent accepter ce qu’elles ont refusé jusqu’ici, à savoir que la stabilité financière est un objectif à part entière de la politique monétaire. Il faut qu’elles soient en mesure de préserver la stabilité financière face aux dysfonctionnements des marchés du crédit. En modérant l’expansion du crédit lorsque les banques le poussent au maximum. Après tout, c’est la croissance excessive du crédit qui nous a valu cette crise. La régulation du montant total de crédit est incontestablement une responsabilité de banque centrale. Le taux d’intérêt n’étant pas dissuasif – il ne contraint pas assez l’offre de crédit –, il convient de le remplacer par un autre instrument qui ne peut être que prudentiel. Il y a lieu d’imposer un capital réglementaire aux banques dans la phase d’essor du cycle de crédit, dont le montant dépendra de leur part de responsabilité dans l’occurrence du risque systémique.

Aux Etats-Unis, Ben Bernanke demande donc de nouveaux pouvoirs au Congrès pour élargir l’autorité de la Réserve fédérale qu’il préside. Il souhaite à l’avenir pouvoir forcer toute institution financière qui menace la stabilité financière à réduire son exposition au risque. Dans l’Union européenne (UE), la commission de Larosière propose la création d’un conseil du risque systémique, doté d’un pouvoir effectif et regroupant tous les superviseurs nationaux. Le coût social élevé des crises systémiques légitime le renforcement du pouvoir des banques centrales.

Des deux côtés de l’Atlantique, la réforme presse. Il faut battre de vitesse les lobbies qui cherchent à maintenir le statu quo en jouant des rivalités politiques au Congrès américain et des intérêts nationaux dans l’UE jaloux de leurs prérogatives.

Aux Etats-Unis, le gouvernement a décidé de restructurer le système institutionnel de la réglementation financière, mais de manière passablement confuse. Il ne parviendra sans doute pas à réduire le nombre d’agences en place qui se chevauchent en partie. Il voudra plutôt durcir les règles prudentielles et instituer un régulateur du risque systémique sous la forme d’un comité des régulateurs fédéraux dans lequel la Réserve fédérale aurait le rôle de leader. Quel sera son mode opératoire? De la réponse à cette question dépendra son efficacité. Dans l’UE, le conseil du risque systémique, sous la présidence de la BCE, remplacerait le comité actuel de supervision bancaire et deviendrait un organisme paneuropéen ayant le pouvoir d’obliger les superviseurs nationaux à agir selon ses directives. Il s’appuierait sur la capacité de recherche de la BCE pour être en mesure d’analyser les canaux de transmission du risque systémique et d’identifier le plus précisément possible le périmètre des institutions financières d’importance systémique. Pour le faire, la BCE devrait avoir accès aux informations sensibles sur les positions des entités sous surveillance nationale. Dans les deux cas, la réforme passe par de nouvelles législations. Les obstacles à surmonter sont considérables. Outre-Atlantique, l’interférence entre la réglementation fédérale et les
intérêts politiques locaux est intense. C’est la principale difficulté. Dans l’UE, le problème politique majeur consiste à trouver une cote mal taillée entre les intérêts nationaux.

HENRI SCHWAMM
Université de Genève


L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Lundi 18 Janvier 2010




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