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Le transfert d’argent international, un pas de plus vers la convergence télécom-banque

Les transferts de fonds des diasporas sont de plus en plus importants dans les économies des pays qui connaissent un grand flux migratoire. A titre illustratif, 25 milliards de dollars ont été transférés en 2012 vers l'Afrique Subsaharienne ce qui correspond à 2,5 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone.


Jean-Michel Huet
Jean-Michel Huet
Les fonds envoyés représentent une forme d’aide directe destinée aux familles restées dans les pays d’origine puisqu'ils permettent de faire face, à plus de 80 %, à des dépenses de première nécessité : les dépenses alimentaires, la santé et l’éducation. Les principaux acteurs sur ce marché sont les Sociétés de Transferts d’Argent (STA), présentes depuis le milieu des années 90 en Afrique. Elles connaissent des taux de croissance variant entre 35 et 70 % par an et par pays, d’après la Banque Africaine de Développement. Western Union est aujourd'hui le leader avec une part de marché variant entre 65 % et 100 % selon les pays. Si la présence des banques en Afrique Subsaharienne reste limitée sur ce marché, ceci s'explique par le faible taux de bancarisation des populations locales.

Aujourd'hui, le développement grandissant de la téléphonie et dans une moindre mesure de la monétique en Afrique (cartes bancaires) permet d'envisager de nouveaux circuits de transfert (transferts sur cartes ou via téléphone). Ce type de solutions est basé sur des formules de "recharge", réel savoir-faire des opérateurs télécom présents sur le continent africain.

Concrètement, ces solutions télécoms se traduisent par la possibilité de transférer des fonds par le débit d'un forfait téléphonique ou compte de minutes de communication vers un téléphone ou une carte rechargeable. Le destinataire des fonds pourra l'utiliser comme crédit de communication ou transformer ses minutes en cash auprès d'une agence ou d'un revendeur. Cela suppose la création d'un « compte communication » permettant le dépôt et retrait de cash sous forme de « minutes ». Cette solution ne nécessite pas de compte bancaire mais d’un compte de « conciliation » entre établissements, conformément au modèle de Western Union. En effet, grâce aux partenaires locaux, l’argent n’est à aucun moment transféré. Il est avancé par l’établissement « receveur ». Via ce système, cet intermédiaire se rémunère grâce aux jours de valeur (grâce au différentiel de délai entre la date de règlement des émetteurs et délais de remboursement des receveurs), aux frais de transfert et au taux de change appliqué au montant transféré (habituellement différent du taux de change interbancaire en cours).

Néanmoins, l’offre de services financiers nécessite une autorisation du régulateur bancaire. Aussi, l’opérateur télécom devra répondre aux exigences juridiques et réglementaires propres à chaque pays.

La réussite d’un modèle télécom de transfert d’argent suppose la maîtrise de certains facteurs clés de succès permettant de légitimer la volonté nouvelle de positionnement.

Dans les pays où la culture bancaire est faible, les opérateurs télécoms occupent une place très importante dans le paysage économique et développent plus facilement une légitimité sur ce marché. Néanmoins, les clients « émetteurs » dans les pays à forts usages bancaires seront plus difficiles à convaincre. L’acteur télécom a besoin de justifier sa présence sur ce segment et prouver sa capacité à jouer ce rôle où d’autres acteurs ont déjà fait leurs preuves. Aussi, pour s’assurer de l’adoption de l’offre, la cible client doit être identifiée dans les pays « émetteurs » et « récepteurs ». Une stratégie marketing spécifique (différenciée par pays) permettra de mieux adresser les populations concernées. De même, l’accessibilité est un critère déterminant dans le choix du prestataire de transfert. Un maillage développé du réseau de distribution permet non seulement une proximité client plus forte mais également un meilleur service d’accueil (disponibilité des interlocuteurs, délai d’attente moins importants, …).

Parmi les autres facteurs clé de succès, la mise en place d’un système d’information mondial centralisant toutes les informations relatives aux transactions passées quel que soit le pays d’émission ou le pays de réception. Cette architecture unique permet la gestion des opérations en quasi-temps réel tout limitant les problèmes de synchronisation et le risque d’erreurs (double paiement). Ce risque est d'autant plus important dans le secteur financier où l'opérateur doit se prémunir des risques de piratage informatique et de perte voire falsification d’information.

Par ailleurs, l'opérateur télécom pourrait envisager de créer une entité financière qui aurait en charge la gestion du volet financier de l’activité de transfert de fonds (taux de change, jours de valeurs, …) et qui arbitrerait les différentes transactions générées entre l’établissement émetteur et récepteur.

Toutefois, un travail de fond reste à faire pour affiner le positionnement de l'opérateur dans la chaîne de valeur ainsi que sa posture dans l'écosystème global. Les opérateurs télécoms sont aussi légitimes que les STA à se positionner sur ce marché, en particulier depuis le lancement des offres de paiement mobile. Néanmoins, pour proposer ce service, ils devront remplir certaines conditions clés qui font la force, aujourd’hui, des STA.


Jeudi 24 Avril 2014




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