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Le rôle et le courage

L 'ADAE (1) organisait sa conférence annuelle sur le thème : « Gouvernance comparée en Europe - Quelles sont les pratiques réelles de gouvernance exercées par les entreprises ? » où sont intervenus Henri MALOSSE, Président CESE (Comité Économique et Social Européen) ; Bernard BOURIGEAUD, Administrateur d'Amadeus, de Jefferies & de CGI, et Olivier HUART, CEO de TDF. Comme à mon habitude, je ne souhaite pas brosser un compte-rendu, mais juste rebondir sur des idées évoquées lors de cette conférence.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
« L'administrateur [indépendant] doit avoir un rôle et le tenir. » Les mots sont parfois ambivalents et il aurait peut-être été opportun de se livrer à une désambiguïsation à la volée. Du théâtre amateur pratiqué lors de mes lointaines années de Lycée, j'ai retenu le coté fascinant mais illusoire, artificiel, virtuel de la représentation. Cela voudrait dire que le Conseil n'est tout compte fait qu'une comédie, les administrateurs des histrions et le président un Auguste appelant le citoyen-spectateur à applaudir à la fin. Pourquoi mentir ? De tels Conseils d'Administration existent, ils ne sont que des simulacres, des chambres d'enregistrement où les diktats du mâle dominant de la horde sont toilettés pour que la forme soit convenable.

Mais le rôle désigne aussi la fonction, l'emploi : par exemple la description des systèmes informatiques confère aux objets et aux acteurs des rôles que ceux-ci exercent. C'est bien sûr ici qu'il faut trouver la justification de la nomination de tel administrateur dans tel conseil. La compétence spécifique de l'administrateur se met au service de l'entreprise dans un domaine où l'individu excelle et où l'entreprise constate un besoin.

Faut il aussi comprendre de cette injonction que l'administrateur ne doit pas sortir de son rôle ? Je pense que oui, il est sain qu'un administrateur ne s'imagine pas comme un dirigeant–exécutif qu'il n'est pas et se cantonne à sa partition, toute sa partition, rien que sa partition. Mais qu'il écoute et observe tout le reste de l'orchestre et du public avec attention et intérêt.

Il va de soit qu'au sein du Conseil d'Administration, « la parole doit être libre ». La condition est nécessaire, mais est-elle suffisante ? Bien sûr que non ! Sans le courage de chaque administrateur pris individuellement, cette libre-parole n'est qu'une chimère sans réelle utilité. Plus encore, sans ce courage, la loyauté la plus vertueuse et la compétence la plus rare ne serviraient à rien. Le courage de lever le doigt pour dire « je ne comprends pas », sans auto-censure pour éviter de perdre la face. Le courage encore de signaler qu'un arbitrage semble sacrifier de façon trop déséquilibrée l'intérêt de certains stakeholders (2) parmi les principaux (actionnaires – employés - clients). Le courage toujours d'alerter que la décision envisagée serait intrinsèquement défavorable à l'entreprise, ou qu'elle ouvre la porte à une insupportable incertitude. Le courage enfin de proclamer que des normes éthiques sont franchies, quand malheureusement elles le sont, et d'en tirer les conséquences. Bref, l'absence du trac qui paralyse quand il faut tenir son rôle ...

Je confesse avec Bernard Bourigeaud une certaine défiance de vieux cynique désabusé (3) envers le concept d'indépendance d'un administrateur. Pas dans les principes, bien sûr, mais je suis frustré de constater que « normer » cette indépendance me semble illusoire. Par contre, les prises de positions indéniablement courageuses d'administrateurs sont des preuves – parfois éphémères – d'indépendance. Pas de chance, je ne crois pas qu'il existe une mesure objective et préalable du courage !

Que dire d'autre, sinon que la convivialité de l'ADAE mérite moult macarons au guide des associations professionnelles, et qu'après cette conférence, il était éminemment sympathique de refaire le monde en excellente compagnie. Merci donc pour cet accueil !

i(1) Petit rappel de présentation de l'ADAE que préside Daniel Corfmat : l'objectif de cette association est de promouvoir la gouvernance au sein des PME depuis 1996 (date de sa création) avec 4 axes d'actions principaux :
- Informer les parties prenantes ;
- Former ses membres (1ère formation d’administrateur d’entreprise en France);
- Réfléchir sur la doctrine et établir/proposer des « softlaws » ;
- Diffuser ses travaux.
Plus d'info ? [www.adae.asso.fr


(2) Ayant-droit

(3) il s'agit de moi, pas de Monsieur Bourigeaud !]i


Vendredi 23 Novembre 2012




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1.Posté par françois le 07/12/2012 14:32 | Alerter
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pas besoin d'être "administrateur" pour ressentir ce besoin d'être un "citoyen d'entreprise".
cela est aussi vrai quand on est confronté à la routine dans les choix techniques et organisationnels ... qui donnent toujours les mêmes résultats avec les mêmes connivances avec le mâle dominant de la meute.

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