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Le naufrage du dialogue social à la "FRANCAISE"

Le naufrage du dialogue social à la "FRANCAISE" -


Jean-Louis Chambon
Jean-Louis Chambon
Le dialogue social à la « française » emprunte ses spécificités à l’Esprit français, élégant quelque fois, gaulois souvent et toujours contradictoire.

« Les petites histoires » de l’actualité sociale en sont la cruelle illustration :
Prenons tout d’abord l’exemple du tragique destin de SEA FRANCE avec les conséquences sociales et financières que l’on anticipe.

Comment a-t-on pu en arriver là ?

L’absence de compétitivité de l’Entreprise, sa gouvernance et la typologie de son actionnariat en sont sans doute une première explication mais leur dénominateur commun, le monopole syndical (en l’occurrence la CFDT Maritime) parangon du « jusqu’au boutisme » de l’aveuglement dogmatique et du rapport de force porte la responsabilité d’avoir conduit l’Entreprise vers son suicide.

Outre les dérives et les pratiques douteuses qui peu à peu se confirment, d’une gouvernance qui relève d’un doux mélange d’un actionnaire public, la SNCF, dont la culture économique s’arrête aux portes de son monopole et des partenaires sociaux faisant l’impasse sur les réalités économiques et commerciales convaincus que finalement l’Etat paiera…….

Vient ensuite le mauvais troisième acte de la tragi-comédie des « conti » avec le soutien surréaliste de quatre candidats de gauche à la présidentielle au profit du leader cégétiste, Xavier MATHIEU : on connaît entre autres qualités, ses capacités de saccage, de séquestration illégale et illégitime de Dirigeants Salariés. Il se refusait obstinément à se soumettre à la loi à laquelle est soumis le commun des mortels.
Il est assez surprenant de trouver au premier rang de ce soutien médiatique, l’ex magistrate, Eva JOLY, hier, porte drapeau de l’indépendance de la justice.

Finalement une simple amende est venue clore cette parodie et encenser « ce pouvoir de résistance » avec une forme de bénédiction des juges et des élus, comme symbole de la nouvelle lutte des classes.

Adieu donc à l’égalité des citoyens devant la loi.

De ces faits résultent trois leçons :
- La première touche à la prétendue solidarité dans les luttes sociales, elle s’arrête en réalité « au pied de l’échafaud » : moins de 200 salariés sur 850 avaient finalement accepté de rejoindre le projet de SCOP, les autres préférant conserver leur indemnité, dopés par la SNCF, (donc le contribuable) aux risques de tout Entrepreneur…… ce qui suffit à la démonstration.
- L’absence structurelle de représentativité des partenaires sociaux en constitue la seconde composante : cela est partiellement vrai pour les Employeurs (qui se contestent entre eux leur légitimité) et totalement pour les syndicats de salariés dits représentatifs qui se partagent moins de 6% d’adhésion de salariés, (95 % du secteur privé ne sont donc pas représentés par le syndicalisme qui par contre est lourdement présent dans le secteur public, là où le risque de perte d’emploi est quasiment nul).
L’Histoire parait s’être arrêtée en 1936, même si la loi du 20 Août 2008 a tenté de redistribuer les cartes pour renforcer la légitimité des partenaires sociaux.
Hélas il n’en est rien : loin d’entraîner un nouvel élan d’adhésion, de surcroît les nouvelles générations de salariés se détournent encore plus que leurs aînés du syndicalisme contemporain.

Au total aucun des objectifs que s’était fixée cette loi ne paraît susceptible d’être atteint : avec des effets pervers qui renforcent non pas la légitimité des adhérents mais celle des structures et…..de leurs permanents.

Si l’absence de représentativité est une fragilité criante du modèle français du dialogue social, l’affaire SEA FRANCE montre à l’évidence que les dérives du monopole (ou l’oligopole syndical) sont tout aussi dangereuses, comme à la SNCF, à la RATP ou dans le contrôle aérien, où le droit d’entrave s’est culturellement substitué au droit de grève.

- Enfin, le prétendu dialogue social est devenu un « grand n’importe quoi » où l’Etat et les contribuables sont en permanence pris en otage et règlent les factures. Ce qui rend impossible de continuer de faire « comme si » : « comme si » les syndicats étaient représentatifs et « comme s’ils » étaient responsables…. :
L’incapacité de la centrale à faire entendre raison à « sa fille » maritime montre combien la réalité est éloignée des discours.

Aussi le défi de l’adaptation française au nouveau monde nécessite un cadre et une pédagogie nouvelle au dialogue social français dont il faut repenser les fondements, ses bases étant devenues malsaines, les postures et l’affrontement dogmatique s’étant substitués à la nécessité d’une synergie forte entre partenaires.

C’est une des conditions pour lever le blocage français face au changement :
D’autres modèles existent qui ont fait leur preuve, au Danemark, par exemple, haut lieu de la flexicurité, l’ensemble des parties prenantes de l’Entreprise est représentée (des fournisseurs aux activités diverses).

Il nous faut aussi ouvrir et élargir notre dialogue social où toutes les responsabilités d’aujourd’hui dans l’Entreprise soient représentées et actives tels que les actionnaires salariés (qui peuvent détenir jusqu’à 15 % du capital) ou les Dirigeants salariés dont la légitimité en tant que pilote ne peut être contestée et qui disposent, dans les pays nordiques, d’une représentation spécifique, et d’un rôle éminent dans le dialogue social.

Mais qui aura la lucidité et le courage moral de passer à l’action ?

Jean-Louis Chambon
Président du Prix et du Cercle TURGOT, et de la Fédération Nationale des Cadres Dirigeants


Retrouvez les chroniques de Jean-Louis Chambon sur www.canalacademie.com

Lundi 23 Janvier 2012




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