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Le développement durable va-t-il tuer le capitalisme ?

Présentation du livre "Le développement durable va-t-il tuer le capitalisme ?" de Patrick D'Humières, chroniqueur de votre quotidien CFO-news.


Laurent Leloup
Laurent Leloup
Préface de J-H. Lorenzi, président du Cercle des économistes : « derrière le titre provocateur, l’auteur analyse les changements en cours dans les relations fondamentales entre l’entreprise et la Société et fait des propositions pour montrer ce que pourrait être un « éco-capitalisme » issu de la crise actuelle »

La thèse du livre : un basculement s’est produit dans l’économie contemporaine, du fait d’une prise de pouvoir progressive de la société sur les marchés. Cette évolution induit une tension forte avec les entreprises, lorsqu’elles restent dans des schémas d’offre et de pouvoir traditionnels. De fait, elles sous-estiment encore largement les enjeux collectifs (climatiques, énergétiques, sociaux…) qui sont devant nous. Elles veulent croire que la sphère économique et la sphère politique sont distinctes comme on l’a enseigné, à tort, pendant des décennies. Elles ont du mal à bousculer les modèles de production traditionnels pour prendre des risques d’innovation dans des services qui redistribuent les conditions d’accès et affaiblissent des rentes.

En effet, la « croissance durable » – devenue aujourd’hui une demande universelle et collective – change la façon dont les entreprises doivent être conduites et leur relation avec la Société, car il s’agit de mieux répondre à la demande des parties prenantes ou des régulateurs. Cette « croissance durable »constitue pourtant une formidable opportunité de sortie de crise. Les entreprises doivent saisir cet appel à « l’adaptation sociétale » et ne pas le craindre ou hésiter car elles ont tout à gagner à aller vers ce qu’on peut appeler un « éco-capitalisme » et à innover pour réduire leur coûts, changer leur process énergétique et donner plus de place aux droits humains etc… Et ce d’autant que la leçon de Copenhague est que les changements viendront moins d’en haut, par la norme, que d’en bas, par la demande et le marché.

Le développement durable va-t-il tuer le capitalisme ?

Le sondage Opinion Way réalisé à la mi-décembre 2009 confirme la demande générale d’un aménagement du système économique à travers le Développement Durable . L’opinion y voit une source de progrès nécessaire et non de rupture inquiétante.

De façon plus précise, en adoptant une vision constructive et non alarmiste de la situation, la contribution de ce livre est de montrer que la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est beaucoup plus que ce qu’on croit souvent – un alibi pour l’image : c’est un levier fondamental pour faire entrer l’intérêt général dans la gestion des marchés. Ce n’est pas une nouvelle communication d’entreprise mais une clé de la régulation contractuelle entreprise-Société.

1. Il démontre la montée inéluctable des dispositifs de « régulation durable » (fiscalité écologique, péréquations riches/pauvres, principe de précaution…) en dépit des apparences et des échecs ou retour en arrière qui jalonnent l’actualité quotidienne de ce sujet.
2. Il reconnaît l’échec de l’auto-régulation de la part des entreprises et la nécessité de faire entrer les comportements progressivement dans des référentiels négociés et universels
3. Il annonce une « nouvelle RSE » qui verra le jour au sein des politiques publiques, autour de trois considérations :
- Ne pas se situer sur le terrain moral mais sur celui de l’économie, en se rappelant que la RSE est d’abord l’intégration des « externalités négatives » ; la « création de valeur durable » passe par le chiffrage de cette réintégration.
- Ne pas décréter ce qu’il faut faire ou non mais inciter à contracter des progrès avec les parties prenantes et les Etats pour faire entrer dans la décision économique les attentes de la société civile. Cela débouche toujours sur des innovations porteuses, clés de l’adaptation nécessaire des modèles
- Mettre des incitations car il ne peut y avoir de RSE sérieuse hors d’une politique contractuelle à trouver avec les acteurs publics; ce ce qui change la façon de faire du lobbying ou d’organiser la fiscalité.

Deux faits d’actualité justifient l’intérêt de ce livre :

a) Dans le contexte français, nous avons un rendez-vous important dans le cadre de la loi Grenelle 2 qui est la question de la gouvernance (articles 82 et 83), en débat à l’Assemblée dans les semaines qui viennent. La question est de savoir si on va reconnaître que la RSE a une place au cœur des politiques publiques et inciter à une logique générale de transparence au sein des rapports de gestion des entreprises (cf. amendement Pancher, article 83).

b) Va-t-on installer dans le contexte européen un régime original d’encouragement à la RSE, qui pourrait faire suite aux consultations en cours, afin de donner un cadre à notre modèle social, harmonisant de nombreuses législations prises en ce sens par les Etats membres. C’est d’autant plus utile qu’une norme ISO 26000 définit désormais universellement la RSE.

Le livre contient à ces sujets une proposition fondamentale qui devrait faire son chemin dans les années à venir : la « facilité ouverte de rémunération sociétale ou FORSE » qui serait un mécanisme négocié de modulation de l’IS accordé aux entreprises attestant des résultats significatifs en RSE, en cohérence avec la stratégie nationale de Développement Durable. Il y a une logique économique à cela et c’est la bonne façon de reconnaître les efforts des entreprises vertueuses par rapport aux autres. L’adaptation du modèle passe par cette mesure qui peut limiter le dumping social et environnemental qui ruine le mouvement de mondialisation en cours.

Le livre de Patrick d’Humières fait le lien entre les réflexions macro-économiques qui animent les débats sur l’après-crise et la réflexion micro-économique, au niveau de l’entreprise, qui fixe le rôle des acteurs économiques dans l’adaptation et la gestion du modèle, si on veut inventer cette « croissance durable » qui sera le défi de ce siècle.

Lien vers le livre :
www.maxima.fr/index-fiche-387-Le-developpement-durable-va-t-il-tuer-le-capitalisme-.html

Laurent Leloup

Mardi 9 Février 2010




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