Le crime paie !
17/04/2013

Pourquoi s’étonner dans un tel contexte que les intervenants et acteurs du système modifient progressivement leurs comportements du fait du glissement de ce ratio « risque-récompense » ? Ce déséquilibre de la justice n’est-il pas une aubaine pour celles et ceux qui, violant les règles, sont néanmoins en mal de justification morale ? La société dans son ensemble doit dès lors s’adapter à ce nouveau paradigme qui enseigne qu’il est « acceptable » de transgresser la loi. Selon cette même logique imparable, les « too big to fail » sont considérés comme des « too big to jail », ou trop importants pour être emprisonnés… Ce constant très perturbant qui remet en cause la confiance en le système ne démontre-t-il pas aussi – en creux – que la protection de l’argent et des intérêts passe avant la protection des citoyens et de la société ? Véritable exhortation lancée en direction des établissements (financiers et autres) et de leurs directions pour former des cartels, manipuler les cours et les prix, escroquer et, ce, au mépris de la stabilité de nos économies. Même si cette clémence est souvent invoquée précisément au nom de cette stabilité économique et financière, tant nos responsables sont hantés par les conséquences que pourraient avoir la mise en faillite d’une banque, ou la comparution en justice d’un personnage (économique ou politique) éminent.
A quoi bon dès lors obéir aux lois et aux règlementations si seuls les plus faibles et les moins protégés passent en jugement ? Quand le crime est légitimé, c’est l’Etat qui perd naturellement toute légitimité. Et il devient impossible de reconstruire le système financier sur le seul fondement qui compte et sur lequel il puisse prospérer : la confiance.
Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com
