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Le crédit participatif : soutenir l’investissement, donner du sens à l’épargne

Asterès publie aujourd’hui sa dernière étude réalisée pour le compte de Credit.fr.


Nicolas Bouzou
Nicolas Bouzou
Dans un environnement financier dominé par les banques, la finance entre pairs émerge. Son poids est encore faible mais son rythme de développement est exponentiel : le marché double chaque année. Épargnants et entreprises y trouvent leur compte. Plus généralement, c’est l’ensemble de l’économie qui en profite à travers le soutien de l’investissement et de l’innovation. A l’image des autres segments de l’économie collaborative, la démocratisation de ce mode d’échange souffre cependant d’une législation inadaptée et relativement rigide. Les comportements citoyens évoluent quant à eux rapidement et propulsent de nouvelles logiques économiques. Les pouvoirs publics doivent mieux comprendre ces phénomènes pour développer un cadre légal incitatif et protecteur de la nouvelle économie montante.

Synthèse

Rattachée au phénomène de l’économie collaborative, la finance participative a pris son essor dans la seconde moitié des années 2000, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe et en Asie.

Il s’agit d’un modèle d’échanges communautaires organisé par des plateformes numériques. Celles-ci permettent à des porteurs de projets, entrepreneuriaux ou solidaires, d’obtenir des crédits, avec ou sans intérêt, des participations en capital ou des dons, avec ou sans contrepartie, directement auprès d’une foule de particuliers désireux de donner du sens à leur épargne.

Le phénomène, encore naissant, ne constitue pour l’heure qu’un marché de niche. Son potentiel est toutefois colossal et sa croissance exponentielle. En 2014, les plateformes françaises ont collecté 152 millions d’euros, soit un doublement des montants sur un an et une multiplication par cinq en deux ans. En 2015, les montants ont vraisemblablement encore doublé relativement à l’année précédente. Au printemps 2015, on recensait déjà 1,75 million de personnes ayant déjà financé un projet via une plateforme française de financement collaboratif.

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Au premier semestre 2015, plus de la moitié des montants levés par la finance collaborative provenait de prêts, soit 85 millions d’euros. Ces prêts se sont orientés à 70% vers les particuliers et à 30% vers les entreprises. Les crédits aux entreprises se sont élevés en moyenne à 88 684 euros, soit une levée moyenne en hausse de 36% relativement à 2014. Le crédit participatif renforce ainsi sa capacité à financer les projets des petites et moyennes entreprises.

Le crédit participatif présente divers avantages relativement à la finance traditionnelle, tant pour les porteurs de projet que pour les prêteurs :

- Via une mise en relation avec un grand nombre de personnes désireuses de placer leur argent, le modèle assure aux entreprises un accès aux crédits à la fois aisé et rapide. A l’instar des banques, les plateformes de prêts collaboratifs contrôlent rigoureusement le risque des projets à financer. Mais à l’inverse des banques, elles ne réclament pas de garanties et répondent aux sollicitations dans des délais particulièrement courts (moins d’une semaine, contre une à trois semaines pour les banques). L’hétérogénéité des contributeurs, dans leurs goûts, leurs valeurs et leurs objectifs, permet en outre de soutenir des projets atypiques qui pourraient rencontrer des difficultés à obtenir un financement bancaire.

- Les prêteurs collaboratifs bénéficient quant à eux de rendements particulièrement importants (8% en moyenne). Par ailleurs, en choisissant eux même les entreprises qu’ils financent, ils sont plus à même de donner du sens à leur épargne.

Contrairement aux prêts, les dons collaboratifs, qu’ils soient avec ou sans contrepartie, offrent peu d’avantages financiers. Ils peuvent toutefois être utilisés comme de puissants outils marketing pour se faire connaître, se constituer une communauté et renforcer les chances de succès. Le modèle du don avec contrepartie, qui s’assimile en pratique à des commandes prépayées de produits, permet de réduire considérablement le risque financier encouru par les entrepreneurs. Avec ce modèle, leur investissement n’est en effet concrétisé qu’en présence d’un volume minimal de commandes.

Plus qu’une alternative aux sources traditionnelles de financement, la finance participative constitue une offre à la fois complémentaire et nécessaire au système financier. Le modèle du financement participatif en actions constitue notamment une réponse au problème du « trou de financement », véritable frein au développement des startups françaises. Par manque de business angels, le développement de nombreuses startups françaises se trouve ralenti, voire interrompu, alors que leurs besoins financiers sont encore inférieurs à 500 000 euros. Les prêts participatifs, portant généralement sur des montants inférieurs à 100 000 euros, et les investissements participatifs en capital, avec des montants moyens de 400 000 euros, sont des compléments au système financier traditionnel pour promouvoir le développement des startups françaises.

Comme tout mode de financement, la finance participative comporte néanmoins des limites.

Rentabilité et risque des crédits participatifs

Avec un taux nominal annuel de 8% en moyenne, les crédits participatifs se révèlent être des placements particulièrement rentables.

Rappelons néanmoins que la rentabilité d’un placement est généralement corrélée à son risque.
- Le financement participatif étant une activité jeune et à ce jour peu diffusée, les données relatives aux incidents de paiement sont encore rares.
- Le chiffre des défaillances évoqué par les plateformes étrangères « matures » est d’environ 3% des montants collectés. Ce taux ne constitue toutefois pas une estimation satisfaisante du risque. En effet, la croissance exponentielle du marché se traduit par une proportion de crédits récents toujours plus importante. Or les défauts déclarés sont logiquement d’autant moins nombreux que les crédits sont jeunes.
- De manière plus rigoureuse, les impayés doivent être rapportés au volume des crédits terminés. Sur la première plateforme britannique de prêt participatif, Funding Circle, ce ratio est de 4% pour les prêts consentis en 2010 et de 5,5% pour ceux réalisés en 2011. Compte tenu d’un nombre de prêts remboursés encore trop restreint sur les plateformes françaises, ce calcul ne peut être convenablement réalisé en France.

La rentabilité élevée dont bénéficient les prêteurs de la finance participative se traduit logiquement par des coûts d’emprunt également élevés pour les entreprises, alors que les taux des crédits bancaires sont actuellement à leurs plus bas historiques (2 – 3%). Les taux d’intérêt élevés de la finance participative seraient ainsi non seulement la contrepartie du capital prêté, mais également de tous les avantages annexes, financiers et marketing, offerts par le modèle.

Des réglementations nationales se mettent en place pour encadrer la finance participative :
- En avril 2012 a été publié aux Etats-Unis le Jumpstart Our Business Startups (JOBS) act.
- Un an plus tard, l’ordonnance française n°2014-559 du 30 mai 2014 encadre les plateformes de prêt et d’investissement en capital, et les libère des règles de l’autorité des marchés financiers (AMF). Les plateformes françaises de dons avec contrepartie sont régies par les règles applicables à la prévente. L’ordonnance plafonne les prêts sans intérêt à 4 000 euros par prêteur et par projet, et les prêts avec intérêt à 1 000 euros. Cette dernière limite nous semble tout à fait injustifiée. Elle constitue un frein majeur au financement des TPE et des PME par le biais des prêts participatifs.

La loi Macron a rendu possible le prêt entre entreprises sous certaines conditions. Cette évolution réglementaire, qui sera effective avec la publication des décrets d’application, devrait se traduire par une sensible accélération des crédits participatifs aux entreprises.

Recommandations d’Asterès

Nous recommandons une élévation du plafond des prêts avec intérêt à 5 000 euros (au lieu de 1 000 euros actuellement) pour soutenir le fléchage de l’épargne des particuliers vers les TPE et les PME françaises. Une telle réforme permettra notamment aux emprunteurs de réussir leurs levées de fonds à partir d’un nombre de prêteurs plus restreint. Elle devrait notamment se traduire par une hausse du montant moyen prêté, répondant ainsi au besoin de financement de PME de taille plus importante.

Nous recommandons de permettre aux plateformes d’investir dans les projets qu’elles proposent afin de les associer à la prise de risque que représentent ces placements. Une plateforme qui investirait dans son portefeuille de projets serait logiquement incitée à contrôler consciencieusement le risque et enverrait un signal de confiance aux investisseurs particuliers.

Pour promouvoir les prêts participatifs en France auprès du grand public et des entreprises, nous proposons de concéder temporairement des avantages fiscaux, avec plafond.

Pour accéder à l'intégralité de l'étude de 47 pages :
drive.google.com/file/d/0B8r18-Es-AmSZlBTTE1rbmFZcEU/view

Nicolas Bouzou
Economiste et essayiste, Directeur - Fondateur d’Asterès
Directeur d’études à la Law & Management School Université Paris II Assas

ASTERES
81 rue Réaumur | 75002 Paris
www.asteres.fr

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Vendredi 12 Février 2016




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