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Le Times et Jeremy Clarkson

Alors que l’Europe prend des airs d’Antarctique, on entend les mamies sur le quai qui commentent, goguenardes : « Et on nous parle de réchauffement de la planète. » Comme d’autres qui, se plaignant d’un début d’année trop chargé, se demandent avec une once d’irritation : « La crise ? Quelle crise ? » C’est l’expression de ce qu’on appelle le bon sens populaire, rassurant despote sans visage, plus puissant que tous les médias et tous les politiques, mais plus changeant que la lune. Car les mêmes s’exclament un 24 août, par 35 degrés : « ben ouais, c’est la catastrophe qui se prépare. » Ou, en lisant les chutes de l’action UBS : « Ce pays est foutu. » Tout, au fond, dépend de l’humeur du sujet. Dépendant de cette humeur, le futur sera blanc ou noir, mais toujours plein de bon sens.


David Laufer
David Laufer
Or Jeremy Clarkson possède ces traits distinctifs qu’il est presque toujours de mauvaise humeur, et qu’il s’oppose avec la dernière énergie – et un peu de mauvaise foi - à ce qu’on appelle le bon sens populaire. Jeremy est l’un des chroniqueurs automobiles les plus influents de la planète. Avec son show Top Gear sur BBC et sa chronique dans le Times, il a conquis le monde entier, transformant les essais de voiture en véritables petits films, pleins de commentaires délirants, de séquences incroyablement dangereuse (l’un des chroniqueurs a failli y laisser sa peau dernièrement) et le tout dans un esprit fondamentalement britannique. C'est-à-dire pince-sans-rire, conservateur, pragmatique, violent, machiste et bourré d’autodérision. Il installe un Renault Espace sur des rails et lance une motrice à 100 km/h pour voir ce que ça donne. Il démolit à la masse, complètement, une petite japonaise. Il grimpe une colline écossaise en 4X4, jusqu’au sommet. Etc. Souvent irritant, parfois infâme, toujours drôle et intéressant.

Et comme nous parlions de réchauffement climatique, le sujet de Jeremy est évidemment sensible. Car les voitures qu’il aime, les voitures rapides et chères, donc polluantes et bruyantes, sont l’objet d’attaques d’une violence encore inimaginable il y a cinq ans. Mais voilà qu’arrive la Tesla. Baptisée en l’honneur de Nikola Tesla, l’inventeur serbe de la radio mort à New York en 43, la Tesla est un élégant coupé sport, avec la particularité que son moteur est entièrement électrique. Développée en Californie et assemblée en Angleterre, et vendue au prix de 100'000 Euros, la Tesla Roadster a suscité un enthousiasme délirant parmi une classe très particulière de la société : les riches sensibles aux questions d’environnement. Ça fait un paquet de monde, et de beau monde. Car voilà un moyen de ne rien abandonner tout en ayant bonne conscience : l’équivalent, en automobile, d’un pur malt écossais hors d’âge en quantité illimitée et qui ne fasse pas mal au foie. Ou d’une soirée avec deux escorts tchèques offerte, avec le sourire, par votre femme.

Lorsque Jeremy est parti essayer la Tesla, il était plein d’espoir. Mais très rapidement, l’essai tourne au pataquès. Sur les deux modèles présents, l’un tombe en panne après 70 kilomètres, alors que la batterie est censée durer plus de 300, et 16 heures sont nécessaires pour la recharger ; quant à l’autre, elle part en surchauffe pour des raisons inexpliquées. Même si Jeremy conserve un bon souvenir de son accélération époustouflante et de ses lignes racées, il n’hésite pas démolir la Tesla dans son émission suivante, avec son habituel humour ravageur. C’est là que la chose se corse. Car si Tesla Motors ne dément pas un seul des mots du chroniqueur et reconnaît la mésaventure, tous les autres journaux tombent sur le râble de Jeremy et lui en font voir de toutes les couleurs. Du New York Times au Guardian, de l’Independent au Daily Mail, on le traite de menteur, d’incapable, et toutes sortes de noms d’oiseaux. On n’est plus très loin du blasphème, de l’outrage absolu qui consiste à dénigrer la religion du plus grand nombre, forte de la conviction de ses adhérents plus encore que de sa réalité.

Qu’on me comprenne bien, je n’ai rien contre le réchauffement climatique. Comme tout le monde, il me fait peur parfois, m’intrigue souvent et me laisse songeur la plupart du temps. Je ne suis pas certain de bien le comprendre, et encore moins certain que ceux qui nous disent le comprendre l’ont effectivement compris. Mais comme mode, comme esprit du temps, on a connu bien pire et je préfère signer des pétitions contre le réchauffement climatique que contre les Juifs, ou contre les Bulgares et les Roumains.

David Laufer
Partenaire expert CFO-news

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Jeudi 15 Janvier 2009




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