La vraie crise, celle des faillites d'entreprises

Editorial de Ludovic Subran Chef Economiste Euler Hermes.


Destruction créatrice
Qu’on le veuille ou non, les vraies victimes de la crise européenne sont définitivement les entreprises. La sinistralité des entreprises en zone euro augmenterait en effet de +21% en 2013, pour revenir à un rythme de croissance (plus) modéré de+7% en 2014.

En Espagne par exemple, nous attendons un nouveau record historique avec près de 11000 compagnies qui feraient défaut cette année. Ces nombreuses faillites inquiètent et riment malheureusement avec une envolée du chômage et un vrai phénomène de désindustrialisation.

Depuis les chiffres record de 2009, les vagues de sinistralité, des États-Unis à la Chine, en passant par la France, se sont concentrées dans les secteurs aux incitations fiscales erratiques, tels la construction ou les services. Une fois le coup de pouce envolé, nombres d’entreprises n’étaient plus rentables.

Aujourd’hui, l’onde de choc vient plutôt des fondamentaux : le ralentissement marqué de la consommation des ménages en Europe, ou les exports en berne pour l’Asie.

En Europe, les secteurs de la distribution, l’ameublement, l’électronique grand public, ou encore l’automobile sont ainsi fortement affectés. Ce Darwinisme industriel semble donc être la lame de fond de cette année 2013, toujours marquée par le rationnement du crédit. Mais les effets induits sont nombreux : en Asie par exemple, les entreprises voient leurs débouchés fondre comme neige au soleil et les surcapacités posent problème.

Cette turbulence économique (avec un nombre d’entreprises créées qui augmente aussi dans de nombreux pays) pourrait-elle être synonyme de renouveau ? L’entropie économique peut être propice à un nouveau départ, si l’on en croit l’hypothèse évolutionniste de Schumpeter.

Les entreprises les moins adaptées et surtout les moins innovantes, laisseraient place à celles qui se réinventent et qui répondent à de nouveaux besoins. “L’ouragan perpétuel” de Schumpeter, après la tempête de 2009 et l’hiver conjoncturel : cela commence à faire beaucoup.

Et pourtant…Les besoins sont là, dans les secteurs à forte valeur ajoutée, intensifs en talents, en capital humain et en capital social, portés par la recherche et l’innovation et l’entrepreneuriat.

Alors, certes les nouvelles sont mauvaises avec l’envolée des défaillances d’entreprises et l’accélération du risque de paiement, alors que les marges sont déjà affaiblies. Mais, serait-ce reculer pour mieux sauter ? Peut-être. Encore faut-il que les orientations soient prises, sur le soutien à l’innovation, sur l’environnement des affaires, ou sur les incitations afin de prendre soin des jeunes pousses, sans quoi les pépinières d’entreprises seront elles aussi décimées.

Télécharger ci-dessous le Bulletin Economique 1194 (PDF 36 pages)

Bull 1194.pdf  (785.75 Ko)


Vendredi 14 Juin 2013


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