Rémy Mahoudeaux
Techniquement, ces états financiers sont édités par des greffes et des copies de ces documents sont vendues, la plupart du temps en ligne par une société qui s'appelle Infogreffe. J'ai pu en catimini, grâce à l'acquisition de ces passionnants opuscules, jauger la cible d'une croissance externe, juger de la solvabilité d'un futur partenaire, évaluer la performance d'un concurrent.
Ne me prenez pas trop au sérieux, je dois être un piètre juriste puisque ces états financiers édités et distribués ne sont pas cédés par la société-auteur au greffe du tribunal de commerce. Je ne crois pas qu'il y ait un accord sur la chose et sur son prix, et je dirais même que le greffe ponctionne la société avec des émoluments, frais, prébendes et autres valeurs monétaires lors de la remise du manuscrit. Alors le greffe vendrait quelque chose qui ne lui appartiendrait pas ? Quel horrible soupçon envers des auxiliaires de justice !
Je me faisais l'écho le 11 décembre dernier dans un billet au titre martial (1) de la bêtise suicidaire dénoncée par Alain Juillet : obliger ses forces vives à divulguer les forces et faiblesses qui peuvent transparaître dans leurs états financiers. Le constat est édifiant : il faudra négocier longtemps avec une entreprise allemande avant d'obtenir ses comptes, mais cette entreprise d'outre-Rhin n'a besoin que de 10 minutes et une carte de paiement valide pour obtenir ceux de la société française.
Trêve de persifflage : je ne suis pas devenu un irréductible marxiste pour ainsi crier haro sur la rente indue des greffiers, mais quand des dispositions légales créent une asymétrie dommageable aux entreprises nationales, il est pertinent de clamer coram populo que ce masochisme n'a pas lieu d'être, et de tenter d'y mettre fin. Je ne suis pas non plus un fervent admirateur de l'œuvre législative de ceux qui nous gouvernent ou font semblant, mais il convient de saluer les dispositions qui permettront en juin prochain aux micro-entreprises de demander que leurs états financiers soient gardés confidentiels (2). Comme il est peu probable que les greffes assurent la publicité de ces mesures, je me permets d'en informer les lecteurs de Finyear, au cas où ils seraient concernés. Que ces lecteurs puissent ici téléverser le formulaire ad'hoc à remplir, signer et remettre à qui de droit avec les dépôts de comptes et assemblées générale annuelle est aussi une œuvre patriotique dont j'espère que Finyear et moi-même seront récompensés. Il faudra ensuite avoir le courage de monter le curseur pour exonérer encore plus de sociétés de cette publication insane, mais c'est un autre chapitre de l'histoire que de plus puissants que moi devront écrire.
(1) www.finyear.com/Si-l-ost-savait_a34790.html
(2) Article R. 123-111-1 du code de commerce
Téléchargez ci-dessous le “modèle de déclaration de confidentialité des comptes annuels”
Ne me prenez pas trop au sérieux, je dois être un piètre juriste puisque ces états financiers édités et distribués ne sont pas cédés par la société-auteur au greffe du tribunal de commerce. Je ne crois pas qu'il y ait un accord sur la chose et sur son prix, et je dirais même que le greffe ponctionne la société avec des émoluments, frais, prébendes et autres valeurs monétaires lors de la remise du manuscrit. Alors le greffe vendrait quelque chose qui ne lui appartiendrait pas ? Quel horrible soupçon envers des auxiliaires de justice !
Je me faisais l'écho le 11 décembre dernier dans un billet au titre martial (1) de la bêtise suicidaire dénoncée par Alain Juillet : obliger ses forces vives à divulguer les forces et faiblesses qui peuvent transparaître dans leurs états financiers. Le constat est édifiant : il faudra négocier longtemps avec une entreprise allemande avant d'obtenir ses comptes, mais cette entreprise d'outre-Rhin n'a besoin que de 10 minutes et une carte de paiement valide pour obtenir ceux de la société française.
Trêve de persifflage : je ne suis pas devenu un irréductible marxiste pour ainsi crier haro sur la rente indue des greffiers, mais quand des dispositions légales créent une asymétrie dommageable aux entreprises nationales, il est pertinent de clamer coram populo que ce masochisme n'a pas lieu d'être, et de tenter d'y mettre fin. Je ne suis pas non plus un fervent admirateur de l'œuvre législative de ceux qui nous gouvernent ou font semblant, mais il convient de saluer les dispositions qui permettront en juin prochain aux micro-entreprises de demander que leurs états financiers soient gardés confidentiels (2). Comme il est peu probable que les greffes assurent la publicité de ces mesures, je me permets d'en informer les lecteurs de Finyear, au cas où ils seraient concernés. Que ces lecteurs puissent ici téléverser le formulaire ad'hoc à remplir, signer et remettre à qui de droit avec les dépôts de comptes et assemblées générale annuelle est aussi une œuvre patriotique dont j'espère que Finyear et moi-même seront récompensés. Il faudra ensuite avoir le courage de monter le curseur pour exonérer encore plus de sociétés de cette publication insane, mais c'est un autre chapitre de l'histoire que de plus puissants que moi devront écrire.
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