Corporate Finance, DeFi, Blockchain, Web3 News
Corporate Finance, DeFi, Blockchain News

La grenouille de Deloitte et la météo de la conjoncture

J'étais invité à la restitution du premier Baromètre d'opinion des Directeurs Financiers de Deloitte, présentée par Valérie Flament et Katia Ruet. Si je suis un sceptique qui professe à tout vent que « La prévision est un art difficile, surtout quand elle concerne l’avenir » (1), il n’en est pas moins légitime de mouiller son pouce et de le mettre dans le vent, pour savoir d’où il vient, où il va et à quelle vitesse … Dès lors, il faut s’intéresser à la prospective sans en faire un article de foi.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Que notre conjoncture ne déchaîne ni l'enthousiasme, ni l'optimisme, ni encore l'hilarité des CFOs de grandes entreprises est assez évident, et que la tendance soit à la dégradation est une litote convenue. Le communiqué de presse est assez éloquent, et de plus talentueux que moi s'expriment régulièrement ici sur ce sujet pour ne laisser aucun doute. Je n'imagine pas que joindre ma voix de baryton au chœur des Cassandres puisse apporter grand intérêt. De même, je partage les injonctions thérapeutiques : flexibilité du facteur travail et mise au régime minceur du fiscal et des charges sociales. Rien de bien original qui fasse bouger le batracien sur son échelle météo.

Je souhaite cependant m'attarder sur l'aspect « Gestion des risques ».

À la question « Comment qualifiez-vous le niveau d'incertitude économique et financière auquel fera face votre entreprise dans les 6 mois à venir ? », il a été répondu :
Peu d'incertitude = 7% ;
Niveau moyen d'incertitude = 49% ;
Haut niveau d'incertitude = 36% et enfin ;
Très haut niveau d'incertitude = 9%.
L'absence de confiance dans la lisibilité de cette conjoncture semble clairement établie.

À la question « Voyez-vous la gestion des risques plus comme un vrai support au pilotage de la performance ou plus comme une contrainte dont la gestion doit être optimisée ? » le panel a répondu une contrainte à 33% et un vrai support à 67%. Valérie Flament semblait et légèrement surprise, et satisfaite du « bon » score obtenu par « un vrai support ». De mon point de vue, la seule réponse acceptable est 100% pour « un vrai support ». Qu'une entreprise de taille respectable puisse « subir » comme une contrainte son système de gestion des risques me surprend et me choque (2). Une gestion des risques (3) permet, certes au prix d'une démarche coûteuse en temps et en argent :
(a) d'analyser et de documenter l'exposition de l'entreprise aux menaces, et ;
(b) de déterminer les niveaux d'exposition acceptables pour chaque nature de menace, et ;
(c) de diminuer par la prévention la probabilité et/ou l'étendue des menaces, et enfin ;
(d) d'externaliser ce qu'il a été choisi d'externaliser par le biais de couvertures (assurances, dérivés, …).
La démarche me semble intrinsèquement vertueuse, mais aussi indispensable compte tenu du niveau d'incertitude affiché précédemment. Ce qui n'empêche bien évidement pas que cette gestion des risques soit qualitativement améliorée quand elle peut l’être …

La question « Parmi les propositions que je vais vous citer, pourriez-vous me dire celles qui s'appliquent le mieux au renforcement de la gouvernance (comité d'audit, de rémunération, des risques, etc … ? (1 à 3 réponses possibles) » je souhaite aussi apporter mon grain de sel. Tout d'abord choisir jusqu'à 3 propositions sur 5 n'est pas un choix cornélien, il faudrait, à mon sens, être plus restrictif (même si 1,9 réponses ont été données en moyenne). Le panel a plébiscité les réponses « il favorise la transparence de l'information » ; il améliore le contrôle de l'exécution de la stratégie de l'entreprise » , « il améliore le contrôle des opérations » et a marginalisé « il est une contrainte réglementaire » et « il limite la rapidité de la prise de décision ». Je suis plutôt satisfait de ces réponses et abonde dans le sens de Deloitte : C'est le signe d'une Gouvernance mature et perçue comme telle. Juste une suggestion pour le prochain baromètre, si cette question s'avère récurrente : « il favorise la qualité de la prise de décision à tous les niveaux de l'entreprise » pourrait être une des réponses suggérées, et « il favorise la maîtrise de l'exposition aux risques » une autre.

Merci à Deloitte pour son accueil.

(1) Pierre Dac.
(2) Le risque est dans l’ADN de l’entreprise.
(3) En fait il s'agit de gestion des menaces … c’est un abus de langage très courant, déjà relevé x fois.


Vendredi 26 Octobre 2012




OFFRES D'EMPLOI


OFFRES DE STAGES


NOMINATIONS


DERNIERES ACTUALITES


POPULAIRES