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La fin de l’euro après le Printemps ?

L’euro était censé favoriser la convergence des économies et la résorption des déficits budgétaires. Il a conduit aux résultats exactement inverses.


La fin de l’euro après le Printemps ?
Ce printemps, dans les pays arabes, une série de révoltes et de révolutions ont amené à des changements politiques que la plupart des experts considéraient il y a encore quelques mois comme inenvisageables.

A l’origine de ces bouleversements, une réalité toute simple : les pays concernés étaient gérés en dépit du bon sens, au profit exclusif d’une caste de profiteurs toujours très proches du pouvoir, les élections étaient une farce, les jeunes (malgré des études parfois fort longues) ne trouvaient aucun travail, l’économie était écrasée par le poids des fonctionnaires (45% en Egypte, par exemple), le niveau de vie s’écroulait alors que le prix des matières premières s’envolait, l’endettement tant intérieur qu’extérieur ne faisait que s’aggraver et, pire encore, non pas pour payer des dépenses d’investissements, mais pour régler les dépenses de fonctionnement … Pour tous ceux qui ont vingt ans aujourd’hui, dans ces pays, le futur apparaissait quelque peu bouché. La solution? Se retrouver dans la rue pour demander le départ des dirigeants incompétents. Ici ou là, ils réussirent et il ne reste qu’à espérer que les nouveaux dirigeants ne seront pas pires que ceux qui viennent d’être chassés du pouvoir…

Dans l’Euroland, que voyonsnous? A Madrid, à Athènes, à Lisbonne, des foules gigantesques défilent dans les rues pour manifester contre la baisse de leur niveau de vie. En Espagne, le taux de chômage des moins de trente ans dépasse 40 %. En Irlande, en Espagne, en Grèce, les jeunes s’exilent et, de ce fait, les populations baissent.

L’endettement des Etats atteint des niveaux cataclysmiques et trois pays européens sont en faillite déclarée et ont perdu toute souveraineté, le FMI ou l’Allemagne leur dictant leur politique économique.

Nous voyons aussi des systèmes bancaires à la dérive, non seulement dans ces pays, mais dans d’autres aussi, qui essaient de faire croire qu’ils sont à l’abri. Si l’Allemagne a accumulé mille milliards d’euros d’excédents commerciaux en suivant depuis dix ans une politique stupidement mercantiliste, cela veut dire que les banques allemandes ont - dans leur bilan - mille milliards de papiers émis par les Grecs, les Irlandais, les Espagnols, les Français ou les Italiens…

Qui préféreriez-vous être? Le Grec qui a la Mercedes ou la banque qui détient la promesse de payer du Grec ?

Nous voyons encore une banque centrale européenne en quasi faillite, car son bilan est chargé de papiers qui ne valent pas grandchose. Un exemple entre mille: la BCE détient 70 milliards d’obligations grecques achetées à l’émission (c’est-à-dire à 100) et qui valent aujourd’hui au mieux 50, ce qui se traduit par une perte de 35 milliards d’euros, alors que son capital n’est que de 10 milliards… En outre, nous voyons les déficits extérieurs de la France se creuser régulièrement sous l’effet de la perte de compétitivité que subit ce pays, tant pour des raisons internes qu’externes. Et nous voyons l’Italie n’avoir plus aucune croissance depuis plus de 10 ans. A l’origine de tous ces désastres, un élément et un seul: ce monstre financier qu’est l’euro, dernière grande construction technocratique du XXe siècle finissant (après le communisme, le fascisme, le nazisme, le programme commun), ultime manifestation de ce qu’Hayek appelait la «présomption fatale», c’est-à-dire l’idée qu’un concept qui a germé dans la tête d’un technocrate et qui n’a aucun rapport avec la réalité pourrait marcher.

Le plus atterrant, c’est la réaction de la classe politique ou financière, dans son ensemble. Tout ce petit monde est un peu comme un lapin aveuglé par les phares d’une voiture. Ils ont bâti un système qui ne peut pas marcher (ce que chacun peut voir) et dont on ne peut pas sortir (ce que chacun commence à déplorer). Ils se sentent donc faits comme des rats, tout politicien, banquier central ou ministre des finances qu’ils soient. L’euro, qui était censé amener à la convergence des économies et à la résorption des déficits budgétaires, donc à une harmonie européenne parfaite, a conduit exactement aux résultats inverses de ceux qui étaient promis par ses partisans. Et, comble d’embarrassement, ce sont eux, responsables du désastre, qui doivent le régler…

Dans un livre paru en 2003 – Des lions menés par des ânes (Robert Laffont) – j’avais expliqué pourquoi l’euro allait échouer et décrit les mécanismes qui allaient amener à son échec. Je ne tire aucune satisfaction de ce que mes analyses se soient révélées convenables, tant les souffrances suscitées par ce désastre sont et seront immenses.

Par contre, je suis satisfait de voir que cette imbécillité économique va disparaître, tant elle était une machine à fabriquer de la croissance étatique (c’est-à-dire de la stagnation économique) et à favoriser les mauvais investissements.

Dans un système de prix libres, les investissements se font en fonction de la rentabilité marginale du capital investi. Dans le monde de l’euro, l’idée de base était que la productivité en Allemagne était la même qu’en Grèce, ce qui n’était pas vrai dans les secteurs concurrentiels. Résultat : les capitaux se sont investis dans les secteurs concurrentiels en Allemagne et dans l’immobilier en Espagne. Comme je l’avais écrit à l’époque, tout cela allait générer trop de maisons en Espagne, trop d’usines en Allemagne et trop de… fonctionnaires en France. La fin de l’euro qui se profile est donc une bonne nouvelle. Chaque fois qu’une institution dont le but annoncé est de réduire ma liberté disparaît, je me réjouis. Et j’achète des actions.

Je prends donc un pari: si l’euro venait à disparaître, ce qui paraît de plus en plus probable, les marchés des actions baisseraient pendant 15 jours, puis monteraient pendant 15 ans. Cela n’aurait rien d’étonnant, car les actions sousperforment les obligations depuis la création de l’euro.

Pour conclure, je refuse depuis des années d’acheter des financières européennes et tout ce qui, de près ou de loin, dépend des états européens, car nous arrivons à la fin non seulement de l’euro mais aussi de ce que j’appelle le «social clientélisme». Aujourd’hui les banques sont devenues des machines à financer les déficits budgétaires et, donc, je n y touche pas. Si vous avez du cash, vous pouvez le garder en obligations courtes allemandes ou suédoises, voire en dollars US si vous partagez ma conviction que, là-bas aussi, le social clientélisme touche à sa fin. Quand le mur de Berlin est tombé, je me suis réjoui. Vivement que ce nouveau mur tombe également.

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Mardi 28 Juin 2011




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