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La crise est (enfin !) finie… ou presque…

Ah, combien de fois avons-nous entendu les dirigeants politiques et monétaires de la planète ainsi que de trop nombreux économistes entonner en cœur ce refrain enjoué « la crise est finie ! ». Et pourtant, combien de déceptions ! Certes, avec le retour de la Grèce sur les marchés obligataires, la baisse des taux longs dans les pays du Sud ou encore la bonne tenue des bourses internationales, il pourrait être tentant de remettre le couvert et de reprendre cette même ritournelle, en y ajoutant : « oui cette fois-ci, c'est la bonne, la crise est bien terminée ».


Marc Touati
Marc Touati
D'ailleurs, c'est en grande partie le cas à l'échelle du globe. En effet, en dépit d'un ralentissement mesuré, la croissance mondiale est et restera forte : selon nous, elle sera comprise entre 3,5 % et 4 % cette année, c'est-à-dire environ 0,5 point de plus que le niveau moyen des trente dernières années. Mieux, elle devrait se stabiliser autour de ce même résultat en 2015. C'est en partie sur la base de ces perspectives que les marchés boursiers ont pu rester bien orientés et atteindre de nouveaux sommets historiques, notamment aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne.

Quant aux craintes de décélération marquée de l'activité dans le monde émergent, elles sont largement exagérées, en particulier en ce qui concerne l'économie chinoise. Cette dernière dispose effectivement de plusieurs « airbags ». A commencer par l'arme du taux de change que le gouvernement chinois peut utiliser à sa guise. Ensuite, n'oublions pas que le premier moteur de la Chine n'est pas l'export, mais la demande intérieure, notamment l'investissement et la consommation qui, en dépit des inquiétudes, demeurent très dynamiques. Enfin et surtout, l'Empire du milieu dispose d'un matelas de sécurité colossal de 3 820 milliards de dollars de réserves de change. Il pourra donc utiliser une partie de ces dernières pour soutenir sa croissance en cas de coup dur imprévu.

Parallèlement, même s'il a perdu de sa superbe avec la crise de 2009, l'Oncle Sam continue de faire preuve d'une vigueur économique à toute épreuve. Sa croissance ne fera certes pas des miracles, mais avoisinera durablement les 3 % (près de 5 % en valeur, c'est-à-dire augmentée de l'inflation). En 2014, pour la quatrième année consécutive, et malgré l'arrêt progressif de la planche à billets, les Etats-Unis réussiront donc à réaliser une croissance suffisante pour assurer le paiement des intérêts de la dette publique. Parallèlement, ce niveau d'activité permettra à la « job machine » américaine de créer plus d'emplois qu'elle n'en détruit. De quoi assurer la poursuite de la baisse du taux de chômage, qui devrait même passer sous les 6 % d'ici la fin d'année.

Dans ce concert mondial plutôt favorable, même le Japon est revenu sur les rails du dynamisme économique. Ainsi, après avoir réussi en 2013, pour l'une des très rares fois depuis vingt ans, à réaliser une croissance en valeur supérieure à la charge annuelle des intérêts de sa dette publique, il devrait enfoncer le clou en 2014. Son PIB devrait progresser d'environ 2,1 % en volume et de plus de 3 % en valeur.

En fait, il est désormais possible de dire que la crise est finie partout dans le monde, sauf dans la zone euro.

Certes, après deux ans de recul, le PIB eurolandais devrait enfin retrouver le chemin de la hausse. Pourtant, comme cela s'observe depuis 2007, la quasi-totalité des pays de la zone euro (y compris la France) ne réussira toujours pas à réaliser une croissance suffisante pour assurer le paiement des intérêts de la dette publique. Autrement dit, si la crise de la dette s'estompe outre-Atlantique et, dans une moindre mesure, au Japon, elle n'a toujours pas disparu dans la zone euro. Et ce d'autant que le taux de chômage reste très élevé dans la plupart de ses membres. Cela signifie que, derrière les apparences et les gros sparadraps posés un peu partout sur les plaies économiques de ces derniers, le risque de crise sociale reste particulièrement élevé.

Pis, comme nous l'expliquions la semaine dernière dans ces mêmes colonnes, le maintien d'un euro trop fort réduit à néant les chances de retour d'une croissance forte et durable. En outre, il ne faut pas oublier qu'en cas de nouvel à-coup sur le front de l'activité (par exemple un dérapage de la crise ukrainienne, une remontée intempestive des cours des matières premières ou encore un dérapage hausse des taux d'intérêt des obligations d'Etat), la zone euro ne dispose de quasiment plus aucune marge de manœuvre en terme de relance.

Laisser croire que cette dernière se porte bien et que ses pays membres sont en train de restaurer une croissance forte et durable tout en réduisant sans difficulté leur déficit et leur dette tient donc de la gageure. Même l'Allemagne, qui semblait hors d'atteinte, commence à ralentir et parviendra tout juste à dégager une croissance suffisante pour couvrir la charge d'intérêts de sa dette.

En conclusion, en dépit des apparences, l'UEM n'est pas sortie de la crise. Tant que l'euro sera supérieur à 1,30 dollar, que les impôts ne baisseront pas et que la dépense publique ne sera pas mieux utilisée, la crise continuera. Pour le moment, les marchés boursiers refusent d'admettre cette évidence et préfèrent oublier temporairement la crise eurolandaise. Mais lorsqu'ils sortiront de leur « paradis artificiel », le réveil sera douloureux.

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com



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Vendredi 25 Avril 2014




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