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La bourse est-elle un moyen adéquat pour accompagner le développement des entreprises ?

Tribune de Maître Gérard Cohen, associé fondateur du cabinet Ngo Cohen Amir-Aslani.


Gérard Cohen
Gérard Cohen
Plusieurs types de financement s’offrent aux entreprises pour soutenir leur croissance. Traditionnellement, celles-ci investissent sur leurs fonds propres constitués par leurs résultats, combinés au crédit bancaire lorsqu’elles le peuvent. Mais le durcissement des conditions d’accès au crédit pour les PME et les perspectives limitées de l’autofinancement en période économique difficile conduisent les entrepreneurs à rechercher d’autres sources de financement. Le capital-investissement est ainsi devenu en une trentaine d’années le principal mode de financement en capital des entreprises.

En parallèle, la cotation en bourse se présente comme une alternative pour les entreprises de taille moyenne pour leur permettre de financer leur développement à court, moyen et long terme. Par ailleurs, la bourse peut, dans certains cas, conférer une certaine liquidité aux titres de la société, rendant cette dernière plus attractive pour certains investisseurs. L’introduction en bourse est également un moyen pour la société d’améliorer sa visibilité et de gagner en notoriété : elle est la manifestation d’une ambition, d’une certaine réussite et d’une reconnaissance qui va l’aider à valoriser et dynamiser son image tant en interne qu’en externe.

Bien qu’attrayante, la cotation en bourse est souvent considérée par les entrepreneurs comme étant réservée aux groupes de grande taille. Ces chefs d’entreprise considèrent généralement le cadre de régulation trop contraignant. Cependant, l’accès aux marchés s’est progressivement ouvert aux entreprises de taille plus modeste. De nouveaux segments dédiés ont ainsi été créés et le cadre réglementaire a été aménagé. La bourse se tourne de plus en plus vers les PME et ETI, comme en témoigne le lancement en 2013 d’EnterNext, filiale du groupe Euronext, qui a pour objectif d’accompagner sur les marchés de capitaux les entreprises dont la capitalisation est inférieure à 1 milliard d’euros.

La cotation sur Alternext, marché régulé créé en 2005, constitue ainsi une option intéressante. Les sociétés candidates à la cotation peuvent procéder à une offre d’au moins 2,5 millions d’euros auprès d’investisseurs individuels et institutionnels. Cette condition est moins contraignante que les 25% de capital flottant, ou 5% pour un minimum de 5 millions d’euros, exigés pour accéder au marché réglementé. Les entreprises peuvent également opter pour un placement privé auprès d’investisseurs qualifiés au moyen d’une augmentation de capital d’au moins 2,5 millions d’euros.

Les règles de communication normalement imposées sont elle aussi allégées. Les entreprises ne doivent présenter qu’un historique d’états financiers sur deux ans seulement, au lieu des trois ans requis sur Euronext, avec en sus des normes comptables moins strictes. Les obligations déclaratives en cours de vie boursière sont également réduites, avec une périodicité des informations financières allongée et moins formalisée, et des notifications de franchissement de seuils moins fréquentes. Il faut toutefois noter que cette exigence de transparence liée à la présence en bourse est tout autant une contrainte qu’un atout pour l’entreprise, dans la mesure où elle améliore la crédibilité de la société vis-à-vis des investisseurs et des tiers.

Les investisseurs en bourse sont soumis à des contraintes de temps, mais qui sont différentes de celles des fonds d’investissements qui obéissent à un calendrier déterminé (avec un investissement de 5 à 6 ans en moyenne). Il n’existe pas de programmation spécifique avec la bourse : tant que la société fonctionne et dégage des résultats ou réalise ses prévisions, elle sera en mesure de trouver un financement sur les marchés.

L’appétit grandissant des marchés pour les entreprises de taille moyenne à fort potentiel de croissance et l’allègement des conditions attachées à la cotation ne doivent pas, cependant, occulter plusieurs facteurs d’importance. L’introduction en bourse peut se révéler coûteuse pour une PME car elle nécessite l’intervention de nombreux professionnels, avec la nomination d’un listing sponsor et l’assistance de prestataires de services d’investissement, de conseils juridiques, d’experts comptables et d’agences de communication financière. L’introduction nécessite souvent aussi la réorganisation structurelle de la société, le changement de forme sociale et le « nettoyage » des statuts. D’importants moyens humains doivent être mobilisés pendant toute la phase de préparation.

Les aléas de la vie post-introduction doivent également être pris en compte. On constate souvent une absence d’animation des titres des PME cotées, ce qui entraîne un manque de liquidité nuisible à l’attractivité de l’entreprise. La valeur du cours peut ne pas refléter la valeur réelle de l’entreprise, provoquant l’inquiétude des actionnaires, des dirigeants et parfois des salariés, lorsque ceux-ci bénéficient d’un plan d’intéressement. Cette “sous-valorisation” peut rendre plus difficile un éventuel rapprochement avec une autre société et compliquer une future opération de rachat. Il est en général utile alors, sous réserve de pouvoir en supporter les frais, de conclure un contrat de liquidité avec un prestataire chargé d’animer le titre. De plus, la société cotée s’expose au risque de faire l’objet d’une OPA ou d’une OPE non sollicitée (hostile), ces opérations demeurant toutefois peu fréquentes à ce jour.

L’introduction en bourse malgré les risques et les contraintes liées à la vie boursière est un moyen intéressant de passer à la vitesse supérieure ! Elle permet d’avoir accès à une source de financement nécessaire pour déployer la stratégie de développement de l’entreprise. La transparence demandée, la clarté dans les publications et dans les échanges avec la communauté financière sont des éléments à ne pas négliger, car ils contribuent aux facteurs de croissance de l’entreprise. L’introduction en bourse assure une forte visibilité pour les entrepreneurs car elle donne un éclairage sur l’entreprise, ses dirigeants, ses compétences et ses facteurs clés de succès.


Les médias du groupe Finyear


Mercredi 21 Janvier 2015




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