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La RSE est un Humanisme

L’affirmation selon laquelle la RSE est un humanisme risque de surprendre, de faire bondir, voire rire certains, mais elle fait sens lorsqu’on considère que la demande éthique est forte partout dans le monde.


Constant Calvo
Constant Calvo
Si on éprouve l’impression qu’elle s’adresse en première instance aux entreprises, force est de constater qu’elle concerne en vérité autant les institutions économiques et politiques, que culturelles, technologiques, scientifiques, éducatives, ou sportives.

Les préoccupations relatives à l’éthique ont été longtemps l’apanage des philosophes, des gens de religion, des penseurs des sciences humaines et sociales, ou des élites, quand ce n’était pas celui des opportunistes de tout genre. Aujourd’hui, l’éthique est une question centrale de notre vie quotidienne, elle interpelle tout un chacun dans le besoin qu’il éprouve de s’exprimer sur l’orientation et la finalité de ses choix et de son engagement personnel et professionnel, et le sens qu’il entend donner à son existence.

L’humanisme dont on parle ici désigne un mouvement planétaire de pensée idéaliste et optimiste qui vise à placer l’être humain au-dessus de tout, l’objectif étant la survie de l’espèce humaine et son épanouissement. A l’aube du XXIème siècle, la pensée humaniste affirme sa confiance en l’humanité dans sa capacité à se construire et à évoluer de manière équitable pour tous les individus qui la composent ; elle affirme également que la responsabilité de protéger notre espèce et les autres espèces de toute forme d’instrumentation ou de corruption, et de tout ce qui est susceptible d’entraver à leur développement, nous incombe plus que jamais.

L’humanisme fut un mouvement de pensée qui s’est développé en Italie pendant la Renaissance puis s’est étendu en Europe, en réaction au dogmatisme hérité de la société féodale du Moyen Age finissant, soit les vérités immuables, éternelles, autrement dit les croyances pour lesquelles aucune forme de critique n’était recevable par le pouvoir en place, fût-il politique, philosophique ou religieux. Les humanistes de la Renaissance affirmaient leur foi en l’être humain qu’il plaçaient au dessus de tout autre considération. Sommes-nous de ce point de vue si différents de ces hommes et de ces femmes- là ?

Qu’est-ce qu’il faut entendre par « la RSE est un Humanisme » ? Ils sont de plus en plus nombreux celles et ceux qui considèrent que le concept d’économie de marché est une idéologie, et que le système de valeurs qu’elle tend à promouvoir – enrichissement continu, croissance ininterrompue, mondialisation à marche forcée, quête de la performance, stratégie de concurrence effrénée dont certains aspects relèvent plus de l’activité et de l’économie de guerre que d’autre chose, quantification des échanges humains, en définitive primauté de « l’avoir » sur « l’être » – a atteint ses limites, est au bord de l’implosion, et ne peut plus prétendre appréhender la complexité des interactions humaines ni répondre à l’ensemble des besoins et à la soif existentielle qui se manifeste, d’autant que les personnes qui sont exclues de la création et du partage de cette richesse, tant vantée, se comptent par centaines de millions.

L’heure n’est plus à se poser la question de savoir si la motivation quant à leur engagement en faveur de la responsabilité sociétale des chefs d’entreprises et de leurs parties parties prenantes, au premier rang desquelles les actionnaires, est réelle ou feinte, voire une démarche de compromis ou d’opportunité. Ce qui semble en revanche important en regard des enjeux du développement durable, c’est cette exigence nouvelle qui traverse l’ensemble de la société et de ses membres et qui n’a de cesse de s’étendre, nous obligeant à repenser nos actes et nos comportements.

Signe des temps, dans le champ des études universitaires et des grandes Ecoles, on constate que l’association voire la convergence des trois concepts, RSE, Humanisme et Éthique, n’est pas rare. En France, on entend de plus en plus dire que les MBA sont « en quête d’humanisme » , que les étudiants manquent de « réflexion éthique ». Selon le Site pourseformer.fr (Groupe letudiant.fr), parmi d’autres exemples, dans le nouveau MBA de l’ESSEC les étudiants peuvent désormais aborder des thématiques telles que les conséquences du vieillissement de la population, les enjeux de l’urbanisation, ou l’évolution des ressources énergétique ; et à l’université d’Exeter, en Grande-Bretagne, le cursus « One Planet MBA » « s’attache à raisonner en termes de « vrais coûts », en intégrant dans toutes les décisions de l’entreprise leur coût politique, social et environnemental : impact sur la qualité de l’air, sur le niveau d’emploi d’une région, ou coût potentiel d’une « class action » (action juridique collective).

La question de l’humanisme et de l’éthique taraude la communauté scientifique quelle que soit la discipline que l’on observe. « Vers un nouvel humanisme » titre d’un article sur le Site de l’INRA ( institut nationale scientifique de recherche agronomique) dont le sujet est « Humanisme, biotechnologie et éthique de la science » semble être le mot d’ordre des chercheurs. La réflexion éthique dans les sciences est née d’une prise de conscience nouvelle ; et la question du bien fondé de la recherche scientifique, de ses applications, de ses connivences et collusions parfois avec l’économie marchande, est également posée, elle s’avère plus que jamais cruciale pour l’avenir de l’humanité.

Nul doute que la RSE n’est pas la seule démarche proposant un cadre méthodologique afin de conduire le changement vers une société centrée sur des valeurs humanistes. Si elle représente sinon un modèle du moins une source d’inspiration, et exerce une telle force d’attraction, c’est parce qu’elle n’est ni dogmatique ni exclusive des autres démarches, et semble se situer au carrefour tout en étant complémentaires de celles-ci.

La RSE est facteur d’innovation, elle suscite des travaux de recherche universitaire en France et à l’étranger. La RSE est ouverte, évolutive, en expansion continue et continuelle, elle est intégratrice.

A preuve, la Norme ISO 26000 fournit des lignes directrices relatives à la promotion et au respect du droit international relatif aux Droits de l’Homme et à la prévention de la complicité en matière d’atteinte aux droits de l’Homme, soit l’application des questions centrales de l’ISO 26000 à la mise en œuvre des principes du Pacte mondial de l’ONU. En cela seul, la RSE mérite qu’on la qualifie d’humaniste et qu’on l’associe au mouvement de l’humanisme moderne.

Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com

Mardi 15 Mai 2012




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