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La Grèce de 2010 ressemble t’elle à l’Argentine de 2001 ?

En décembre 2001, l’Argentine faisait défaut pour un montant de 81,8 billions de dollars de dette souveraine après des mois de secousses bancaires. Cela a conduit à l’abandon de son régime de change et à une dévaluation légère du peso. Le PIB argentin s’effondrait alors de 10,9% cette année.


Pascal de Lima
Pascal de Lima
Cette situation est intéressante car elle fait écho à l’actualité et plus particulièrement l’actualité de la Grèce car la Grèce de 2010 a en plus des fondamentaux moins bons que ceux de l’Argentine de 2001 : 12,7% de déficit rapporté au PIB et 113,4% pour le ratio dette/PIB. Il faut savoir en outre que ces chiffres sont tous supérieurs à l’ensemble des économies ayant fait défaut entre 1998 et 2001.

Que se passerait-il si la Grèce faisait défaut ? Avant de paniquer, il faut savoir en outre que pas moins de 74 défauts souverains ont eu lieu entre 1981 et 1990. La première conséquence est généralement l’exclusion des marchés financiers de capitaux qui reste et demeure la sanction principale. Mais dans les récentes années les pays ayant fait défaut ont été capables de réintégrer les marchés financiers en restructurant complètement leur dette. Toute la question est le délai nécessaire pour parvenir à un accord avec les créanciers. L’Argentine par exemple n’est parvenue finalement que 8 ans après à trouver un accord avec ses créditeurs.

La seconde conséquence est que les défauts affectent directement le coût de l’obtention des sources de financement. En outre, les pays qui ont fait défaut entre 1970 et 2000 avaient à la fois un spread obligataire plus élevé et un rating de crédit plus faible que les pays avec le même ratio dette/PIB qui n’ont pas fait défaut. En revanche, les défauts n’ont pas d’effets significatifs sur les spreads après la seconde année du défaut. Aussi, la plupart des études portant sur la question montre qu’un pays en défaut voit sa croissance annuelle diminuer de 1,2%. Cette perte est concentrée autour de la première année après le défaut, les occurrences étant généralement concentrées dans les périodes de récession.

Enfin, les pays dont la dette n’est pas restructurée ont des sanctions financières plus importantes. Les études de la banque d’Angleterre montrent que les pertes en output sont trois fois plus élevées pour les pays qui ont échoué à trouver un accord avec les créditeurs. Les spreads obligataires ont été plus importants dans les pays comme l’Equateur où les créditeurs ont été obligés d’accepter une large perte en capital comparativement à d’autres pays comme le Pakistan ou l’Ukraine où les pertes en nominal ont été bien moins sévères.

Les défauts souverains n’affectent pas uniquement le pays en question. Une autre étude du FMI montre certes un déclin de 40% du financement externe vers les entreprises privés de ce même pays. Mais même les pays voisins qui n’ont pas fait défaut sont parfois touchés. Dans les années 1980 de la crise de la dette mexicaine, les crédits aux pays en voie de développement d’AMLAT avaient tous diminué même pour ceux qui n‘étaient pas en défaut. On voit ce que cela peut signifier pour les pays dont les ratios de déficit sur PIB et de dette sur PIB demeurent encore assez proches de ceux de la Grèce…

Le défaut de la Grèce serait le premier depuis la seconde guerre mondiale pour un pays riche. Mais les dévaluations ne sont pas possibles ici, des restructurations sont donc absolument nécessaires, même si temporairement le coût des emprunts augmente et ce d’autant plus que les défiances dont l’origine se trouve dans les marchés financiers opaques secondaires jouent à plein feu pour créer un risque systémique sur la région.

Pascal de Lima
Economiste en chef Altran Financial Services et enseignant à sciences-po

www.altran.com
pascal.delima@altran.com

Mercredi 19 Mai 2010




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