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La Grande Bretagne ne sera pas épargnée !

Les principales agences de notation ayant dégradé il y a quelques mois la note américaine et qui menacent aujourd’hui le AAA français, voire allemand, ont néanmoins conforté ces jours derniers la note maximale de la Grande Bretagne. Pourtant, les endettements divers et variés que subit ce pays sont parmi les plus massifs au monde. En effet, alors que la dette des privés britanniques atteint un niveau monumental de 950% du P.I.B. national, ce ratio est de 600% pour le secteur financier de ce pays ! La dégradation des endettements des ménages fut ainsi précipitée par une escalade des prêts hypothécaires ayant fait écho à une bulle immobilière jusqu’en 2008 tandis que les dettes des entreprises hors secteur financier atteignaient déjà 110% du P.I.B. britannique à l’aube de la crise financière. Quant au système financier britannique, il est incontestablement le plus endetté et le plus spéculatif au monde car il fait appel à un effet de levier gigantesque. En réalité, l’état des lieux britannique permet de relativiser la situation américaine où les endettements des privés ont plafonné à 300% du P.I.B. avant de commencer à décroître. La Grande Bretagne présente en effet des ratios dettes / P.I.B. autrement plus graves que ceux des Etats-Unis à tous les niveaux même si c’est les comptes publics qui semblent seuls retenir l’attention des agences de notation et des analystes.


Michel Santi
Michel Santi
Pourtant, la dette publique – qui ne représente qu’une portion infime des déficits britanniques – ne s’est creusée qu’à la faveur de la crise et ne justifie pas la batterie des mesures de rigueur adoptée par le gouvernement britannique. En effet, cette austérité ne fera que plomber davantage un secteur privé d’ores et déjà fortement sinistré par un gigantesque processus de « deleveraging » consistant à épurer progressivement les dettes. Les autorités britanniques devraient donc être attentives à ne pas exacerber par leurs économies budgétaires les tourmentes des ménages et des entreprises non financières. De même devraient-elles tirer les enseignements de leur négligence et laxisme passés ayant contribué de manière décisive à l’aggravation des finances de leurs entreprises et de leurs ménages. Ainsi, alors que les entreprises britanniques non financières ont triplé leurs dettes de 38% du P.I.B. à 118% entre 1987 et 2009, le secteur financier a fait preuve d’encore plus d’inconscience en portant ce ratio de 40% à plus de 260% sur la même période. A titre indicatif, le secteur financier U.S. – dont les dettes sont passées de 50 à 120% entre 1987 et 2009 – a fait preuve de plus de sobriété sachant que ces ratios des endettements privés et financiers britanniques sont les pires du G 20.

Pour autant, le pays ne semble toujours pas avoir touché le fond car une nouvelle vague de « deleveraging » s’ouvre aujourd’hui et à un rythme encore plus intensif que lors des précédents épisodes de la crise financière. En outre, alors que la conjoncture aux USA et dans l’Union Européenne est certes morose, ce fardeau des endettements privés britanniques risque fort de contracter assez violemment l’économie de ce pays qui se rend aujourd’hui compte que sa prospérité passée – entre 1993 et 2008 – fut entièrement édifiée sur du levier et sur des dettes. C’est en effet l’augmentation sans précédent des endettements des ménages et des entreprises qui a conduit à l’appréciation inouïe de son marché immobilier, à la progression spectaculaire de ses actifs boursiers et, accessoirement, à l’amélioration de son emploi. Logiquement, voire mécaniquement, ce processus d’épuration des déficits aboutira en 2012 à un phénomène de déflation généralisée qui affectera toute la gamme des actifs ainsi que le chômage britanniques. Cette décélération du crédit en Grande Bretagne déploiera d’autant plus ses effets néfastes sur l’économie de ce pays que son gouvernement a mis en place des mesures d’austérité budgétaire drastique qui achèveront ce processus d’étouffement. C’est ainsi que la Grande Bretagne sera très probablement la nation la plus touchée par la récession en 2012.

Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Vendredi 6 Janvier 2012




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