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L’urgence d’un nouvel ordre monétaire

De nombreux économistes se penchent déjà sur une question qui ne préoccupe encore qu’à la marge les dirigeants politiques. En particulier le G20.


L’urgence d’un nouvel ordre monétaire
Le système monétaire est resté largement en dehors des débats officiels jusqu’à la proposition récente de Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, de renouer avec l’or comme point de référence international pour la valeur des monnaies. La question de la politique monétaire est en effet au coeur des dernières bulles financières.

De nombreux économistes attribuent déjà les excès observés sur les marchés financiers aux illusions de la création monétaire auxquelles ont succombé les banques centrales. Selon les économistes principalement issus de l’école «autrichienne», dans la tradition libérale de Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, actuellement l’une des plus prolifiques, la création excessive de crédit induite par des taux d’intérêt artificiellement bas a provoqué des surinvestissements non rentables qu’il fallait ensuite corriger.

La politique monétaire expansive d’inspiration keynésienne, prétendument destinée à permettre un atterrissage en douceur, n’a fait que prolonger et renouveler la débâcle: suite à l’éclatement de la bulle technologique au début du siècle, elle a retardé les ajustements nécessaires et alimenté une autre bulle, immobilière cette fois. «Si la monnaie elle-même n’est pas stable, si les crédits se multiplient et que la masse monétaire s’enfle, si des effets systémiques incontrôlables se produisent, le libre marché ne peut plus guider de façon optimale l’économie réelle», observe Philippe Nemo, directeur scientifique du Centre de recherche en philosophie économique d’ESCP Europe, qui intervenait samedi à Berne lors d’un colloque sur l’avenir du libéralisme. Les socialistes et les keynésiens en concluent, à tort, que le marché ne fonctionne pas.

Pour que la fluctuation des prix des biens et des services puisse jouer son rôle de guide cognitif de l’allocation des ressources et de la division du travail, explique Philippe Nemo, il faut distinguer un niveau d’échange des biens et des services, où la planification ne produit que des effets pervers et où la liberté doit donc être totale, et un niveau de gestion de la monnaie qui justifie une meilleure régulation de l’autorité politique (nationale ou internationale).

C’est sur ce chantier, et moins sur la réglementation des banques commerciales, qu’il faudrait attendre les dirigeants du G20. Dans la mesure où l’étalon-or de Robert Zoellick, outre son mérite de relancer le débat sur la stabilité monétaire, est peu susceptible d’être une piste poursuivie au niveau politique, se pose le défi d’un paramètre de gestion de la masse monétaire supérieure au ciblage de l’inflation des prix à la consommation, clairement insuffisant comme indicateur de stabilité économique. L’économiste norvégien Marius Gustavson s’inspire dans une récente étude* des travaux de Friedrich Hayek, lauréat Nobel 1974, pour proposer une nouvelle règle: le maintien de la quantité totale de monnaie en circulation à un niveau constant.

Pour ce faire, la banque centrale ciblerait le revenu nominal (dans une certaine fourchette). En cas de contraction monétaire, l’autorité devrait donc agir pour stabiliser la quantité de monnaie en circulation. La différence d’avec l’approche néokeynésienne ou monétariste, c’est que la règle hayekienne prescrit une symétrie mettant d’abord un terme à l’expansion monétaire à la source des déséquilibres. Une telle politique impliquerait bien sûr une baisse des prix à la consommation en conséquence des gains de productivité et de la croissance économique (mais pas de déflation monétaire liée aux crises financières et aux contractions de crédit, ni d’ailleurs d’inflation monétaire, puisque la quantité de monnaie resterait stable).

Pour les économistes et les banquiers centraux rivés sur la stabilité des prix comme signe de stabilité économique, une telle règle exigerait de surmonter leurs prémisses quelque peu simplistes à propos de la déflation.

Par Pierre Bessar

* «The Hayek Rule: A New Monetary Policy Framework for the 21st Century», Reason Foundation, 2010.

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Dimanche 21 Novembre 2010




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