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L’inéluctable appauvrissement de l’Allemagne

Les évènements récents démontrent clairement que le projet européen survivra. Approbation par la Cour constitutionnelle allemande des mécanismes de sauvetage de la zone euro. Audition prochaine du très efficace Mario Draghi, Président de la BCE, devant un Bundestag à qui il expliquera, avec force conviction, pourquoi son établissement se prépare à se porter acquéreur d’obligations des pays périphériques. Très clairement, des forces sont à l’œuvre qui travaillent à maintenir la cohésion de l’Union. Celle-ci faisant ainsi preuve d’une admirable résilience, en grande partie grâce à une prise de conscience fondamentale de dirigeants allemands qui ont enfin compris que leurs excédents n’étaient pas éternels !


Michel Santi
Michel Santi
Comme on le sait, les nations à fort excédent commercial accumulent systématiquement des créances massives vis-à-vis des pays importateurs. C’est ainsi que les réserves en monnaies et en actifs étrangers de l’Allemagne se soldent par un surplus de 1’000 milliards d’euros qui s’est édifié progressivement ces dix dernières années. Pour autant, une partie importante de ces créances dues par les acheteurs étrangers de biens et produits allemands n’est jamais remboursée ou, à tout le moins, est réglée avec retard, ou ré échelonnée en baisse. Ce chiffre de 1’000 milliards d’euros d’actifs étrangers détenus par les allemands doit donc, en réalité, être revu considérablement à la baisse car nombre de ces créanciers et exportateurs ne seront jamais payés, ou le seront partiellement, ou encore avec un retard plus ou moins important. En d’autres termes, ces réserves allemandes dues par l’étranger ne sont qu’un chiffre théorique qui ne concordera pas – et qui sera nettement inférieur – à l’excédent commercial du pays. Comment se traduit concrètement ce décalage au sein de l’Union européenne ?

Comme on le sait, les nations membres de la zone euro ne bénéficient plus du précieux levier de dévaluation de leur monnaie les autorisant à réduire leurs déséquilibres extérieurs. La présence de l’euro les prive en effet de cette soupape vitale qui aurait amplement soulagé des pays comme l’Espagne ou comme l’Italie dans le cadre de la crise actuelle. Qu’à cela ne tienne, en réalité, car cette problématique aigüe des déséquilibres sera résolue, d’une manière ou d’une autre. Laissons de côté l’hypothèse où certains pays pourraient quitter l’euro. Et écartons aussi le scénario, très peu probable, où les pressions inflationnistes se mettraient à régner sur une Allemagne qui, perdant sa compétitivité, subirait dès lors une fonte de ses excédents. Car, en effet, toute l’histoire de l’Allemagne contemporaine pourrait se résumer en une tendance lourde de flux financiers qui transitent entre créanciers et débiteurs, dans un sens, puis dans l’autre.

Considérons tout d’abord l’excédent en avoirs étrangers de l’Allemagne de l’Ouest avant la réunification qui se montait en 1990 à 500 milliards de deutsche marks, soit 250 milliards d’euros. Cette somme – entièrement redevable aux exportations – ne put cependant jamais dépasser ce palier du fait d’ajustements successifs au sein du Système monétaire européen, ayant requis les contributions répétées d’une Allemagne de l’Ouest pertinemment consciente de soulager ainsi les déséquilibres externes de certains autres pays membres du S.M.E.. Par la suite, ces réserves furent, comme on le sait, absorbées par le prix colossal de la réunification, tant et si bien que l’Allemagne devait intégrer l’euro en 1999 avec des réserves dues par l’étranger quasiment nulles, de l’ordre de 30 millions d’euros ! Le pays ayant même à subir plusieurs années de déficits consécutifs, jusqu’à ce qu’un réel effort d’investissements et d’amélioration de la compétitivité n’amène ce chiffre des réserves étrangères à quadrupler par rapport à 1990, atteignant ainsi 1’000 milliards d’euros en 2012.

Pour autant, il paraît aujourd’hui certain que ces excédents allemands ne dépasseront pas ce palier. Ils sont même inexorablement condamnés à s’amenuiser car l’Allemagne sait qu’elle devra puiser généreusement dans cette cagnotte pour aider les pays périphériques à réduire leurs dettes. A ce stade de l’histoire européenne, les flux financiers ne pourront plus aller que dans cette direction, c’est-à-dire hors d’Allemagne et vers les PIIGS. N’est-ce pas le principe même d’une union de transfert ? L’Allemagne sera donc moins riche demain qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Mardi 2 Octobre 2012




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