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L’appréhension infondée d’une bulle du web 2.0

Les start-up actuelles ont une clientèle et un business plan justifiant l’IPO. Au contraire de celles des années 1990.


L’appréhension infondée d’une bulle du web 2.0
La récente valse des introductions en Bourse (IPO) des entreprises du web 2.0 partage au moins une chose avec celle des années 2000: des capitalisations boursières à huit ou neuf zéros avec peu ou pas de bénéfices. Peut-on pour autant parler d'une nouvelle bulle technologique? Pas nécessairement. Certes, l'action du site d'achats groupés Groupon a bondi de 30% lors de son IPO au début du mois, le marché valorisant le groupe à 17 milliards de dollars, alors que la société affiche une perte nette de 308 millions de dollars, quatre fois plus que l'année précédente.

Angie's List, qui regroupe les critiques de consommateurs abonnés sur différents biens et services d'entreprises, a aussi explosé de près de 40% il y a quelques jours lors de son IPO, alors qu'il cumule des pertes de 161 millions de dollars depuis 1995. Le réseau social professionnel LinkedIn a vu, lui, sa valorisation atteindre plus de 35 fois son chiffre d'affaires à la suite du going public qui a provoqué un bond de 110% du titre. Le bénéfice 2010 s'est élevé à 3,4 millions de dollars.

En revanche, Gilt Groupe, site marchand en ligne actif dans les biens haut de gamme à prix réduits, est non seulement bénéficiaire et doté de millions de clients fidèles mais n'entend pas entrer en Bourse, malgré l'encouragement des investisseurs. Son CEO, Susan Lyne, ancienne directrice de plusieurs sociétés cotées, explique que de plus en plus de start-up ne décident d'entrer en Bourse que lorsque le modèle d'affaires est maîtrisé et que le management peut matériellement démontrer la tangibilité de ses revenus. C'est pourquoi un groupe comme Facebook ne se contente pas d'être populaire pour lancer son IPO. De sorte que s'il devait y avoir une bulle, elle ne ressemblerait en rien aux «Netscape» et aux «Worldcom» de la fin des années 1990.

L’appréhension infondée d’une bulle du web 2.0

IPO. Un patron de start-up veut être sûr de la solidité de son modèle d’affaires avant de passer au statut d’entreprise ouverte au public.

Peter Yared, vice-président de la solution de mesure publicitaire Webtrends, estime que ce qui apparaît comme de l'euphorie vis-à-vis des récentes introductions en Bourse par des start-up techno relève de la bulle financière. Pour lui, dès lors qu'une grand-mère est encouragée à acquérir ce type d'actions, c'est que la bulle n'est pas loin d'éclater.

Fin des années 90, un individu particulièrement ambitieux et sans scrupule pouvait en effet lever des millions de dollars via une introduction en Bourse (IPO) sans trop de difficultés. Il lui suffisait de mentionner le mot magique «internet» pour susciter l'engouement aveugle des investisseurs. Mais, aujourd'hui, non seulement les souscripteurs sont plus regardant quant aux business plan, mais les start-up elles-mêmes ont quelque peu réfréné leurs ardeurs.

«Les objectifs que se fixent les directeurs de sociétés sont plus mesurés et gérables qu'auparavant», a commenté la semaine dernière Susan Lyne, CEO du site marchand de biens haut de gamme à prix réduits, Gilt Groupe, lors d'un entretien télévisé sur Bloomberg TV. Il faut être prêt à répondre aux exigences élevées d'investisseurs anonymes aux profils et attentes différents. Ce qui requiert un modèle d'affaires qui a passé l'épreuve du feu. Selon elle, c'est ce qui explique que le temps qui sépare le lancement d'une start-up et son entrée en Bourse s'accroît.

«C'est probablement la raison pour laquelle Facebook n'est pas encore coté en dépit du succès et de la portée du groupe dans le monde», suspecte Susan Lyne, qui ne prévoit aucune entrée en Bourse pour sa société. Les start-up d'aujourd'hui savent qu'entrer sur le marché n'est pas le plus gros obstacle en soi. Mais que le défi réside dans la capacité à durer.

Tout le monde peut lancer un magasin en ligne. C'est du reste ce qui se passe, exacerbant la pression concurrentielle. Mais tous ne sont pas capables de développer une plateforme suffisamment puissante et intuitive, répondant aux besoins des consommateurs. Gilt Groupe, dont JP Morgan figure parmi les investisseurs privés, a mis en avant le caractère luxueux de son offre (habitat, habillement, accessoires) financièrement accessible. Toutefois, ayant identifié le potentiel du segment habitat, la nouvelle structure séparée Gilt Home facture ses produits d'habitat à plein tarif via des ventes flash. Pour Susan Lyne, il existe une nouvelle génération de consommateurs pour qui le chez-soi reflète leur personnalité.

Immatériel par excellence, le site de réseau social pour professionnels LinkedIn n'est pas du vent pour autant. Son modèle d'affaires repose sur une demande tangible: le marché de la relation interpersonnelle. Où le statut, facteur essentiel de dynamisme du marché de l'emploi, est la principale marchandise. S'adressant à des professionnels, les revenus sont issus pour environ 50% des services de recrutement. La publicité, très volatile, et les abonnements viennent en complément (L'Agefi du 23 mai 2011).

Idem pour Angie's List, qui partage des critiques sur différentes catégories de biens et services en provenance de ses consommateurs-abonnés. La société affiche encore des pertes, mais ses ventes ne sont pas le fruit d'un maquillage comptable.

Quant à Groupon, dont les ventes annuelles s'élèvent à plus de 700 millions de dollars après seulement 30 mois d'existence, son succès s'explique par le rapport de force qu'il a su établir à son avantage avec ses fournisseurs. Même si cette approche suscite de nombreuses critiques d'ordre moral. Groupon se finance en retenant 50% du prix des produits vendus sur son site, un modèle économiquement viable uniquement pour un fournisseur parvenant à dégager une marge supérieure à 75%. D'où l'importance des produits de luxe à forte marge dans son offre.

Enfin, si l'on regarde les statistiques les plus récentes sur l'activité des IPO en 2011, on note un certain retard du secteur technologique. Au troisième trimestre 2011, la part de capitaux levés en Bourse par le secteur financier est de 24% du total, 20% pour les matériaux de base, 15% pour l'industrie et 10% pour le commerce de détail. La technologie n'a pesé que pour 4%, en baisse de plus de 50% par rapport au troisième trimestre 2010.

Levi-sergio Mutemba

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

Jeudi 24 Novembre 2011




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