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L’Occident ne doit pas se recroqueviller

L’idée qu’un pays communiste puisse acheter le monde occidental est une idée qui se répand peu à peu.


Pascal de Lima
Pascal de Lima
Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine et son offensive sur l’Occident inquiète. En attestent les acquisitions récentes conduites, faut-il le rappeler, par le Parti communiste,qui comptabilise déjà plus d’une centaine de «deals cross-border» en 2010.

La Chine a également déjà formulé une offre sur le Gaz américain, l’électricité brésilienne, Volvo et l’industrie du luxe en France. Des infrastructures stratégiques pour les Etats-Unis, comme la défense ou les télécommunications, ne s’ouvriront bien évidemment pas, mais l’acquisition par Geely de Volvo est un bel exemple de sauvetage par la Chine. Le grand constructeur suédois aurait probablement mis la clef sous la porte sans cela.

Comment expliquer cette absurdité totale qui fait de l’Occident le grand perdant final de la libéralisation et de la mondialisation ?
La Chine est aujourd’hui la seconde économie mondiale, en passe de dépasser les Etats-Unis. Les entreprises géantes d’Etat chinoises sont certes en train de s’ouvrir au monde extérieur, mais il ne faut pas oublierque les firmes chinoises ne possèdent au final que 6 % des investissements globaux étranger en 2010, chiffre faible au regard des 50% de la Grande-Bretagne en 1914 et des 50 % des Etats-Unis en 1967.

Si le point fort de la Chine repose sur ses liquidités utilisées pour acheter des entreprises à l’étranger, cela n’est pas suffisant pour expliquer le renforcement de l’idéologie protectionniste ambiante. Les Américains, par exemple, vont jusqu’à penser que les équipementiers téléphoniques chinois constituent une réelle menace pour la sécurité des Etats-Unis. L’idée qu’un régime autoritaire puisse s’emparer un jour des télécommunications américaines et que la politique, et non la logique du marché, puisse guider les affaires du monde est une évolution qui nous interpelle tous aujourd’hui.

Mais, à y regarder de plus près, pendant que nous cristallisons notre peur du géant chinois, les Canadiens et les Australiens, avec des taux de croissance exceptionnels, restent ouverts aux OPA chinoises. Nous nous inquiétons du péril chinois, mais, entre-temps, nous perdons aussi desmarchés en Australie et au Canada, alors que la croissance économique occidentale doit être stimulée.

En nous recroquevillant sur nous-mêmes, pendant ce temps, nous perdons le terrain de la croissance, ce que ne fait pas la Chine. De plus, contrairement aux Indiens ou aux Brésiliens, beaucoup plus habiles en la matière, la Chine ne bénéficie pas des cultures managériales de l’Occident et ce retard considérable, qui est aussi un désavantage comparatif de la Chine, devrait quand même nous rassurer pour aller conquérir sereinement lemonde, plutôt que de se renfermer sur soi à cause de quelques investissements très médiatisés, mais qui restent marginaux à l’échelle du volume des investissements directs étrangers.

Article publié dans LES ECHOS du 29/12/2010
Avec l'aimable autorisation du quotidien LES ECHOS.

Pascal de Lima
Economiste en chef Altran Financial Services et enseignant à sciences-po

www.altran.com
pascal.delima@altran.com

Jeudi 6 Janvier 2011




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