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L’Éthique Urbi et Orbi

Pour la Philosophie de l’Histoire, le 12 avril est une date qui compte. C’est en effet le 12 avril 1633 que débute, à Rome, le procès de Galileo Galilei (Galilée). Le savant alors âgé de 70 ans, est accusé d’hérésie par l’Eglise catholique romaine. Le 22 juin de la même année, il est jugé coupable par le Tribunal du Saint Office, et se voit condamné à « abjurer ses erreurs ».


L’Éthique Urbi et Orbi
Son crime ? Il avait publié, en 1632, un ouvrage intitulé « Le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde », dans lequel il développait sa théorie, affirmant à la suite des découvertes de Copernic, en 1514, que la Terre tourne autour du Soleil. Assigné à résidence, Galilée meurt en 1642.

Ce n’est que le 31 octobre 1992, au terme d’un travail de recherche considérable de plus de dix années, effectué par une commission spéciale, ayant pour mission « d’approfondir l’examen du cas Galilée », que ce dernier est officiellement réhabilité par le Vatican.

On pense généralement que l’éthique est une valeur reconnue et partagée par tous. C’est une erreur commune. La preuve en est que, contrairement aux Droits de L’Homme, elle attend toujours de faire l’objet d’une Déclaration Universelle. Frappée d’interdit, il y a des sanctuaires qu’elle ne peut, semble-t-il, absolument pas pénétrer.

De nombreux pays, bien que signataires de la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme, ne les reconnaissent pas, les piétinent et les bafouent chaque jour, comme Amnesty International peut en témoigner, chiffres à l’appui : exécutions sommaires, lois discriminatoires à l’égard des femmes, des migrants, et des minorités, procès inéquitables, prisonniers d’opinion, atteintes graves à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, entre autres ; la liste est effroyable, elle glace littéralement le sang ;

D’autres pays, également signataires, considèrent que les Droits de L’Homme doivent s’adapter à la spécificité de leur culture, à leurs coutumes et traditions propres.

Dans le premier cas, il faut lutter sans relâche, afin que les pays signataires l’appliquent et la respectent dans les faits ; dans le deuxième, il faut refuser de tomber dans le piège du prétendu relativisme culturel, afin d’affirmer le caractère inconditionnel des Droits de L’Homme.

Il en est de même pour l’éthique. Elle ne saurait souffrir d’aucune dérogation ni exception. Le discours idéologique, d’où qu’il vienne, en particulier s’il se pare de l’habit de l’autorité morale ou spirituelle, ne doit pas nous impressionner ; et, on se doit de lutter, pied à pied, contre toutes les formes de sophisme, c'est-à-dire de négationnisme, surtout si ce dernier se pare de l’habit de l’intellectuel, afin d’affirmer non seulement le caractère universel de l’éthique mais également son caractère transhistorique.

N’est-il pas pour le moins étonnant, s’agissant du procès de Galilée, qu’on continue d’entendre dire - près de 4 siècles plus tard - venant de ses cercles militants les plus autorisés, voire de certains de ses universitaires parmi les plus brillants, que l’Eglise catholique romaine était parfaitement fondée à le condamner, car « il n’a jamais prouvé la rotation de la Terre autour du Soleil » ?

Or, les médias du monde entier se sont fait ces dernières semaines l’écho d’un autre procès, tout aussi retentissant, dont l’Eglise catholique romaine occupe le banc des accusés.

Voilà le Vatican, à son tour, au pied du mur, sommé de s’expliquer, de justifier ses propos, et de prouver qu’il n’est nullement mal intentionné. Ira-t-on jusqu’à exiger du Pape qu’il abjure ses erreurs ?

En s’arrogeant, au nom de l’éthique, le droit d’intervenir dans les débats sociaux et sociétaux, et en défendant surtout des positions les plus conservatrices et les plus extrêmes, l’Eglise catholique romaine en est arrivée non seulement, comme on a pu le constater, à s’attirer les foudres de personnes de toutes confessions, et de toutes cultures, mais plus encore à décourager et déconcerter jusqu’à ses propres fidèles.

Alors que s’est opérée depuis le XVII è siècle et le procès Galilée, une scission entre l'Eglise catholique romaine et la science, laquelle ne fera que s’amplifier notamment avec les découvertes de Charles Darwin au XIX è siècle, puis de Freud, et les avancées de la biotechnologie au XX è siècle, se pourrait-il que l’on assiste aujourd’hui à une deuxième scission, plus conséquente, entre l’Eglise catholique romaine et la société dans son ensemble ?

L’éthique est liée à la Connaissance, il ne saurait y avoir d’éthique en dehors d’elle. Selon Aristote, la Connaissance commence obligatoirement avec l’expérience. Pour apprendre, nous dit Aristote, il faut expérimenter. Aristote invite par conséquent le citoyen à vérifier à chaque instant dans la réalité la validité de son discours. Il invitait aussi chacun à construire un discours capable d’exprimer les articulations de la réalité extérieure et de la vie intérieure, dirions-nous aujourd’hui.

Mais, bien sûr, Aristote était à la fois citoyen, philosophe et chercheur ; et, à bien des égards, étonnamment moderne. Par exemple, il était philosophiquement opposé à l’idée qu’il put y avoir une autorité supérieure qui, de par ses compétences, serait en mesure de penser et de décider pour les autres.


Mardi 7 Avril 2009




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