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L’Egypte et la question chinoise

SOULÈVEMENTS. La rébellion populaire contre les dictatures arabes doivent-elles inquiéter Pékin? Deux sinologues réévaluent le cas chinois.


L’Egypte et la question chinoise
Les différents régimes politiques en place depuis plusieurs décennies dans le Maghreb et au Moyen-Orient sont de plus en plus nombreux à se voir défiés par la rue arabe. L’inflation, la hausse du prix des matières premières et du chômage ont mené aux soulèvements tunisien et égyptien.
Les mêmes facteurs peuvent-ils à terme provoquer un bouleversement similaire en Chine? Réponses avec Jean-Philippe Béja, éminent spécialiste de la Chine et directeur de Recherche au CNRS-CERI à Sciences-Po Paris.

La remise en cause du pouvoir en place se propage dans le Moyen-Orient. Assiste-t-on un prélude de ce qui, à terme, pourrait arriver à la Chine?

Il est toujours difficile de deviner ce qui se passera dans un avenir proche. Mais il y a des points communs entre le Maghreb la Chine. Il existe aussi en Chine une classe moyenne qui à première vue profite, consomme et ne s’intéresse pas à la politique, comme c’est le cas en Tunisie. Soulignons toutefois qu’il y a aussi un emballement des inégalités et le chômage des jeunes diplômés, qui est considérable.
En Chine, on les appelle les «fourmis», ces jeunes qui n’arrivent pas à trouver du travail ou gagnent 3000 yuans (environ 430 francs) par mois.

Les contestations sont monnaie courante en Chine. Quelles formes prennent-elles?
Il y a tout le temps des affrontements locaux. Les chiffres officiels les évaluent à 120.000 par an. Les contestations portent essentiellement sur des questions de confiscation de terres, d’expulsion de logements au centreville. Il existe un vrai mécontentement des classes moyennes, qui n’ont aucun pouvoir face aux autorités.

Les Chinois n’affrontent pourtant pas le même type de gouvernement que les dictatures du Moyen-Orient et du Maghreb.
Le pouvoir en Chine n’est pas concentré dans les mains d’une seule famille ou d’un seul clan. D’ailleurs, un article de la presse chinoise comparait récemment la situation tunisienne et celle de Pékin. Il relevait qu’en Chine, il y a un roulement du pouvoir. Les dirigeants ne peuvent rester qu’au maximum dix ans. Il y en ensuite une différence d’échelle entre les pays arabes et la Chine. Depuis 1989 et les événements de Tian’anmen, il est très difficile d’organiser un mouvement au centre de Pékin. La liberté de la presse est beaucoup moins grande en Chine qu’en Egypte.

L’inflation peut-elle par ailleurs mener un jour à des troubles plus graves?
Les dirigeants chinois ont très peur de l’inflation, même si la situation n’a pas encore atteint un point critique équivalent à ce qu’il se passe au Moyen-Orient. Des facteurs de tension existent, il ne faut pas les sous-estimer. Nous pensions pendant longtemps que le peuple tunisien ne se soulèverait pas. Le point commun le plus fort est cette grande déception de la classe moyenne et le taux de chômage important chez les jeunes diplômés.

D’où pourrait venir le changement en Chine?
Il faudrait à l’intérieur du régime une partie des élites qui se distinguent du pouvoir dominant. Nous avions eu un frétillement l’an dernier avec le premier ministre Wen Jiabao. Dans tous les cas, s’il y a un débat interne, il n’apparaît évidemment pas au grand jour.

Il semblerait pourtant que le parti fasse la part des choses et une grande partie de la population ne s’intéresse pas à la politique. Qu’en est-il?
Il faut faire attention la dépolitisation apparente, car nous disions également cela de la Tunisie. Il y a aussi du mécontentement parmi les nouveaux capitalistes chinois. Ils doivent toujours fortement graisser la patte des pouvoirs locaux pour faire des affaires. Je pense par exemple aux opérations immobilières.
Pour le moment, ils estiment que c’est encore supportable. Mais comme disait Mao Zedong: «Une étincelle peut mettre le feu à la plaine».

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

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Mercredi 9 Février 2011




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