L'ACTU VUE PAR...Benoît de Jessey «La crypto : c’est du blanchiment»

Affaire Platypus, méga-hack de Wormhole…Au cours de ces derniers mois, les crypto-sceptiques n’ont pas manqué d’agiter le spectre du détournement voire du blanchiment. Mais au regard de ce qui se passe dans l’économie dite « classique », la situation est-elle « si pire » que cela. Cette semaine, Benoît de Jessey, CEO de Cryptech consacre sa chronique à la mise en perspective de ces affaires crypto avec les affaires, tout court.


« La crypto, c’est du blanchiment ! »
Cette phrase, répétée maintes et maintes fois, devient de plus en plus agaçante à mesure que le temps passe et que les pratiques évoluent.
Premièrement parce que c’est faux. Et il faut sans cesse le rappeler (mais nous y reviendrons plus tard).
Deuxièmement parce que cela nuit à l’image d’un écosystème bouillonnant, rempli de génies, apportant des contributions hors-norme à la société d’aujourd’hui et façonnant celle de demain (de la finance décentralisée aux NFTs, en passant par la traçabilité et la gestion de données).
Enfin, parce que confondre arnaque ou blanchiment avec technologie blockchain est ridicule.

Nous pourrions conclure cet article sur la base du simple constat émis par la société Chainalysis, spécialiste de l’analyse blockchain au service des gouvernements, institutions financières et business crypto :

Des transactions illicites de l’ordre de 0,24 % !

En 2022, la part du volume global concernant des transactions illicites était de l’ordre de 0,24 % ! Et encore, nous pourrions diminuer ce nombre car il inclut de facto les volumes réalisés en Russie, Chainalysis étant une société américaine.
Non seulement ce pourcentage est très faible, mais la blockchain constitue de surcroit un formidable outil de traçabilité (dixit l’ancien directeur adjoint de la CIA, Michael Morell).

Dernier exemple en date : l’affaire Platypus.
Il y a une dizaine de jours, le protocole de finance décentralisée opérant sur la blockchain Avalanche, subit un hack de 9,5M$.
Grâce à l’enquêteur on-chain « ZachXBT » et en collaboration avec la plateforme Binance, la Police Nationale a récemment procédé à l’arrestation de deux suspects en région parisienne.
1,5M$ en USDT ont été gelés par la société Tether (émettrice du stablecoin), 2,4M$ ont été récupérés par Platypus et 210K€ ont été saisis par la Police. L’enquête se poursuit pour retrouver les 4,6M$ manquants.

Cette histoire n'est pas sans rappeler le méga-hack de Wormhole en Février 2022 pour un montant de 320M$. Après un long travail de recherche active et une contre-attaque bien orchestrée, l’équipe a pu récupérer à date près de 225M$ !

Voici donc de parfaites illustrations des atouts de la blockchain en matière de suivi et de traçabilité.
Et si toutes les sommes ne sont malheureusement pas encore recouvrées, et ne le seront peut-être jamais, je mets au défi n’importe quelle institution financière traditionnelle de retrouver des fonds liés à une arnaque aussi efficacement !

Si la blockchain offre la possibilité d’agir sous pseudonyme (et non de manière anonyme), il reste complexe de s’affranchir totalement du système centralisé pour sortir ses fonds.
La coopération entre les multiples acteurs du web3 rend l’opération bien plus périlleuse que la fameuse « mallette de cash » ou que les virements sur des comptes offshore.
Choisir la blockchain et la crypto comme moyen privilégié de blanchiment relèverait presque de l’amateurisme, sinon de la naïveté !

Au même titre que Wall Street n’a pas été remis en cause après l’affaire Madoff, que Visa ou Mastercard n’est pas responsable des arnaques à la carte bleue ou que l’industrie automobile n’a aucun rapport avec le garagiste véreux. Cessons donc de blâmer l’éco-système tout entier du web3 car il existe des pirates informatiques…


Chronique réalisée par Benoît de Jessey, CEO de Cryptech

Notes :
Benoit de Jessey est co-fondateur de Cryptech, "solution innovante de placement pour la trésorerie d’entreprise"

Nota Bene, Benoît de Jessey s’exprime ici en qualité de contributeur afin d’éclairer sur des actualités du monde de la crypto. Il ne s’agit en aucun cas de conseil en investissement. Benoît de Jessey et Finyear ont conclu un engagement moral concernant ce point. Les propos tenus dans cette chronique ne concernent que son auteur. Si Finyear opère un filtre éditorial, les opinions émises ne peuvent pas être considérées comme le reflet de la direction.

Mercredi 1 Mars 2023


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