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Jusqu'où les marchés boursiers peuvent-ils monter ?

Nouveau record historique pour le Dow Jones, remontée (certes chaotique mais) significative des principaux indices boursiers européens et notamment du Cac 40... A l'évidence, comme cela s'observe depuis trois ans, le « bear market » a durablement laissé place à un « bull market » insatiable, si bien qu'il en devient suspect. Car c'est bien là le problème essentiel des marchés : c'est lorsque tous les investisseurs convergent vers le même point qu'il faut commencer à s'inquiéter et à penser à l'inversion de tendance.


Marc Touati
Marc Touati
Certes, tous les ingrédients en faveur de la poursuite de la hausse boursière sont présents : croissance mondiale d'environ 4 % pour 2014 et 2015, liquidités presque gratuites et en abondance, banques centrales durablement conciliantes à l'image de « Super Janet » et « Super Mario », retour en fanfare des Etats du Sud de l'Europe sur les marchés obligataires, baisse du taux de l'OAT dix ans à 1 %...

Pour couronner le tout et justifiant d'ailleurs la hausse vertigineuse des marchés boursiers, ces derniers bénéficient d'un « flight to quality » exceptionnel. En effet, toutes les autres classes d'actifs présentent un très faible gain potentiel et/ou un risque élevé. Commençons tout d'abord par les taux d'intérêt monétaires qui sont proches de zéro un peu partout dans le monde développé et sont de plus en plus bas dans les pays émergents, à l'exception des pays « dangereux ».

Ensuite, les obligations d'Etat continuent de servir des taux d'intérêt anormalement bas, tout en présentant un risque de plus en plus élevé. Comment peut-on effectivement se satisfaire d'un rendement de 1% par an pendant dix ans pour des bons du Trésor d'un Etat français dont la dette ne cesse de croître et atteindra bientôt 100 % du PIB. Il s'agit là d'une situation presque plus dangereuse que celle qui prévalait avant la crise des subprimes. Certes, à l'époque, les titres basés sur des subprimes et qui étaient notés AAA par les agences de notation étaient plus risqués que les bons du Trésor français. Cependant, leurs taux de rendement étaient élevés. Aujourd'hui, les obligations d'Etat sont non seulement dangereuses, mais en plus elles sont très faiblement rémunérées. Autrement dit, à quoi bon prendre un tel risque pour un si faible rendement ? !

On comprend dès lors pourquoi il devient opportun de se délester de ses obligations d'Etats européens pour se focaliser sur les actions. Même si ces dernières sont, par définition, risquées, elles ont au moins l'avantage de proposer un rendement appréciable, et ce notamment grâce aux dividendes qu'elles procurent.

Ce mouvement du « tout pour les actions » est aussi alimenté par la baisse des cours des matières premières. D'autant que leur volatilité risque de s'accentuer dans les prochains mois. Même l'or commence à faire peur. A ce sujet, où sont passés tous ces soi-disant spécialistes de l'or qui nous annonçaient il y a peu qu'à 1 900 dollar l'once, le métal jaune n'était pas cher ? A l'évidence, avec la dégringolade des cours de l'or depuis trois ans et qui s'est accentué depuis l'été dernier, ils rasent les murs. Pourtant, il y a encore quelques trimestres, ils claironnaient qu'il fallait augmenter la part de l'or dans les portefeuilles financiers, pour la simple raison qu'il s'agissait là d'une valeur refuge, qui ne pouvait faire l'objet d'une bulle.

A l'époque, lorsque nous prévenions du caractère dangereux de l'or cher et de ses risques de baisse, on nous riait souvent au nez. Et pourtant ! En fait, la baisse des cours du métal jaune est tout simplement logique. Elle correspond à un dégonflement de bulle. Comme nous l'avons souligné à maintes reprises lorsque l'or atteignait des sommets, il ne faut pas oublier qu'à partir des 1 200 dollars l'once, l'or devient trop déconnecté des fondamentaux économiques. Nous ne le dirons jamais assez : si l'or est en général une « valeur refuge », il n'en est pas moins soumis aux soubresauts des marchés, et peut donc aussi générer des moins-values.

Enfin, la baisse des cours immobiliers dans la zone euro, et notamment en France, rappelle que ce dernier type d'investissement devient particulièrement dangereux, en particulier dans l'Hexagone où la pression fiscale dans ce domaine devient de plus en plus excessive et par là même prohibitive.

Dans ce contexte global, les investisseurs ont donc intégré qu'actuellement, la classe d'actifs présentant le meilleur couple rendement-risque est tout simplement le marché actions.

Pour autant, il faut également rester lucide. En effet, en dépit de l'euphorie ambiante, les dangers sont toujours pléthore : risques géopolitiques, grogne sociale dans de nombreux pays émergents (y compris les champions d'hier tels que le Brésil, la Thaïlande, voire la Chine), stagnation et chômage élevé en Europe, piètre crédibilité des promesses budgétaires des dirigeants français, recul des indicateurs avancés dans l'Hexagone et dans de nombreux pays de l'UEM, ce qui laisse augurer d'une progression du PIB toujours inférieure à 1 % pour 2015.

Or, tant que la croissance ne dépassera pas durablement les 2 %, la réduction des déficits publics sera compromise et la crise de la dette publique eurolandaise se poursuivra. Dès lors, les marchés obligataires finiront forcément par souffrir et, par ricochet, les marchés boursiers en prendront ombrage. Enfin, n'oublions pas que l'embellie boursière s'explique aussi beaucoup par l'excès de liquidités offertes par la Fed. A présent que cette dernière a fermé le « robinet », les marchés en pâtiront automatiquement.

En conclusion, pour l'année à venir, nous maintenons nos objectifs d'un Dow Jones à 18 500 points et d'un Cac 40 à 4 600. Dès que ces niveaux seront atteints, des mouvements de corrections baissières se produiront. Il faudra donc surveiller ses investissements boursiers comme le lait sur le feu, pour éviter de se brûler…


Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 24 Novembre 2014




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