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Jusqu'à quand l'Allemagne va-t-elle diriger l'Europe ?

A l'instar de son "patron", François Hollande, Manuel Valls faisait presque peine à voir lorsqu'il essayait de défendre devant Angela Merkel le sérieux budgétaire de la France en dépit de ses énièmes dérapages. Habituée à faire semblant d'être compatissante à l'égard de la France, la Chancelière allemande adoptait la même position qu'avec MM. Chirac, Sarkozy et Hollande : sympathie mais fermeté, avec pour message subliminal « parle toujours tu m'intéresses ».


Marc Touati
Marc Touati
Car, c'est bien là le problème des relations franco-allemandes : depuis plus de vingt ans, les dirigeants français font des promesses, mais ne les tiennent pas. Pire, leurs réalisations économiques sont souvent aux antipodes de ce qu'ils avaient annoncé. Face à ces mensonges à répétition, ils ne sont donc plus crédibles et ni les Allemands, ni leurs partenaires européens ne les croient.

Face à cette triste situation, de plus en plus de voix s'élèvent, en particulier en France, pour critiquer le positionnement allemand de l'Europe et notamment de la zone euro. « Et si finalement les Allemands avaient tort ?!» entend-on ici et là.

Peut-être, mais, en attendant, les seuls qui ont réussi à sortir de la crise sans trop de dégâts sont justement les Allemands. Les mesures prônées par ces derniers (réduction des charges sur les salaires, diminution de la pression fiscale, notamment sur les entreprises, fluidification du marché du travail, amoindrissement des dépenses publiques vers plus d'efficacité) ne sont donc pas expérimentales mais ont déjà fait leur preuve.

A l'inverse, les propositions alternatives françaises de dérapage budgétaire et d'augmentation des dépenses publiques ont prouvé qu'elles étaient vouées à l'échec.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : De 2002 à 2014, le poids des dépenses publiques dans le PIB est passé de 48,3 % à 44,9 % en Allemagne, mais de 52,8 % à 57,1 % en France. Dans le même temps, la croissance structurelle de l'Allemagne s'est stabilisée à 1,4 %, tandis que celle de la France a reculé de 1,5 % à 0,8 %. Parallèlement, si le PIB français a moins chuté que ses homologues pendant la crise de 2008-2009 (- 4 %, contre - 6,9 % pour le PIB allemand), il a également été incapable de rebondir significativement par la suite.

Depuis la sortie de récession, c'est-à-dire le deuxième trimestre 2009, le PIB a ainsi progressé de seulement 5,3 % dans l'Hexagone, contre 10,5 % outre-Rhin.

Au total, les chiffres sont cruels : depuis le premier trimestre 2008, c'est-à-dire juste avant le début de la récession, le PIB français n'a progressé que de 1,1 %, soit une croissance annuelle moyenne de 0,3 %. Bien loin de ce piètre résultat, le PIB de l'Allemagne a augmenté de 3 %. Parallèlement, de la mi-2002 à l'été 2014, le taux de chômage allemand a régressé de 8,5 % à 4,9 % et celui de l'Hexagone a flambé de 8 % à 10,3 % (selon les données harmonisées d'Eurostat). Bref, il n'y a pas photo.

Dans ce cadre, en dépit des critiques et de certaines apparences, Mme Merkel a réussi à ancrer l'UEM dans une conception allemande de l'économie. Ainsi, l'Allemagne est définitivement devenue la locomotive économique, financière et politique de la zone euro. La raison de cette triple domination est simple : au cours des dix dernières années, nos voisins germaniques sont les seuls à avoir tenu leurs engagements en termes de modernisation de leurs structures économiques, d'assainissement des dépenses publiques et de réduction des déficits.

Bien loin de ce sens du sacrifice et de la responsabilité, la France n'a cessé d'augmenter le poids des dépenses publiques dans le PIB et de refuser de moderniser son économie, en particulier son marché du travail. Dans ce cadre, alors qu'il y a encore une décennie, la France pouvait imposer sa voix devant celle de l'Allemagne à l'ensemble de la zone euro, elle est aujourd'hui contrainte de courber l'échine.

Nous sommes loin des promesses du candidat Hollande, qui, pendant la campagne, n'avait de cesse de soutenir qu'il allait faire plier les Allemands et rediriger l'UEM vers une voie française. Mais très vite, toutes ces belles paroles ont été oubliées et les dirigeants français sont désormais réduits à approuver les choix allemands, tout en essayant de faire croire l'inverse aux Français et en promettant à Mme Merkel qu'ils vont vraiment réduire leurs déficits publics.

Mais attention, les Allemands ne se laisseront plus faire. Voilà pourquoi, si les Français veulent un jour retrouver le chemin de la crédibilité et reprendre leur rôle de locomotive économico-politique de la zone euro, ils devront enfin réformer en profondeur leur économie, réduire les dépenses publiques, abaisser la pression fiscale et moderniser le marché du travail. Ils pourront alors retrouver le chemin de la croissance soutenue.

Réciproquement, plus la France tardera à emprunter la voie de la rationalité économique, plus son poids sur la scène européenne et internationale s'amoindrira, et plus l'Allemagne dominera l'Europe. Les cartes sont donc bien entre nos mains. Il suffit de savoir bien les utiliser…


Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 29 Septembre 2014




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