Corporate Finance, DeFi, Blockchain, Web3 News
Corporate Finance, DeFi, Blockchain News

Grandes entreprises : Quand laisser partir une innovation stimule la créativité en interne

Si laisser partir une innovation peut faire naître un nouveau concurrent sur le marché, une entreprise qui garde toutes ses créations jalousement est-elle pour autant immunisée contre la concurrence ?


Certainement pas, répondent les auteurs de la recherche qui expliquent que toute entreprise est caractérisée par le même cycle de maturation : plus une entreprise grandit, moins elle innove. Les jeunes sociétés sont toujours plus innovantes, elles investissent davantage en R&D et la rentabilité moyenne de leurs innovations est supérieure.

Le Prix Académique de la Recherche en Management qui vise à récompenser les meilleures publications de recherche appliquée sur le management de l’entreprise et les déterminants de sa croissance et de sa pérennité a récompensé ce jeudi 3 avril 2014, Ulrich Hege d’HEC Paris pour sa recherche et son article : « Entrepreneurial spawning and firm characteristics », publié dans Management Science. L’étude menée par Michel A. Habib, Ulrich Hege et Pierre Mella-Barral permet de comprendre la dynamique des entreprises innovantes et l’évolution de leur périmètre.

Naissance d’une innovation
Les grandes innovations ne naissent pas toutes dans un garage ou une université. Au contraire, la plupart des start-up de la Silicon Valley sont des spinouts de sociétés existantes, des firmes créées par des ingénieurs ayant quitté leur entreprise pour créer la leur. Fairchild Semiconductor, par exemple, fruit de la rencontre de huit ingénieurs issus de Shockley Semiconductor Laboratory, a elle-même donné naissance à Intel et plusieurs autres sociétés high-tech. Mais pourquoi dans ces situations l’entreprise originale s’est-elle privée d’innovations aussi rentables ?

Pourquoi une entreprise peut-elle avoir intérêt à retenir une innovation ?...
D’une part, l’innovateur lui-même peut avoir intérêt à développer son concept dans l’entreprise qui l’a vu naître. Quel confort en effet, de bénéficier de la force financière, marketing et commerciale d’une grande entreprise, de s’appuyer sur son savoir-faire et toutes ses fonctions supports (juridique, logistique, finance, etc.) ! Quant à l’entreprise qui perd une innovation, elle se coupe d’une opportunité de croissance potentielle et prend le risque de laisser émerger un concurrent. Elle perd également les compétences des salariés qui la quittent. Plus encore, l’étude de Michel A. Habib, Ulrich Hege et Pierre Mella-Barral, montre que la société mère se prive de toutes les innovations qui peuvent naître de la nouvelle activité. Ce paramètre, que les chercheurs ont intégré dans leur modèle, a un impact prépondérant : chaque innovation est, à son tour, le vecteur de tout un potentiel d’innovations futures. S’en priver limite la croissance et diminue les opportunités de profits, montre le modèle élaboré par les chercheurs. Les dirigeants doivent-ils donc s’efforcer de retenir toutes les innovations qui naissent dans leur entreprise ?

... ou au contraire à la laisser partir
Fonder une entreprise autour d’une innovation centrale peut s’avérer extrêmement efficient. Bien que l’investissement en ressources soit plus important, les spinouts bénéficient d’une organisation radicalement différente de la société mère et mieux adaptée au nouveau produit/service. Il peut en effet être difficile pour une entreprise existante de comprendre et d’intégrer, à tous les niveaux de l’organisation (de la vision des dirigeants aux fonctions les plus opérationnelles) un nouveau concept, une nouvelle façon d’aborder le marché, de définir les prix et de développer ses ventes. Si, à un stade ou un autre du processus de fabrication ou de vente, l’organisation n’est pas adaptée au produit/service, il est pertinent de songer à le développer ailleurs, dans une structure ad hoc. Car quand une innovation est retenue par une entreprise inadaptée, tout le monde y perd : le produit/service ne convainc pas et la rentabilité moyenne de l’entreprise diminue. Selon les auteurs, il existe un seuil “d’adaptation” (fit) à partir duquel il est plus intéressant de rester centré sur son cœur d’activité et donc de limiter le développement d’innovations en interne.

Les co-auteurs observent enfin que le fait même de laisser partir certaines innovations constitue une source de créativité en interne : les jeunes ingénieurs sont stimulés par la perspective de trouver l’idée ou le produit qui fera leur succès et leur permettra peut-être de créer leur propre structure. Les jeunes entreprises sont également plus innovantes car les chercheurs, qui sont généralement proches du dirigeant, savent que leur chance d’innover et de devenir à leur tour entrepreneur est plus grande qu’ailleurs.

Quand l’innovateur doit-il quitter son employeur pour créer sa propre entreprise ?
"Tout dépend des besoins de l’innovation : si elle peut trouver sa place dans la stratégie de la maison mère et s’accommoder de son organisation en s’appuyant sur ses fonctions de support, il est opportun de rester. Si, au contraire, l’innovation requiert une vision différente, une autre organisation — en d’autres termes : si les ressources spécifiques à mettre en œuvre ont plus de poids dans le succès de l’innovation que l’existence de fonctions de support et de la force de frappe de l’entreprise où elle a été conçue, l’innovateur a tout intérêt à créer sa propre structure." explique Ulrich Hege.

* Le Prix Académique de la Recherche en Management, a été mis en place depuis 6 ans par Syntec Conseil en Management, syndicat professionnel des métiers du Conseil en Management, soutenu par la Fédération Syntec dans le cadre de la convention de coopération avec le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et des actions financées par la taxe d’apprentissage. A destination des équipes pédagogiques de l’enseignement supérieur, professeurs, maîtres de conférences et chercheurs, le prix vise à récompenser les meilleures publications de recherche appliquée sur le management de l’entreprise et les déterminants de sa croissance et de sa pérennité. Cette initiative a également pour but de renforcer les liens déjà existants entre la profession des consultants en management et le « monde académique » dans son ensemble, notamment en favorisant la diffusion de ces publications.

Les médias du groupe Finyear

Lisez gratuitement chaque jour (5j/7) le quotidien Finyear.
Recevez chaque matin par mail la newsletter Finyear, une sélection quotidienne des meilleures infos et expertises de la finance d’entreprise.
Lien direct pour vous abonner : www.finyear.com/abonnement

Lisez gratuitement chaque mois :
- le magazine digital Finyear sur www.finyear.com/magazine
- la lettre digitale "Le Directeur Financier" sur www.finyear.com/ledirecteurfinancier
- la lettre digitale "Le Trésorier" sur www.finyear.com/letresorier
- la lettre digitale "Le Credit Manager" sur www.finyear.com/lecreditmanager
- la lettre digitale "Le Capital Investisseur" sur www.finyear.com/lecapitalinvestisseur
- la lettre digitale "GRC Manager" sur www.finyear.com/grcmanager
- la lettre digitale "Le Contrôleur de Gestion" (PROJET 2014) sur www.finyear.com/lecontroleurdegestion

Un seul formulaire d'abonnement pour 7 lettres


Mercredi 30 Avril 2014




OFFRES D'EMPLOI


OFFRES DE STAGES


NOMINATIONS


DERNIERES ACTUALITES


POPULAIRES