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Financement des PME : le choc en retour !

“ Qui sait mesurer ses propres forces réussit à porter de lourdes charges. ” Hans Walther


Thierry Charles
Thierry Charles
Les États généraux de l’industrie de 2010 ont mis en évidence des lacunes en matière d’information sur le financement des entreprises. Aussi, le Gouvernement a décidé de créer un “ Observatoire ” dédié en mai 2010 avec pour objectif de dégager une vision commune sur les questions du financement des entreprises et particulièrement des PME-PMI(1).

Dans leurs conclusions, les membres de “ l’Observatoire ” attirent l’attention des pouvoirs publics sur ces questions de financement qui devraient être au centre des processus de décision des politiques adoptées à l’égard des PME-PMI et ETI, d’autant que les conclusions des travaux de “ l’Observatoire ”, présidé par Gérard Rameix, dressent “ un panorama relativement inattendu ”.

En effet, dans le “ rapport sur le financement des PME-PMI et ETI en France ”(2), s’il est confirmé que les entreprises ont fait face à un choc exceptionnellement brutal à l’automne 2008 et en 2009 avec une baisse d’activité de 9% en moyenne et une forte chute de rentabilité(3), cependant, en moyenne et abstraction faite des défaillances, qui ont, comme lors de chaque crise, notablement augmenté, “ les PME-PMI et les ETI ont préservé, pour l’essentiel, leur situation financière ”.

Elles sortent ainsi de la crise avec “ une trésorerie supérieure à celle dont elles disposaient en 2007 et avec des fonds propres qui les situent plutôt au-dessus de la moyenne européenne ”.

Le rapport relève d’une part, la bonne tenue des fonds propres pendant la crise qui s’inscrit dans une tendance longue de renforcement régulier de la part des fonds propres dans le bilan des PME-PMI depuis la fin des années 90 ; d’autre part, un fléchissement très net pendant la crise de la distribution des crédits bancaires qui a repris un rythme de croissance de 3,6% à la fin 2010, ce mouvement s’accélérant début 2011.

Reste que la chute de l’investissement risque de handicaper certaines entreprises dans la phase de sortie de crise. A cet égard, les incertitudes qui pèsent sur l’offre de financement sont d’autant plus préoccupantes que “ les segments amont du capital développement (et tout particulièrement le capital -risque) peinent à lever de nouveaux fonds et se reposent aujourd’hui principalement sur l’épargne des particuliers incitée par d’importantes dépenses fiscales ou sur la place grandissante prise par des acteurs publics tels que la Caisse des dépôts et consignations, le Fond stratégique d’investissement (FSI) ou OSEO ”.

Quant aux assureurs, selon les conclusions du rapporteur, “ ils semblent limiter leurs investissements en actions, en partie en anticipation d’une régulation qui rendra ce type d’investissement plus couteux en fonds propres ; les banquiers risquent de suivre une voie identique pour faire évoluer leur activité de crédit aux entreprises en intégrant les contraintes de la régulation ”.

Sans bien évidemment récuser la démarche nécessaire des autorités prudentielles, les membres de “ l’Observatoire ” tirent le signal d’alarme en marquant leur inquiétude face à une série de facteurs négatifs qui pourraient, s’il n’y est pas porté attention, nuire au financement des PME-PMI dans les prochaines années.

Il est ainsi préoccupant de constater “ qu’au moment où de nombreux économistes insistent sur la nécessité pour les économies européennes de disposer de financements longs à risque, les principaux acteurs du financement pourraient adopter des attitudes plus restrictives ”.

En conclusion, sur un strict plan financier et à l’exception des entreprises de très petite taille non suivies sur le plan statistique, “ les PME-PMI ainsi que les ETI ont préservé, malgré la crise, une situation en termes de bilan et de trésorerie tout à fait acceptable et même plus favorable que celle de la plupart de leurs concurrentes européennes ”.

Reste que “ la stratégie d’autonomie financière et le renforcement des structures bilancielles qui paraît avoir été celle des entreprises depuis 1997 s’est-elle payée d’une politique d’investissement timide, voire d’un insuffisant travail de rapprochement des PME-PMI en vue de former des ETI plus solides et mieux armées pour l’export ? ”.

Il n’est pas permis à tout le monde d’atteindre Corinthe.

(1) Toutefois, à défaut de connaître l’évolution des petits crédits destinés aux TPE (crédits inférieurs à 25 000 euros) et la situation bilancielle des entreprises ayant un total de bilan inférieur à 750 000 euros, les analyses de “ l’Observatoire ” ne porte que sur les PME-PMI qui dépassent ces seuils et sur les Entreprises de taille intermédiaire (ETI).

(2) Lire le rapport 2010 de l’Observatoire du financement des entreprises remis à Christine Lagarde le 11 mai 2011 :
http://www.mediateurducredit.fr/site/content/download/444/2637/file/RapportObsfi%20.pdf

(3) Le ratio de rentabilité économique reculant en deux exercices de 10% à un peu plus de 6% en 2009, les entreprises industrielles ayant été encore plus sérieusement touchées que la moyenne.

Thierry CHARLES
Docteur en droit
Directeur des Affaires Juridiques d’Allizé-Plasturgie
Membre du Comité des Relations Inter-industrielles de Sous-Traitance (CORIST) au sein de la Fédération de la Plasturgie
et du Centre National de la Sous-Traitance (CENAST)
t.charles@allize-plasturgie.com

Vendredi 10 Juin 2011




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