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Faut-il vraiment doper l’innovation pharmaceutique après l’avoir pénalisée ?

D’un côté des réglementations coûteuses, de l’autre des subventions pour pallier leurs effets néfastes. Voilà le chemin traditionnel de nombreuses interventions publiques. Il s’agit d’un cercle vicieux qu’il faudra casser un jour ! L’exemple des médicaments innovants en Europe illustre bien cette dynamique.


Valentin Petkantchin
Valentin Petkantchin
Car depuis des années l’innovation pharmaceutique est sous la pression constante aussi bien des instances communautaires que des gouvernements des Etats-membres.

La directive européenne sur les essais cliniques de 2001 a ainsi augmenté la paperasserie, le personnel requis pour gérer la complexité des nouvelles procédures administrative, et in fine les coûts de ces essais indispensables à la mise au point de nouveaux médicaments. Dans certains cas, ces coûts sont passés du simple au double, à l’image de certains centres d’essais cliniques au Royaume Uni.

D’autre part, une panoplie de politiques de « maîtrise » des dépenses de santé, dont celles de médicaments, réduit les rentrées financières et les perspectives de profit provenant de la R&D pharmaceutique. Non seulement les prix des médicaments sont fixés par les pouvoirs publics nationaux, mais leur utilisation et prescription par les médecins sont de plus en plus réglementées à travers l’Europe afin de limiter les coûts pour les régimes obligatoires d’assurance maladie. Les médicaments innovants, parmi les plus dispendieux, sont naturellement des cibles privilégiées dans ce processus, sans que les coûts de la santé dans leur ensemble soient pour autant réellement maîtrisés.

Enfin, des taxes spécifiques ou des « rabais » obligatoires frappent également les laboratoires dans les plus grands marchés européens à l’image respectivement de la France ou de l’Allemagne. Ces prélèvements privent annuellement les laboratoires de plusieurs milliards d’euros qui auraient pu sinon être consacrés à la R&D.

Cet environnement réglementaire et fiscal, sans le vouloir, a contribué à limiter les investissements en R&D des laboratoires européens et à diminuer leur nombre de nouvelles molécules qui est passé en moyenne de 97 molécules entre 1988 et 1992 à 48 entre 2003 et 2007. Pas étonnant qu’il faille doper les médicaments innovants en Europe !

Les instances européennes se sont ainsi décidées à le faire à coups de subventions. Elles viennent de fournir, le 14 septembre dernier, près de 77 millions d’euros – qui viennent s’ajouter à un premier versement de 110 millions en 2008 – pour un projet commun avec l’industrie, l’Initiative en matière de médicaments innovants. Elles se sont engagées à contribuer un milliard d’euros au total entre 2008 et 2017 (un autre milliard proviendrait des laboratoires).

Un tel projet est sans doute politiquement attrayant. Il est cependant difficile de voir quelle impact de telles subventions, étalées sur dix ans, pourraient avoir en matière d’innovation pharmaceutique quand le coût global pour amener sur le marché un seul nouveau médicament est estimé en moyenne à environ un milliard d’euros. Les subventions proposées sont en fait bien inférieures au montant des taxes et « rabais » prélevés sur ces mêmes laboratoires en une seule année.

Avant de verser de nouvelles subventions ne faudrait-il pas plutôt lever les obstacles réglementaires et fiscaux nuisibles à l’innovation pharmaceutique ? Casser ainsi le cercle vicieux de l’intervention publique pourrait s’avérer un bien meilleur stimulant pour la mise au point de médicaments innovants.

Valentin Petkantchin
Institut économique Molinari

www.institutmolinari.org
valentin@institutmolinari.org

Dimanche 4 Octobre 2009




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