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Faut-il accélérer la fin du chèque ?

A la question « le chèque doit-il disparaître ? » qui revient régulièrement dans des études financées par les banques, et notamment dans le dernier rapport sur « l’avenir des moyens de paiement », co-écrit par un ancien banquier, il est nécessaire de développer plusieurs points de vue pour se faire une idée juste des enjeux.


Marc Le Vernoy, Président Directeur général du Groupe Numen, fait le point sur les enjeux et l’avenir de ce moyen de paiement.

Du point de vue du consommateur, les français sont attachés à ce moyen de paiement encore utilisé pour un paiement sur cinq comme le soulignent les associations de consommateurs.
Les autres modes de paiement par prélèvement, virement ou carte bancaire, progressent régulièrement, et tout logiquement le volume de chèques utilisés baisse de 4 à 7 % par an. Pour autant, le chèque reste incontournable, voire même indispensable, pour des transactions de la vie courante telles que le règlement d’une cotisation d’association, un acompte pour une colonie de vacances, le paiement d’une commande par correspondance, le dépôt d’une caution, ou d’une garantie ou tout simplement pour réaliser une transaction entre particuliers.

Le chèque reste par ailleurs le seul moyen de régler une personne dont nous ne connaissons pas les coordonnées bancaires à priori ou dont l’éloignement empêche le paiement en espèces. La formule du SEPA Direct Débit, ou prélèvement SEPA, proposé au sein de l’Union Européenne n’est pas en mesure de régler ces problèmes. Et comme s’en inquiètent les associations telles que UFC QUE CHOISIR, il n’est pas dit que ces moyens de paiement alternatifs seront gratuits pour le tiré et le tireur, pour le client et le commerçant, comme l’est le chèque aujourd’hui.

Les nouveaux consommateurs évoluent déjà naturellement vers le paiement via Paypal et demain via leur téléphone mobile, grâce à la technologie NFC, tandis que ces nouveaux modes de paiement enregistrent des taux de fraude en progression constante auxquels il essentiel aujourd’hui de remédier.

Du point de vue des banques, il est important de souligner qu’elles ne partagent pas toutes la même vision du service client : certaines, mutualistes, ont pour adhérents ou associés des consommateurs tandis que d’autres, postales (ex. CCP), ont un positionnement difficilement compatible avec une mesure aussi peu populaire que la disparition du chèque.

Il suffira d’un frondeur pour que les autres établissements de la place désirant rendre payant le chèque, se retrouvent pointés du doigt par leurs clients. Nous avons déjà vécu cela lors de la hausse de la TVA sur les contrats de téléphonie mobile. Un opérateur avait décidé de ne pas augmenter ses prix et ses concurrents avaient alors avorté leur tentative, afin d’arrêter l’hémorragie des résiliations de contrats.
Car si le chèque a un coût, il est aussi un service attendu et utilisé par les clients et peu sont enclins à croire que leur banque n’a pas déjà intégré ce coût dans ses frais.

D’un point de vue économique, les études s’appuient sur le coût de traitement du chèque pour en souligner la nécessaire disparition.

Il apparaît essentiel sur ce point que l’industrie des services du chèque partage quelques informations. En effet, à euro constant, le prix de fabrication des chèques n’a fait que baisser depuis 10 ans. Ce travail qui comprend l’impression de fond de chèque sécurisé, la personnalisation et le façonnage des chéquiers, est intégralement réalisé en France et fait travailler plus de 1.000 personnes dans des sociétés telles que CIDEL-SATEL, NATEL, OBERTHUR, PROCAM, SERVICHEQUE, COFILMO, SATI, etc.

Le traitement des chèques est quant à lui entièrement industrialisé depuis l’avènement, en 2002, de l'Echange Image Chèque (EIC) et seulement 2% des chèques circulent aujourd’hui entre les banques.
Par ailleurs, les entreprises de production et de traitement des chèques ont investi afin d’accompagner ces changements, industrialiser les chaînes de production, augmenter les possibilités de personnalisation ou encore renforcer les systèmes informatiques et la sécurité pour garantir le traitement de données sensibles, gage du respect de la vie privée des consommateurs. Ces outils de production sont aujourd‘hui nécessaires à l’édition des titres de paiement (Titres repas, Chèques vacances, CESU, etc.). NUMEN, à titre d’exemple, en produit 350.000.000 par an.

Une disparation prématurée des chèques, risquerait d’engendrer une augmentation du coût des titres car l’outil de production ne pourrait plus être amorti sur les deux types de production.

Alors que les entreprises du secteur investissent pour trouver des relais de croissance, afin de préserver une activité industrielle, l’accélération de la fin du chèque viendrait compromettre leurs plans d’actions.
La fin du chèque est certes une chronique annoncée, mais elle doit rester la conséquence des évolutions naturelles des modes de paiement des consommateurs et non pas résulter d’une décision unilatérale des établissements bancaires. Et si, comme le laissent à penser les études partisanes, le coût du chèque est trop lourd pour les banques de détail, l’économie réalisée devra alors être répercutée sur le consommateur qui perdra à la fois un moyen de paiement gratuit, une liberté de choix et une facilité pour nombre de ses paiements.

Lundi 14 Mai 2012




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