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Euphorie

Lettre du vendredi 13 janvier 2023 rédigée par Eric Galiègue - Analyste financier indépendant, Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS.


Le climat demeure euphorique sur les marchés financiers, à l’image de la météo très clémente. Ce début d’année est tonitruant : avec un gain de près de 8%, le marché a réalisé en deux semaines la performance moyenne d’une année. La plupart des observateurs alertent sur le coté excessif du comportement des marchés d’actions.
Depuis début octobre, lorsque le CAC 40 valait 5 600 points environ, c’est-à-dire son évaluation théorique selon nos calculs, l’indice national a progressé de 24%, et le cours de l’€, de 12,5%. L’investisseur américain qui a choisi l’Europe début octobre, a gagné 36% en 3 mois et demi… un record !
En tutoyant hier les 7 000 points, le CAC 40 se rapproche de son plus haut historique. Cela signifie que la hausse des taux de 250 pb en un an et le choc énergétique n’ont pas affecté le cours des actions. Cette situation réjouit les investisseurs, qui pour la plupart sont dans la logique « buy en hold », mais nous surprend.
Un tel décalage entre la réalité et le prix des actions a déjà été observé, notamment au cours de l’année 2000. Il est caractéristique d’un phase d’euphorie. Les raisons profondes de ce grand écart entre la réalité objective et le cours des actions, sont relatives à la psychologie des opérateurs. Nous les rappelons ici à nouveau.

1/ Quant on prévoit le pire, la réalité même difficile, parait agréable.
Tout au long de l’année 2022 les investisseurs ont été très lucides face aux nouvelles politiques monétaires et au choc économique lié à l’appréciation des prix de l’énergie. Ils ont analysé la situation sans concession, avec lucidité, et finalement la confrontation avec la réalité a été favorable. A force d’envisager le pire, et d’en parler, le marché a finalement été agréablement surpris par la réalité. Et notamment par une économie résiliente, soutenue à nouveau par les États, et par les performances remarquables des entreprises, qui ont à nouveau démontré leur agilité.

2/ Manifestement, l’hyperliquidité est toujours au rendez-vous.
Pour gérer les crises depuis 15 ans, les banques centrales ont accepté d’enfreindre les lois fondamentales de la valeur de la monnaie, en décidant d’en créer sans aucune contrepartie. Le stock de monnaie ainsi généré, que l’on peut estimer à plus de 8 000 Mds$, n’a jamais été observé dans l’histoire financière. Il a manifestement un effet euphorisant, et nous amène à revoir notre conception de la liquidité. Un stock de liquidité aussi massif neutralise l’effet des politiques monétaires restrictives. Il n’empêche pas les taux de monter, mais manifestement il a pour effet de maintenir un haut niveau d’optimisme.

3/ En relation avec le point 2, le poids de certains gigantesques fonds d’investissement est devenu majeur dans un marché ou les investisseurs institutionnels sont peu présents, voire totalement absents.
Dès lors, ces fonds qui mouvementent des dizaines de Mds$ en quelques jours, font la pluie et le beau temps sur le marché. Ils alimentent la prophétie auto réalisante, et accordent bien volontiers crédit à des « stories » reprises en boucle par des intermédiaires de marché. Ainsi, la théorie du « pivot », selon laquelle les banques centrales seraient sur le point de cesser de relever les taux, et surtout de les baisser dans un avenir relativement proche, a nourri la puissante hausse des trois derniers mois. Classiquement, la hausse appelle la hausse, et accorde crédit à ceux qui ont lancé la rumeur les premiers.

Aujourd’hui, pour reprendre les trois points évoqués dans cette note :
1/ les investisseurs anticipent un redressement économique lié à la future baisse des taux, alors qu’il faut plus parler de stagnation en 2023 et 2024 ;
2/ l’hyperliquidité va être mise à l’épreuve par la poursuite pendant des mois, des politiques monétaires restrictives et du « reverse Quantitative Easing » ;
3/ le « pivot » des taux monétaire va se faire attendre longtemps, car l’inflation sous-jacente va rester supérieure à 3% pendant des années.

Voilà ou nous en sommes aujourd’hui. C’est l’euphorie, dernière phase du cycle des marchés, qui habituellement clôture la tendance haussière.
Rappelons la citation attribuée à John Templeton : « Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l'optimisme et meurent dans l'euphorie » .


Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 655 points.

Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat poursuivent leur baisse, en France (2,6%) comme aux USA (3,6%). L’euro a repris 2% contre le $, au-delà de 1,08$.

Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a regagné ce qu’il avait perdu la semaine précédente (+7%).




Eric Galiègue
Eric Galiègue


Vendredi 13 Janvier 2023




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