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Entretien | Cyril Léger, Moneycorp France. « Nous ne sommes pas dans une course effrénée à la croissance : nous sommes dans une recherche de consolidation de l’EBITDA.»

Présent depuis 6 mois seulement en France, Moneycorp s’envisage comme une fintech qui porterait bien ses 45 années d’existence. L’établissement de paiement d’origine britannique, dans le giron de Bridgepoint depuis presque 10 ans, affiche un EBITDA à plus de 36 %. Un modèle de croissance à deux visages qui permet à son tout nouveau dirigeant en France, Cyril Léger, de célébrer son centième client qu’il compte bien fidéliser.

Par Anne-Laure ALLAIN


Arrivée depuis moins de 6 mois sur le marché français, Moneycorp existe depuis presque 45 ans, pouvez-vous nous expliquer le business model ?

Moneycorp c’est, initialement un établissement de paiement qui a été créé en 1979 au Royaume-Uni. Aujourd’hui, Brexit oblige, l’entreprise est dirigée depuis l’Irlande par l’écossais Mark Horgan, notre CEO. Le cœur de métier de Moneycorp c’est de répondre aux besoins des grandes PME pour leurs opérations de paiements internationaux en devises étrangères. Pour cela, nous avons créé une technologie qui leur permet d’accéder à une plateforme, sorte de grande place de marché des devises. Dès qu’une entreprise a une facture à payer en devises, elle peut y avoir accès. Elle a aussi accès gratuitement à des comptes en devises ce qui lui permet de recevoir ou d’émettre des virements internationaux. Nos clients sont ainsi autonomes pour accéder à leur propre salle de marchés, chose assez inédite pour des petites et moyennes entreprises.

Vous êtes, d’une certaine manière, des grossistes en devises à destination des TPE/PME ?

Exactement ! Nous avons des fournisseurs de liquidités ou « liquidity providers », qui sont des banques (18) Nous leur rassemblons les demandes en devises pour négocier des taux de change beaucoup plus performants. Et, cette performance de cours de change, nous la redistribuons à nos clients, ce qui leur permet de faire des économies. Attention, notre métier n’est pas de faire de la spéculation : nous les aidons à faire des économies sur les cours et sur les frais que nous avons annihilés. D’ailleurs, avec certains clients, nous allons un peu plus loin. Pour ceux qui peuvent se projeter sur des volumes, nous leur proposons de bloquer le cours sur une période ou à une date précise dans le futur.Cela permet à une entreprise d’anticiper ses marges et ses décaissements ainsi que de limiter les mauvaises surprises sur le bilan liées à la volatilité des changes.

La France est seulement le 4ème bureau de Moneycorp en Europe, êtes-vous présents ailleurs dans le monde et pouvez-vous nous en dire plus sur votre modèle de développement ?

Pour l’Europe, nous avons donc L’Irlande où est désormais notre maison-mère, nous avons aussi un bureau en Espagne et un autre en Roumanie. Nous avons aussi cinq bureaux aux Etats-Unis, un au Canada puis, Dubaï et Hong-Kong.
Par ailleurs, le groupe possède aussi deux banques : une au Brésil (Banco de Cambio) et une à Gibraltar. Nous devrions ouvrir une troisième banque au Luxembourg d’ici 12 à 24 mois selon le temps des formalités.
Pour résumer Moneycorp c’est 750 personnes dans le monde et nous sommes détenteurs de plusieurs licences officielles : licence d’établissement de monnaie électronique, licence bancaire et Mifid. Aux Etats-Unis, nous avons donc les licences pour faire des crypto-monnaies, ce qui n’est pas prévu en France. Au Royaume-Uni, nous avons des licences pour faire des cartes de paiement, ce qui n’est pas encore faisable en Europe continentale.

C’est assez étonnant comme modèle pour une marque qui existe depuis plus de 40 ans : vous n’avez pas vocation à unifier l’ensemble de vos services de manière globale ?

Même si je me projette comme une Fintech en France, Moneycorp n’est pas dans une course effrénée à la croissance. Nous sommes dans une course à la consolidation à l’EBITDA. Et sur le sujet nous affichons des bases solides puisqu’il est supérieur à 36 %. Depuis 10 ans, nous avons la chance d’être accompagnés par Bridgepoint et il nous accompagne dans cette approche à la profitabilité lors de l’ouverture de chaque structure.
Chaque ouverture de bureau ou rapprochement avec une structure, est étudiée au cas par cas, en fonction des opportunités et des profils sélectionnés pour prendre la direction du projet. Nous faisons dans chaque pays ce que nous savons bien faire. L’idée n'est pas de faire grossir notre fichier client de manière exponentielle dans un temps limité en déployant des services très demandés à un moment donné. Nous nous focalisons d’abord, sur notre taux de rétention, sur la satisfaction du client.

C’est comme cela, par opportunité, que s’est faite l’ouverture de la filiale en France, il y a 6 mois ?

J’ai effectivement, déjà piloté des projets concurrents (eBury, IbanFirst), je connaissais donc assez bien le modèle de Moneycorp. Quand la discussion s’est ouverte quant à leur arrivée en France, nous nous sommes naturellement mis d’accord : il était pour ma part évident que Moneycorp avait sa place ici. Et les chiffres me donnent déjà raison ! En Février 2023, nous avons accompagné 18 nouveaux clients. Nous venons de signer notre 100ème compte sur le territoire. Sachant que notre second objectif est de faire pour qu’un client ne parte jamais !

Et vos objectifs ? Un actionnaire de référence comme Bridgepoint, à vos côtés depuis 10 ans, doit avoir certaines attentes ?

Nous travaillons vraiment sur la fidélité de nos clients pour perfectionner ce fameux taux de rétention. Pour vous répondre de manière un peu plus précise peut-être, disons que c’est un actionnaire rationnel. La France affiche un PIB supérieur à l’Espagne ou à la Roumanie, donc à priori, nous devons dépasser leurs résultats qui sont déjà très bons.
Côté services, nous fonctionnons aussi brique par brique, nous en rajoutons doucement peut-être, mais sans en retirer : dans une approche saine. Aujourd’hui, nous ne voyons pas l’intérêt de proposer des transactions via des actifs numériques comme les cryptos, il y a déjà des acteurs sur la place pour un marché, finalement, encore assez étroit.
En revanche, via l’ouverture de la banque au Luxembourg, d’ici un an ou deux, j’aimerais pouvoir coupler mon offre aux TPE-PME avec des facilités de crédits. Nous pourrions même imaginer des petits financements de société ou des avances sociétés à court terme pour étoffer l’offre de nos clients. Mais il est encore trop tôt pour évoquer cela.

10 ans pour un fonds private equity c’est assez rare, il y a des changements à prévoir sur le sujet ?

C’est un sujet, parmi d’autres.

Propos recueillis par Anne-Laure Allain

Cyril Léger a 20 ans d'expérience sur le marché français, travaillant dans les domaines de la trésorerie et des devises pour des fintechs et des banques. Après avoir co-fondé et dirigé plusieurs des challengers majeurs dans le secteur du paiement, il lance en septembre 2022 la branche française de Moneycorp, fournisseur mondial de services de paiement et de change. Afin de poursuivre l'expansion de l’opérateur en Europe, il dirige la nouvelle équipe et le siège parisien, sixième bureau dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, qui comprend aussi le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne, la Roumanie et Dubaï.
Moneycorp

Lire l'article annonçant l'arrivée de Moneycorp en France

Jeudi 23 Mars 2023




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