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East Capital : perspectives pour 2010

L’Europe de l’Est entre dans une période de croissance plus stable.


- La reprise économique s’accélèrera en Europe de l’Est au 1er semestre 2010 et les plus grandes économies devraient amorcer une normalisation au second semestre 2010.
- Nous misons sur la Russie en 2010 : elle pourrait nous surprendre à la hausse tant en matière de croissance économique que de bénéfices des sociétés. La Turquie et la Pologne tireront également profit d’une reprise vigoureuse probablement davantage en phase avec les prévisions actuelles.
- L’intérêt devrait progressivement se porter sur les plus petits marchés à la faveur de la reprise et d’un retour de la liquidité au second semestre 2010.
- Les principaux risques sont d’ordre externe et liés au prix des matières premières, ainsi qu’à l’inflation et à la vulnérabilité du système financier mondial.
- La situation politique devrait demeurer calme en général mais de nouvelles turbulences en Ukraine et en Turquie ne peuvent être exclues.

Avant-propos
En 2009, la plupart des pays d’Europe de l’Est ont enregistré des contractions économiques presque sans précédent et, parallèlement, des redressements très marqués des marchés actions. Il est peut-être excessif d’affirmer que cette région se normalise à l’issue de l’une des années les plus exceptionnelles depuis le début du processus de transition, mais on y observe des signes importants de reprise et même de transition vers une phase de développement plus normalisée. La principale caractéristique d’un redressement en Europe de l’Est est une croissance conforme au potentiel, et non plus supérieure.
Cette croissance ne repose pas sur un effet de base favorable ou des crédits à faible taux, mais sur une inflation réduite, sur des taux d’intérêts réels faiblement positifs et une combinaison de demande intérieure et d’exportations à la hausse. La plupart des pays de la région sont toujours en phase de reprise et y resteront au premier semestre 2010 avant d’atteindre cette nouvelle normalité au second semestre. Il existe toutefois une grande disparité au sein de la région et la phase de reprise sera plus longue pour certaines des économies les plus touchées, notamment les Pays baltes où elle pourrait se poursuivre bien après la fin 2010.

Facteurs externes
Le principal risque de ce scénario de base réside dans un arrêt de la reprise économique mondiale, qui a surpris à la hausse au cours du second semestre 2009, étant donné que l’Europe de l’Est n’est pas découplée du reste du monde. Plus particulièrement, il existe un certain nombre d’incertitudes au niveau du système financier mondial pouvant retarder le redressement, voire le stopper, même si le système mondial s’est avéré capable d’absorber relativement bien des chocs comme ceux connus à Dubaï et en Grèce.

D’autres facteurs externes, comportant un haut degré d’incertitude, susceptibles d’affecter l’Europe de l’Est sont liés au prix des matières premières et à l’inflation. La Chine a servi de moteur de croissance l’année dernière et le risque qu’elle s’essouffle n’est pas exclu, ce qui porterait atteinte à la croissance mondiale et induirait une pression à la baisse sur le prix des matières premières.

Le scénario de base concernant le prix des matières premières et celui du pétrole en particulier s’inscrit dans une perspective de stabilité et de robustesse pour les 12 mois à venir. Si le prix du brut se situe entre 60 et 80 USD, les autres facteurs revêtiront davantage d’importance, mais toute sortie de cet intervalle se traduira par une prédominance du prix des matières premières. En ce qui concerne l’inflation, les économistes forment deux camps, l’un craignant l’inflation, l’autre la déflation. Les inflationnistes s’inquiètent d’un maintien trop prolongé des plans de relance et du crédit bon marché qui créerait de nouvelles bulles lors de la reprise tandis que les importantes capacités de production toujours inutilisées et susceptibles de ralentir le redressement sont à la source du souci des déflationnistes. Notre scénario de base prévoit que l’inflation s’accélérera notablement au cours du second semestre 2010, mais pas davantage ni plus rapidement que le marché ne l’anticipe actuellement. Une maigre probabilité que les pressions inflationnistes et déflationnistes s’annulent demeure, créant par conséquent un environnement très favorable constitué d’une inflation faible et de taux d’intérêt peu élevés lors de la prise de vitesse du redressement économique.

Redressement économique en Europe de l’Est
La croissance en Europe de l’Est se situera en-deçà du potentiel et sera plus modérée que dans d’autres régions émergentes. Elle devrait néanmoins surprendre à la hausse compte tenu des attentes modestes. Les disparités au sein de la région seront toutefois considérables. Les deux plus grandes économies d’Europe de l’Est, à savoir la Russie et la Turquie, sont parvenues à renflouer par elles-mêmes leur économie respective et ne seront soumises à l’avenir à aucune limite majeure en ce qui concerne la demande intérieure. La Russie constitue peut-être l’exemple le plus frappant, puisqu’elle pourrait recourir à ses amples réserves pour mettre sur pieds l’un des plus importants plans de relance au monde en termes relatifs. Nous estimons que la croissance en Russie sera plus élevée que prévu et que les prévisions de croissance seront revues à la hausse, passant des actuels 1,5 - 2,5 % à environ 5 % en raison de la reconstitution des stocks, de l’effet de base favorable, de l’important plan de relance ainsi que de l’aide apportée par un prix du brut élevé et stable. La Turquie est pour le moment parvenue à faire face seule à la récession, malgré les nombreuses rumeurs et négociations avec le FMI. La croissance en 2010 est estimée à 2,5 - 3,5 %, ce qui semble faisable mais avec un léger risque de surestimation.

La Turquie et la Russie ont été affectées, par le passé, par une inflation élevée et des taux d’intérêt anormaux. Dans le cas de la Turquie, les taux étaient parmi les plus élevés au monde, tandis que ceux de la Russie étaient élevés mais négatifs en termes réels. L’inflation a récemment connu une baisse sensible dans ces deux pays et les taux d’intérêt ont suivi. L’inflation est toujours en baisse et les taux devraient connaître encore quelques baisses en Russie avant l’inversion de tendance au premier semestre 2010. Il n’est donc pas improbable que le taux d’inflation des deux pays soit de l’ordre de 5 % vers la fin de l’année prochaine, avec un taux de base d’environ 7 %, ce qui les placerait parmi les marchés émergents plus normaux.

Un grand nombre des économies plus petites de la région ont été renflouées par le FMI. Elles seront incapables de stimuler la demande intérieure de la même manière que leurs voisins en raison des conditions liées aux programmes du FMI imposant un assainissement budgétaire. Certaines des économies les plus touchées, comme les Pays baltes et l’Ukraine, n’ont touché le fond que récemment et le redressement y est à la fois plus fragile et plus lent que dans le reste de la région. Des pays comme l’Estonie et l’Ukraine pourraient cependant enregistrer une croissance modeste en 2010.

Certaines économies d’Europe centrale, telles que la Pologne et la République tchèque, ont tiré profit du redressement plus rapide que prévu de l’Allemagne et de l’Europe de l’Ouest en général, couplé à l’absence de déséquilibres importants au début de la crise. La Pologne a été le seul pays de l’UE à ne pas entrer dans une récession formelle et ressort comme un modèle pour l’avenir. La Hongrie et la Slovaquie ont été touchées plus durement par la crise mais ces quatre économies d’Europe centrale devraient pouvoir enregistrer une modeste croissance en 2010, à l’exception peut-être de la Hongrie. Toute surprise de taille de leur part demeure néanmoins improbable.

Les économies d’Europe du Sud-est, d’Asie centrale et du Caucase ont reçu peu d’attention en 2009 et elles n’occuperont sans doute pas les devants de la scène au 1er semestre 2010. Même si nombre de ces économies ont été renflouées par le FMI, la situation est toutefois meilleure que l’on ne le pense d’habitude et l’ensemble de la région devrait connaître une modeste croissance en 2010. Certaines des économies les plus dépendantes en trésorerie (comme l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan) devraient pouvoir rebondir plus rapidement étant donné les prévisions de prix stables et élevés des matières premières, tandis qu’un certain nombre des économies les plus pauvres dépendantes de transferts d’argent par les nationaux vivant à l’étranger (plus particulièrement la Moldavie, l’Arménie, le Kirghizistan et le Tadjikistan) devraient connaître une reprise plus lente.

Étonnamment peu de tensions politiques
Les 18 derniers mois ont dû être particulièrement éprouvants pour les dirigeants d’Europe de l’Est. Ils ont subi un effondrement de la croissance et une montée du chômage alors que leurs monnaies ont subi une forte pression qui aurait pu générer une insatisfaction généralisée de la population. La population a cependant émis peu de protestations dans la région et la plupart des gouvernements sont restés en place. La BERD avance que le système politique a connu, dans son ensemble, peu de changements en Europe de l’Est durant la crise, contrairement aux précédentes crises. Peu de nouvelles réformes ont été mises en place récemment, mais les dirigeants politiques ont parallèlement résisté à la tentation de faire machine arrière concernant les réformes mises en oeuvre. Globalement, l’instabilité politique s’est avérée étonnamment faible dans la région au cours des 18 derniers mois, ce qui laisse à supposer que le système politique est plus résistant aux chocs que prévu.

Cette situation n’immunise bien entendu pas le paysage politique de toute turbulence. Les élections présidentielles en Roumanie en décembre et en Ukraine en janvier ont mené à un gel temporaire des programmes de financement du FMI et de l’UE. Ce blocage est problématique sans pour autant être critique si les nouveaux présidents parviennent à consolider le pouvoir au parlement et à relancer la coopération avec les institutions internationales de financement, et d’un point de vue plus général, diriger leur économie sur la voie de la reprise. L’Ukraine compte sans conteste les défis les plus importants, mais la situation pourrait s’améliorer alors que le nombre de politiciens de premier ordre pourrait passer de trois à deux, réduisant par là même la probabilité de querelles politiques internes. Un certain nombre de plus petits pays sont dirigés par des gouvernements de grande coalition fragiles, susceptibles d’être mis sous pression lorsque le resserrement budgétaire commencera à faire sentir ses effets.

Il est intéressant de constater que les plus grandes économies sont les plus stables d’un point de vue politique. La Russie, la Turquie et la Pologne disposent de gouvernements populaires et fermement assis qui n’affronteront pas de réélection en 2010. L’équilibre pourrait bien entendu être rompu par une série de chocs externes et domestiques potentiels, par exemple si la contestation judiciaire contre le parti au pouvoir tourne au vinaigre en Turquie. Ce scénario est néanmoins fort improbable et l’on s’accorde plutôt sur un maintien au pouvoir des dirigeants tout au long de 2010.

Marchés sur la voie de la reprise
Les valorisations en Europe de l’Est demeurent moins élevées que celles des marchés développés et des principaux marchés émergents mondiaux, en dépit de solides performances en 2009. Nous anticipons une révision à la hausse des bénéfices suite à des réductions de coûts considérables et aux nouvelles prévisions de croissances sousjacentes. Il est prévu que les investisseurs demeurent concentrés sur les marchés les plus importants et les plus liquides, à savoir la Russie, la Turquie et la Pologne, mais ils pourraient aussi s’intéresser aux petits marchés au second semestre 2010.

De manière générale, on s’attend à une bonne performance des marchés de la région en 2010 alors que la croissance et la convergence sont à nouveau d’actualité. Ils demeurent cependant vulnérables à tout choc externe majeur au sein du système financier mondial. Au vu des prévisions de prix stables des matières premières, la Russie devrait réaliser un beau score tant en termes de reprise économique que de reprise des bénéfices. La Russie pourrait également surprendre avec une inflation en rapide baisse, ne dépassant potentiellement pas les 5 à 6 % en 2010, ainsi que par des réductions supplémentaires des taux d’intérêt. Dans un environnement de ce type, les industries et les actions orientées sur le marché intérieur devraient bien performer. La Russie devrait connaître la croissance la plus élevée du BNPA des BRIC en 2010, 31 % de l’avis général, avec certaines estimations proches de 80 %.

La Turquie est parvenue à surmonter la crise avec brio grâce à l’expérience acquise lors des précédentes crises ; à l’inverse de ce qui s’est produit dans nombre d’autres pays d’Europe de l’Est, les banques y étaient fortement capitalisées et n’accordaient pas des prêts importants en devises. Le marché, dominé par les financières, a amorcé son redressement au début 2009 dans le sillage de réductions rapides et drastiques, de plus de 1000 points de base, des taux d’intérêt. Même si les banques ont quelque peu brûlé les étapes au 1er semestre 2009, il existe toujours un potentiel de hausse pour le marché en 2010 après la correction de la fin 2009 et le fait que les entreprises du secteur industriel se sont très rapidement adaptées à cette nouvelle réalité.

Ce sont les marchés des Balkans qui ont le plus souffert pendant la crise en termes de performance en raison d’un exode des investisseurs étrangers et de l’endettement des investisseurs locaux. Sur le plan économique, les performances sont mitigées, sans pour autant être pires qu’en d’autres pays d’Europe de l’Est. Certains marchés sont toujours 80 % en-deçà de leur point haut. Nous pensons que la correction a été trop sévère, mais le retour des investisseurs vers ces marchés pourrait se faire quelque peu attendre.

Les marchés baltes sont légèrement différents puisque les économies sous-jacentes connaissent davantage de problèmes au moment où les investisseurs ont manifesté, tout au moins temporairement, un regain d’intérêt au second semestre 2009 après une OPA de TeliaSonera sur les dernières actions des opérateurs télécoms locaux. Un intérêt plus durable pour les Pays baltes devrait se faire jour lorsque les investisseurs seront convaincus que la reprise économique s’appuie sur des bases solides et que le problème de compétitivité aura été résolu de façon satisfaisante.

Conclusion
2010 sera une année de redressement en Europe de l’Est. Les plus grands marchés de la région devraient pouvoir surperformer dans le sillage d’une croissance économique plus robuste que prévu, d’une forte croissance des bénéfices, de valorisations attractives, d’une inflation plus faible et de taux d’intérêt moins élevés. L’intérêt pour les marchés plus petits et moins liquides de la région, où la reprise économique prendra davantage de temps, devrait progressivement faire sa réapparition au cours de la seconde moitié de l’année. Les principaux obstacles à la reprise sont avant tout d’ordre externe mais devraient être pris en considération étant donné qu’ils sont susceptibles d’affecter la région par le biais de liens financiers ou commerciaux. La reprise mondiale demeure fragile et les embuches nombreuses, ce qui limite la fiabilité de toute prévision. Cependant, si l’on fait abstraction des évolutions à court terme, les perspectives à moyen terme semblent bien plus attrayantes pour les régions émergentes telles que l’Europe de l’Est puisque les problèmes de refinancement y sont en bonne voie de résolution et qu’elles ne souffrent pas des évidents problèmes de dette structurelle rencontrés par les économies développées.

Par Marcus Svedberg, Chief Economist chez East Capital

Lundi 11 Janvier 2010




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